mai 2, 2024

Eucharist – I am the Void

Avis :

La stabilité d’un groupe de métal est relativement compliquée, puisqu’il s’agit d’une musique de niche, et que de nombreux groupes ne peuvent pas vivre de leur art. Forcément, cela crée des tensions entre les membres, et parfois, cela amène à des séparations précoces. Et d’un point de vue split, Eucharist, groupe de Black suédois, se pose comme un maître en la matière. Fondé en 1989, le groupe se sépare une premier fois en 1991, après seulement une démo, pour se reformer la même année. Une reformation qui ne durera que deux ans, le temps d’un premier album, A Velvet Creation. Le groupe se remet ensemble en 1993, pour seulement une année, avant de se séparer une nouvelle fois, pour se refaire un câlin en 1996. Un deuxième album sort, Mirrorworlds, mais rebelote, ça capote entre les membres, et cette fois-ci, il faudra attendre 2015 pour avoir un Eucharist solide.

Visiblement, depuis tous ces mouvements, le groupe semble avoir trouvé un semblant de stabilité. Mais c’est seulement en 2022 que les suédois sortent un troisième album, I am the Void, qui nous préoccupe aujourd’hui. Et on peut se poser des questions quant à ces nombreux divorces, car à l’écoute de cet effort, on ne peut que saluer la proposition artistique du groupe, qui déballe un Black maîtrisé, lorgnant parfois vers quelque chose de plus mélodique, et donc de plus accessible. Après tout, toutes ces histoires de séparation, reformation, etc…, ne sont-elles pas juste de la comm ? Quoi qu’il en soit, ce troisième album studio est une belle réussite, à la fois dense et accessible, qui démontre une belle technique, et une volonté d’aller vers une musique sombre, percutante, mais relativement profonde. La preuve en est avec le premier morceau, Shadows.

Après une introduction délétère, le groupe balance un gros Black bien sale, qui tranche avec ce début à base de clochettes. Ça blaste dans tous les coins, le chant plutôt aigu rentre parfaitement dans la veine Black, et pourtant, les grattes libèrent un riff assez mélodieux, qui contrebalance bien toute cette violence. On sera plus circonspect autour de A Vast Land of Eternal Night qui, durant plus de quatre minutes, tabasse à tout va, sans vraiment chercher la mélancolie. C’est frontal et ça manque de finesse, même pour du Black. Heureusement, ce ne sera le temps que d’un titre, puisque Goddess of Filth (Tlazolteotl) va envoyer du lourd au niveau des riffs, jusqu’à se rapprocher d’un Thrash à tendance sataniste. Le morceau donne envie de se décrocher la nuque, et c’est une très belle réussite. Ce mélange Black/Thrash est vraiment très entrainant, et fait penser, bien évidemment, à Midnight.

In the Blaze of the Blood Red Moon sera un très long morceau, plus de sept minutes, qui viendra nous percuter rapidement avec sa batterie qui blaste dans tous les sens, mais on sera plus enclin à écouter les lamentations de la guitare, qui distille une belle ambiance mortifère. Si le titre se révèle un peu trop long, il n’en demeure pas moins un bon moment, montrant l’envie du groupe de sortir de certains carcans, et de fournir des titres plus longs, plus touffus. Mistress of Nightmares va renouer avec Goddess of Filth, dans le sens où l’on retrouve cet aspect Black/Thrash qui fonctionne aussi bien. Le côté délétère et aérien est mis de côté pour faire du frontal et du gros parpaing dans la tronche. Le pire, c’est qu’on en redemande… Queen of Hades va un peu plus jouer sur les tessitures, et sur les ruptures de rythmes.

On reste dans quelque chose de puissant, mais un peu plus mélodique et mélancolique. Mais c’est sur Nexion que le groupe montre réellement une nouvelle facette. Ici, le chant est presque mis de côté, et on se retrouve avec un titre relativement planant, mais qui n’oublie pas la noirceur de son propos, ou tout du moins, l’image du groupe. Where the Sinister Dwell revient à des bases plus lourdes, et plus frontales, avec un gros riff qui va prendre son temps pour tomber dans un Black pur jus. Là encore, Eucharist fait preuve de justesse, ne tombant jamais dans la facilité, ou dans un Black extrême qui en oublierait la mélodie. Et si on peut regretter quelques titres trop longs, il y a toujours à prendre à l’intérieur, à l’image du très intéressant In the Heart of Infinity qui reste un long moment en tête.

Au final, I am the Void, le dernier album en date de Eucharist, est une franche réussite, se posant comme une très belle surprise Black mélodique. Les suédois déballent l’artillerie lourde, certes, mais ils arrivent à enrober cela avec de bonnes introductions, et quelques passages éthérés qui sont relativement intéressant. Et si on peut lui imputer de trop vouloir en faire, avec notamment un effort trop long (plus d’une heure et quart), le plaisir d’écoute est bien là, et la lassitude ne pointe jamais le bout de son nez.

  • Shadows
  • A Vast Land of Eternal Night
  • Goddess of Filth (Tlazolteotl)
  • In the Blaze of the Blood Red Moon
  • Mistress of Nightmares
  • Queen of Hades
  • Nexion
  • Where the Sinister Dwell
  • In the Heart of Infinity
  • Lilith
  • Darkness Divine
  • I am the Void

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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