mai 3, 2024

Summer of ’84 – Mon Voisin, le Tueur

De : François Simard, Anouk Whissell et Yoann-Karl Whissell

Avec Graham Vercher, Judah Lewis, Caleb Emery, Coru Gruter-Andrew

Année : 2018

Pays : Etats-Unis, Canada

Genre : Thriller

Résumé :

Pendant l’été 1984, dans la petite ville côtière de Cape May, dans l’Oregon, Davey Armstrong, un garçon de 15 ans, soupçonne un voisin policier d’être responsable des disparitions de treize adolescents survenues ces dernières années. Avec ses meilleurs amis, il décide d’enquêter sur l’affaire…

Avis :

Cela fait un petit moment que l’on assiste à un revival des années 80, comme un fantasme parti trop tôt, où tout un chacun ne veut bien y voir que le meilleur. Que ce soit en série, à travers des films ou encore dans la bande-dessinée, les années 80 sont partout, et il y a à boire et à manger. Cependant, s’il faut noter une chose, c’est que c’est surtout l’aspect fantastique et horrifique qui fait appel à cette nostalgie, tentant vainement de renouer avec un élan d’idées novatrices de l’époque, masquant à peine le manque de nouveautés de notre époque. En abordant Summer of ’84, on se doute bien de ce que l’on va regarder, puisque tout est dans le titre, mais les scénaristes/réalisateurs de Turbo Kids ont plus d’un tour dans leur sac, et on était en droit d’attendre, sinon un bon film, un divertissement honnête et référencé.

Ici, on nous promet de plonger dans un thriller à tendance horrifique, où un jeune garçon suspecte son voisin d’être un tueur en série. L’histoire se déroule en plein été 1984 (sans déconner) et Davey livre les journaux pour se faire quatre sous pendant les vacances. Vacances durant lesquelles de jeunes adolescents sont portés disparus à tour de rôle. Avec ses trois amis, Davey joue à un cache-cache moderne dans le quartier, et il aperçoit un jeune homme dans la maison de son voisin, un flic qui semble bien sous tout rapport. Sauf que lorsque ledit garçon disparait, Davey accuse immédiatement son voisin, jusqu’au point de devenir une obsession et de fouiller sa maison afin d’établir sa culpabilité. Jouant constamment sur la carte de la présomption d’innocence, Summer of ’84 essaye de maintenir un suspens sur toute sa durée, mais il n’évite pas certains points noirs.

« Dans son ensemble, le film demeure sympathique. »

En effet, si dans son ensemble le film demeure sympathique, il met du temps à se développer. Certes, on ne peut imputer cela à la volonté des trois réalisateurs de présenter en profondeur les quatre jeunes garçons, ainsi que le contexte social des années 80, mais plus d’une heure d’exposition, avec quelques explorations qui manquent de tension, ça fait long au bout d’un moment. Néanmoins, cela suffit à bien présenter Davey, jeune garçon bien sous tout rapport, mais qui est obsédé par son voisin, un flic amateur de jardinage. Il vit avec des parents aimants, et globalement, il s’agit d’un garçon sans histoire. Ce qui ne sera pas forcément le cas de ses amis, avec un ado rebelle qui est obligé de grandir vite à cause d’une famille dysfonctionnelle, un copain qui vit seul avec une mère dépressive et un dernier qui est peu en retrait par rapport aux autres.

Ce travail se fait aussi autour des personnages secondaires, comme cette jeune voisine qui attise tous les fantasmes, et joue de ses charmes pour rejoindre le groupe des garçons. Le film se met à hauteur de ses « héros », avec les angoisses de ces derniers, leur libido qui commence à poindre, et les potins du quartier qui prennent parfois une ampleur exagérée, à l’image d’un divorce qui devient presque une affaire d’état. Du coup, si le film se fait très long pendant une grosse heure, il parvient néanmoins à poser de façon concrète ses personnages, ainsi qu’un environnement social plaisant, qui évoque de bons souvenirs à tout le monde. On notera bien évidemment de grosses références culturelles, de la musique au synthétiseur en passant par des marques de jouets aujourd’hui révolue, à l’instar de ces talkie-walkie G.I. Joe, mais le film n’en fait pas des caisses avec ça.

« On va avoir droit à un final dantesque. »

Et puis le long-métrage gagne des galons dans sa dernière demi-heure, où il appuie sur l’accélérateur et plonge pleinement dans l’horreur. En même temps que les enfants, on va découvrir le pot aux roses, et la réalisation va devenir plus sombre, arpentant le chemin d’une horreur graphique qui fait froid dans le dos. Quelques effets gores viendront nous surprendre, mais surtout, les trois réalisateurs sauront jouer avec nos nerfs avec une mise en scène inspirée qui s’éloigne un peu des carcans des années 80. On se retrouve avec quelque chose de plus moderne, qui ne change pas du tout au tout, mais tente de faire des liens entre deux époques pas si éloignées que ça. Et alors que l’on pensait le film fini, on va avoir droit à un final dantesque, qui viendra nous cueillir une nouvelle fois, ne faisant aucune concession.

D’ailleurs, la séquence finale est vraiment très forte et montre à quel point il est important de soigner ses personnages, quitte parfois à aller trop loin dans la présentation du début. La fin est un écho au début, lorsque les gamins jouent à la chasse à l’homme (un cache-cache tout bête), sauf que cette fois-ci, leur vie est vraiment en danger, et le film ne va pas faire dans la dentelle. C’est violent, glauque, mais c’est aussi bien physique que psychologique. Le dernier dialogue entre Davey et le tueur est ultra percutant, laissant présager une potentielle suite, mais montrant à quel point le personnage est un monstre, blessant de façon définitive un pauvre gamin qui n’avait rien demandé, ou tout du moins, qui a fourré son nez là où il n’aurait pas dû. Une fin maline, qui rehausse largement la qualité du film.

Au final, Summer of ’84 est un thriller relativement efficace, devant lequel il va falloir prendre son mal à patience, mais qui vaut vraiment le coup pour son final redoutable. Plutôt bien filmé, n’usant jamais à outrance de ses références aux années 80, amusant dans la présentation de ses personnages, et offrant un point de vue au niveau des jeunes ados, le film se fait divertissant, mais aussi intéressant dans sa fin qui, à elle toute seule, vaut clairement le coup d’œil.

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.