avril 28, 2024

Mon Curé chez les Nudistes – Le Nanar à la Française

De : Robert Thomas

Avec Paul Préboist, Georges Descrières, Henri Genès, Philippe Nicaud

Année : 1982

Pays : France

Genre : Comédie

Résumé :

Un curé de campagne reçoit, de son évêque, la mission de convertir une colonie de nudistes.

Avis :

Quand on évoque le cinéma français, pour la plupart des français non cinéphiles, il s’agit d’un cinéma composé de deux faces, d’un côté les drames larmoyants à destination des bobos, et de l’autre, les comédies ringardes portées par Dany Boon et compagnie, à destination du bas peuple. Bien évidemment, penser cela est très réducteur et fait étalage d’un manque de connaissances flagrant, tant le cinéma français est riche et demeure l’un des meilleurs au monde. Et des plus éclectiques aussi. Mais force est de constater que si la majeure partie des gens pensent cela, c’est que les films dont on parle le plus sont les comédies qui capitalisent sur leur casting et sur une compagne de comm hyper agressive. Et au bout du compte, on va vite se faire avoir avec un humour ringard et dépassé depuis longtemps. Sauf que cette histoire de comédie grivoise ne date pas d’hier.

En effet, si l’on regarde un peu dans le rétroviseur, on va découvrir des comédies françaises potaches depuis les années 70, et qui trouvent presque leur point d’orgue dans les années 80. Des années que l’on assimile pour beaucoup à un élan de nostalgie, comme si tout était mieux avant. Mais en jetant un œil à Mon Curé chez les Nudistes, on ne peut pas dire que la comédie française trouvait là son chef-d’œuvre, sinon celui d’un nanar à la ramasse, où un Paul Préboist naïf pense faire rire les gens en mimant des animaux. Considéré aujourd’hui comme l’un des sommets du nanar franchouillard, le film de Robert Thomas apparait comme un long-métrage ridicule, long (alors qu’il ne dure qu’une heure vingt) et qui n’a ni queue ni tête, à part, si on gratouille un peu, celui de tacler un peu l’église, mais pas trop.   

« Le film lorgne clairement vers le voyeurisme. »

Ne cherchons pas vraiment à comprendre le scénario, qui pousse tous les potards du ridicule au maximum. Lors d’une inspection de routine, un prêtre découvre le succès fou d’un curé de campagne, qui fait rire ses ouailles dans un petit village de l’Ardèche. En apprenant cela, l’évêque de la circonscription demande à ce que ce curé instaure une vie religieuse à un camp nudiste qui fait tache dans le paysage. En arrivant sur place, après moult péripéties inutiles, le curé va se rendre compte de la nudité des habitants, et va avoir un mal fou à instaurer le moindre Ave Maria dans cette colonie, qui ne veut ni télé, ni téléphone, ni politique, ni religion. Va s’ensuivre alors une succession de gags sans cohérence, où fesses et seins seront de sortie. Car oui, le film lorgne clairement vers le voyeurisme, ce qui a dû plaire à l’époque.

Ne nous trompons pas, quand on dit que cela a dû plaire à l’époque, c’est parce que le film va engendrer plus d’un million d’entrées, permettant alors d’enchainer avec une suite. Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à nos naturistes, qui vont mener la vie dure à ce prêtre qui va cacher son identité, résoudre des problèmes au sein de ce village de vacances, et découvrir que la vie peut déceler de bien des surprises. Cependant, l’humour bas du front est clairement de mauvais goût, avec des allusions racistes (le seul noir du film se prénomme Banania), des évocations sexuelles sans consentement (une femme veut à tout prix se faire le curé, quitte à tenter de le violer) ou encore des blagues vaseuses qui tombent bien souvent à plat. Sans compter la consommation de drogue qui ressemble à un jeu, puisqu’on la fout dans des cocktails pour mieux dormir.

« Rien, absolument rien, ne vient sauver le film d’un naufrage certain. »

Bref, tout cela n’aide pas forcément à rire, mais parfois, les sourires peuvent monter sur nos visages, notamment grâce à la prestation sans faille d’un Paul Préboist qui se demande constamment ce qu’il est venu faire dans cette galère. Ce vieux grigou en profite pour mater jusqu’à s’en faire péter la rétine, déshabillant même la donzelle pour mieux voir une paire de loches généreuses. L’acteur est très mauvais, pour autant, son côté naïf et candide lui attire toute notre sympathie, tout comme pour l’archevêque joué par Georges Descrières. Ce dernier est odieux, récite son texte avec une certaine bonhommie, et fait presque figure de talent face aux acteurs secondaires qui sont d’une nullité abyssale. Même Jean-Marc Thibault force son accent pour faire croire à des origines paysannes, et ce n’est guère convaincant. Bref, c’est lamentablement joué, mais allez savoir pourquoi, on ne parvient pas à détester tout ce petit monde.

Il ne faut pas non plus se pencher sur la mise en scène, qui est d’une banalité affligeante, n’offrant aucun beau plan. C’est racoleur à souhait, et le seul plan un peu risqué arrive à la fin, avec l’archevêque qui déboule dans le camp naturiste en zodiac. Rien, absolument rien, ne vient sauver le film d’un naufrage certain, et si on veut lui trouver un petit truc en plus, on pourra, éventuellement, y voir un gentil tacle sur l’église, qui voit son intérêt partout, à partir du moment où il y a de l’argent. En effet, contre quelques pièces, ou astuces pour faire des économies, l’église peut fermer les yeux sur quelques dérives, vivant alors dans le luxe, tandis que des paysans galèrent avec des moutons qui ont la pelade. Bon, après, il faut gratter très loin et faire preuve de bonne volonté pour trouver cela.

Au final, Mon Curé chez les Nudistes est bel et bien le nanar que l’on nous vend depuis des années. Sauf que tout nanar qu’il soit, on ne rigole que très peu devant les gesticulations de ce curé au milieu de paires de fesses et de seins. La faute à un scénario indigent, un humour rétrograde dégradant et des acteurs qui sont en roue libre. Si on peut sauver la micro critique sur la religion et l’église, il n’en demeure pas moins que le film de Robert Thomas est d’une ringardise crasse et que le découvrir aujourd’hui est une expérience douloureuse…

Note : 03/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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