avril 28, 2024

Mastodon – Hushed and Grim

Avis :

Rares sont les groupes qui arrivent à garder un unique line-up pendant plus de vingt ans, et c’est pourtant le cas des américains de chez Mastodon. Fondé en 2000, la formation est constituée de Troy Sanders à la basse et au chant, de Brent Hinds à la guitare, de Bill Kelliher à la guitare rythmique et de Brann Dailor à la batterie. Inséparables depuis leur début, le quatuor a fait de Mastodon un groupe culte pour qui aime le Sludge teinté de Rock à la fois progressif et psychédélique. Offrant à chaque fois des albums concepts qui sont de vrais travaux d’orfèvre, les américains se laissent rarement influencer par qui que ce soit, et chaque effort est un petit évènement. Hushed and Grim est le huitième album studio du groupe, et il se compose de deux galettes de plus de quarante-trois minutes chacune.

Album le plus long à ce jour pour Mastodon, il est aussi marqué par le décès d’un proche du groupe, auquel cet effort fait référence. Une double casquette donc, qui va à la fois relever le défi technique de surprendre à chaque nouveau titre, mais en plus de nous toucher au plus profond, en faisant écho à un deuil qui semble difficile. Oui, malgré sa longueur insolente et des morceaux qui avoisinent constamment les six minutes, Hushed and Grim est une réussite de tous les moments, prouvant que Mastodon est un monstre de technique, tout en ne laissant jamais l’auditeur sur le bas-côté pour des délires personnels. En gros, ça ne s’écoute jamais, ça cherche constamment la qualité, mais jamais au détriment du plaisir et de la mélodie. La preuve en est, à la sortie du skeud, il a été élu dans plusieurs tops comme le meilleur album de l’année.

Et dès le démarrage, Mastodon met la barre très haute avec Pain With an Anchor. Le titre est long, certes, mais il arrive à allier deux sentiments presque opposés, une sorte de mélancolie douce avec une violence qui se retrouve dans des riffs brutaux et qui donnent envie de se démonter la nuque. D’entrée, le groupe lance ses billes, et donne une furieuse envie de continuer à explorer cette galette. On sera servi avec The Crux, un morceau plus court, plus concis, mais qui gagne en intensité et en coups de latte dans la tronche. On ressent ici tous les éléments Sludge de la formation, avec même quelques touches un peu Death, notamment avec un chant plus crié en fond. Bref, on est sur du grand art totalement maîtrisé. Et ce n’est pas Sickle and Peace qui nous fera mentir, avec son aspect Prog psychédélique qui nous prend dès l’introduction.

Petit à petit, par touche de titres de plus en plus imposants, Mastodon tisse les fils d’un double album complet et envoûtant. More Than I Could Chew tabasse à tous les étages et ne peut laisser indifférent, que ce soit dans la percussion de ses riffs massifs, ou encore avec cette mélodie en seconde nappe qui vient adoucir l’ensemble. Un petit chef-d’œuvre à lui tout seul. Même The Beast, qui lorgne plus vers le Rock Prog, a un impact sur notre ressenti et nos émotions, en plus de démontrer que le groupe est plus ouvert qu’il n’y paraît et arrive à allier plusieurs genres dans un conglomérat cohérent et compact. Skeleton of Splendor marquera par son aspect délétère et son refrain entêtant, alors que Teardrinker sera la symbiose parfaite de tout ce que fait Mastodon depuis plus de vingt ans maintenant.

Histoire de finir ce premier segment sur les chapeaux de roues, le groupe nous provoque avec Pushing the Tides, qui vient taper fort, et s’éloigne de certains carcans de cet album, avec un peu plus de trois minutes d’écoute, pour fournir un morceau explosif et d’une efficacité effroyable. En abordant le deuxième effort de cet album concept, on va noter une petite différence, avec des morceaux plus apaisés et des riffs parfois moins violents. Si Peace and Tranquility s’amuse avec un Hard Rock Prog dans son introduction, il reste un titre plus doux qu’auparavant, qui joue beaucoup sur la technique pour notre plus grand plaisir. Mais une technique qui n’est jamais au détriment de la mélodie, qui reste un long moment en tête. Puis Dagger va jouer la carte du titre aérien et un peu étrange, utilisant des instruments orientaux pour parfaire une ambiance onirique.

Had It All marque clairement un changement dans l’album. Ici, on pourrait presque dire que l’on fait face à une ballade, ce qui est assez bizarre de la part des américains. Mais encore une fois, Mastodon maîtrise parfaitement son art, et il fournit un titre touchant, plein de nuances et de moments éthérés. Savage Lands sera là pour nous rappeler tout de même que l’on fait face à un groupe de Métal, et on va se prendre une grosse mandale dans la tête avec ce hit en puissance. Hit qui sera suivi d’une pièce maîtresse, Gobblers of Dregs qui, du haut de ses huit minutes, nous embarque dans un voyage entre cauchemar et onirisme. Il est presque dommage que Eyes of Serpents marque moins que le reste, même s’il détient un excellent refrain. Puis Gigantium vient conclure l’album de la plus belle des façons, avec une mélodie marquante et douce.

Au final, Hushed and Grim, le huitième album de Mastodon, mérite bien tous les éloges dont il a bénéficié. Gros morceau qui aurait pu être indigeste, les américains propose un double album d’une puissance rarement atteinte, où chaque élément est à sa place, et où chaque musicien démontre son talent, sans jamais se la raconter tout seul. Bref, un album marquant, poignant, qui a tous les éléments pour être un chef-d’œuvre intemporel.

  • Pain With an Anchor
  • The Crux
  • Sickle and Peace
  • More Than I Could Chew
  • The Beast
  • Skeleton of Splendor
  • Teardrinker
  • Pushing the Tides
  • Peace and Tranquility
  • Dagger
  • Had It All
  • Savage Lands
  • Gobblers of Dregs
  • Eyes of Serpents
  • Gigantium

Note : 19/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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