avril 28, 2024

Sherlock Holmes et les Trois Terreurs d’Hiver

Auteur : James Lovegrove

Editeur : Bragelonne

Genre : Policier, Fantastique

Résumé :

1889. La Première Terreur.
L’élève d’une école privée au cœur des marais du Kent, bien connue du Dr Watson, est retrouvé noyé dans une mare. Serait-ce le résultat d’une malédiction lancée par une sorcière deux cents ans plus tôt ?
1890. La Deuxième Terreur.
Un homme fortuné succombe à une crise cardiaque dans sa maison de Londres. Se peut-il vraiment que des fantômes l’aient fait mourir de peur ?
1894. La Troisième Terreur.
Un cadavre est découvert dans un manoir de campagne du Surrey, atrocement mutilé. Le coupable est-il un cannibale, comme les indices le laissent penser ?
Ces trois crimes liés vont mettre à rude épreuve non seulement les facultés de déduction de Sherlock Holmes, mais aussi son scepticisme à l’égard du surnaturel…

Avis :

On ne peut contester à James Lovegrove son indéfectible passion pour l’œuvre d’Arthur Conan Doyle. Avec plus d’une dizaine de romans, dont la majorité attend toujours une traduction française, son incursion dans l’univers de Sherlock Holmes se distingue par une propension à entremêler le polar historique au fantastique. Le mélange peut être avéré, comme avec Les Dossiers Cthulhu. À l’image de Sherlock Holmes et le démon de Noël, il peut aussi servir de prétexte pour instiller un climat inquiétant sur lequel plane l’aura du surnaturel. C’est précisément dans ce dernier registre que le présent ouvrage tente de s’immiscer, non pas avec une enquête, mais trois affaires…

De prime abord, Sherlock Holmes et les trois terreurs d’hiver s’apparente à un recueil de nouvelles. Avant d’aborder l’intrigue elle-même, cette structure narrative s’avance comme une référence appuyée au modèle littéraire originel. Pour rappel, le canon holmésien se compose en grande majorité de nouvelles, dont la longueur varie selon la teneur desdites investigations. Ici, on assiste donc à trois affaires dissemblables sur des intervalles de temps tout aussi distincts. Cependant, l’ouvrage ne se cache pas d’une possible, sinon évidente, corrélation entre elles. Dès lors, l’auteur suggère à son lectorat une intrigue plus complexe qu’il n’y paraît.

Pour autant, les récits peuvent être pris indépendamment les uns des autres, à tout le moins dans une certaine mesure. À l’image d’un serial ou d’un roman-feuilleton, on se retrouve avec une construction similaire. On assiste à l’exposition des faits, la découverte des lieux du crime et les investigations qui en découlent pour confondre le coupable. L’ensemble n’est en rien déplaisant, mais emprunte des sentiers balisés, pour ne pas dire conventionnels. Il s’engage alors une forme de redondance rythmique où les enjeux suivent un schéma par trop semblable. L’une des premières maladresses est de ne présenter aucune ligne directrice, et ce, malgré les intentions initiales.

Le fait de remarquer un lien entre chaque affaire tient à la quatrième de couverture et à la vigilance du lecteur. Dès lors, il s’avère relativement aisé de déceler ce qui unit ces crimes. Sans dévoiler le cœur du problème, il suffit de rapprocher les différents intervenants et, à l’instar du détective privé, de déduire la finalité sur ce qu’avancent les évènements. Cela n’est pas forcément évident pour la première histoire, mais les deux suivantes offrent des clefs trop ostentatoires pour ne pas avoir une idée précise de l’identité du coupable. En lieu et place d’assister à des manipulations complexes et alambiquées dignes du professeur Moriarty, la teneur des faits s’avère beaucoup plus simpliste qu’escomptée.

Pourtant, l’ensemble n’est pas déplaisant, loin s’en faut. Au même titre que les précédents romans de l’auteur, on apprécie une atmosphère soignée qui retranscrit avec brio l’époque victorienne. On notera que James Lovegrove s’éloigne autant que possible de la capitale britannique pour explorer d’autres environnements. Cela vaut pour le pensionnat ou la campagne anglaise. Bien qu’attendu, le cheminement offre une progression constante où les interrogatoires et les séquences d’observation laissent place aux inévitables réflexions et déductions qui en découlent. Quant à la dimension paranormale, elle relève surtout de la mise en contexte. Les découvertes et révélations ultérieures éventent bien vite cet aspect du livre.

Au final, Sherlock Holmes et les trois terreurs d’hiver reste à l’image des précédentes intrigues de James Lovegrove. À savoir, un roman qui profite d’une belle atmosphère, mais dont les tenants et les aboutissants sont en deçà des promesses avancées en début d’ouvrage. Prises individuellement, les enquêtes s’avèrent plaisantes, même si elles sont dénuées de toute fulgurance. Quant à leur rapprochement, il se révèle assez décevant. La faute à des allusions ou des indices trop évidents qui convergent vers des considérations prévisibles, là où on aurait pu s’attendre à la présence d’un antagoniste digne de l’intellect de Sherlock Holmes. Distrayant et agréable à suivre, mais convenu dans sa progression et sa construction.

Note : 13/20

Par Dante

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