Avis :
Le rock est une affaire de feeling et d’attitude. Les plus grands groupes de rock ont toujours su faire le show et avoir une histoire plus ou moins tumultueuse derrière eux. Cependant, il existe une pléthore de groupes qui ont tenté l’expérience, qui se sont cassé les dents, et qui sont pourtant revenus d’entre les morts. Et Fargo en est un exemple parmi tant d’autres. Groupe de Soft rock allemand fondé en 1973 à Hanovre, le groupe va tenir neuf ans et trois albums avant de se séparer. Certains membres construiront le groupe Victory, mais en 2016, Peter Knorn ressuscite Fargo et sort un nouvel album en 2018, puis un dernier en 2021, Strangers d’Amour, qui nous préoccupe aujourd’hui. Et même si Fargo est une découverte pour nous, on aurait pu croire qu’avec la bouteille des trois membres, l’album aurait été plus agréable…
Pourtant, le début fait son petit effet. Rain of Champagne a des allures de petit Hard Rock typique des années 80, et globalement, on prend du plaisir. Le refrain fonctionne bien et d’un point de vue technique, ça tient la route, même si on sera loin de solos anthologiques. Bref, autant dire que le démarrage donne envie d’écouter la suite. Gimme That Bone et sa petite ligne de basse qui se coltine une nappe de clavier marche aussi bien, et on va se surprendre à hocher la tête en rythme. Cependant, un premier écueil va venir nous titiller, et cela va perdurer sur tout l’album, la voix du chanteur. Non pas qu’il chante faux, loin de là, mais il ne pousse jamais et reste sur un ton monocorde, n’arrivant pas à donner de l’élan aux instruments. Et cela, on va l’avoir sur absolument tous les morceaux de l’album.
Alors forcément, quand c’est sympathique, mais ne dépasse jamais le cadre du Hard mélodique, on va vite se rendre compte que l’album nous glisse dessus et ne marque pas. Closer to the Sun en est un exemple flagrant. Le chant est juste, mais comme il ne contient pas d’élans un peu plus rugueux, les grattes restent aussi sur un même rythme, et on va vite se faire chier. Certes, ce n’est pas mauvais, mais on n’est pas loin de prendre une tisane en écoutant ça. Time va alors tenter de nous sortir d’une certaine torpeur, non pas en axant son titre vers quelque chose de plus percutant, mais plutôt en cherchant une technique plus pointue et un morceau qui dépasse les six minutes. Et cela ne fonctionne qu’à moitié, car si on apprécie l’effort musical, vocalement, on s’emmerde et rien ne vient nous secouer.
Alors le groupe tente tout de même de petites variations dans ses références, et forcément musicalement, on trouve des choses sympathiques. Mary Says s’appuie sur une rythmique enjouée et bluesy pour nous faire bouger et taper du pied, mais encore une fois, le refrain manque d’allant. Puis Law of the Jungle tend à aller vers un Rock teinté de Punk, mais malheureusement, le refrain, bien trop soft, détruit toute cette énergie. Pire, on a l’impression d’écouter un vieux tube rock des années 60/70, mais sans y apporter la moindre nouveauté. Et avec Homesick, le groupe tombe dans la ballade facile et stéréotypée. Non pas que le titre soit mauvais, mais il est tellement calibré et respire tellement le passage obligé, qu’il ne touche pas, et s’avère même ringard par bien des égards. C’est dommage, il y avait tellement mieux à faire que ça…
Par la suite, il n’y a rien qui viendra relever le niveau. Dear Miss Donna Vetter est d’un ennui total, avec un manque flagrant d’énergie et d’envie de faire bouger les choses. On navigue clairement dans un Pop Rock vieillissant et sans grand intérêt. No Reason to Cry sera dans la même veine, n’arrivant pas à se sortir d’un mid-tempo pénible, où la lassitude va prendre de plus en plus de place. Alors oui, Car Expert tente un dernier coup de rein avec une belle ligne de basse et un solo de guitare qui fonctionne, mais ça reste sur une tonalité monocorde et c’est dommage. Enfin, Why Don’t You clôture l’album de façon lente et sans génie. On pourrait y trouver des accointances avec Eric Clapton, mais ce dernier est bien plus talentueux que les allemands.
Au final, Strangers d’Amour, le dernier album en date de Fargo, n’est pas forcément le renouveau du Rock, bien au contraire. Nous faisons face à un groupe vieillissant, qui se repose sur ses acquis et tente une sorte de revival qui fleure bon la naphtaline. Alors certes, ce n’est pas désagréable, et ça reste du Classic Rock pas désagréable, mais on a l’impression d’écouter un album qui a plusieurs décennies de retard…
- Rain of Champagne
- Gimme That Bone
- Closer to the Sun
- Time
- Mary Says
- Law of the Jungle
- Homesick
- Dear Miss Donna Vetter
- No Reason to Cry
- Car Expert
- Why Don’t You
Note : 10/20
Par AqME