avril 28, 2024

Run Rabbit Run

De : Daina Reid

Avec Sarah Snook, Lily La Torre, Greta Scacchi, Damon Herriman

Année : 2023

Pays : Australie

Genre : Thriller, Horreur

Résumé :

Une mère célibataire s’inquiète du comportement de sa fille qui affirme avoir des souvenirs d’une autre vie, réveillant un douloureux passé familial.

Avis :

L’Australie est une terre de talents, notamment lorsqu’il faut y faire des films âpres et durs. Si on pense immédiatement à Wake in Fright, Mad Max ou encore Razorback, il ne faut pas oublier quelques films un peu plus indépendants, à l’image de The Horseman, revenge movie qui fait froid dans le dos. Aussi, lorsqu’on aborde Run Rabbit Run, avec son aspect psychologique et ses teintes jaunâtres, on est en droit d’espérer un bon petit film de flippe qui ne laisserait pas le spectateur insensible. Porté par une Sarah Snook dépressive et mis en scène par Daina Reid qui a officié sur des séries telles que The Handmaid’s Tales, tous les feux étaient au vert. Malheureusement pour nous, la déception va être profonde, avec un film qui ne tient aucune de ses promesses et se complait dans un faux rythme qui finira par nous achever.

Très rapidement, le film pose les bases de son pitch en nous montrant une mère célibataire et sa fille qui semblent couler des jours heureux. Cependant, lors de l’anniversaire de la petite, on va découvrir que cette famille est totalement dysfonctionnelle, entre un père plutôt absent, se consacrant à sa nouvelle famille, et une mère qui fait tout pour cacher le reste de sa famille à sa fille, notamment sa mère, internée dans un hôpital psychiatrique. Seulement, la petite va commencer à se mettre un masque de lapin sur la tronche, puis à se prendre pour quelqu’un d’autre. Sauf que ce quelqu’un d’autre n’est pas n’importe qui, il s’agit de la sœur morte de la mère. Forcément, tous les souvenirs remontent à la surface, et cette mère dépressive va devoir faire face à des démons qui remontent à sa jeunesse.

« On a la sensation d’avoir déjà vu des centaines de fois un tel pitch. »

Bref, Run Rabbit Run est un thriller psychologique qui joue sur la fibre horreur en essayant de faire croire à de fantômes. Mais très vite, on va se rendre compte que le film ne marche pas du tout. Et la première faute provient du scénario, qui n’est pas du tout intéressant. En fait, on a la sensation d’avoir déjà vu des centaines de fois un tel pitch, avec un secret de famille qui refait surface, sauf que là, ça tergiverse beaucoup trop longtemps avant de nous balancer le pot aux roses qui peut, potentiellement, relancer l’intrigue. On aura droit à tous les atermoiements de la mère, à la rencontre avec la grand-mère complètement siphonnée, et à une petite fille qui devient de plus en plus pénible, à force de faire chier tout son monde. Daina Reid ne tient pas l’intrigue de son film à cause d’une écriture pataude.

En plus de ce scénario lourdingue dont on grille rapidement les tenants et les aboutissants, Run Rabbit Run peut se targuer d’avoir peu de personnages, mais ils sont tous insupportables et antipathiques. En tête de file, Lily La Torre qui joue la petite fille. L’actrice n’est pas mauvaise, d’autant plus que son rôle est complexe, mais elle ne cesse de geindre et son personnage devient vite lourd. On ne comprend pas vraiment cette histoire de possession, et les différents passages où elle alterne les humeurs sont franchement pénibles. Et elle n’est pas aidée par Sarah Snook, toute cerne dehors. Cette maman dépressive qui refuse d’affronter son passé pour aller de l’avant est insupportable, et on peut y voir une sorte de répétition dans ses accès de colère. Elle fait du mal à sa fille, puis s’excuse, pour ensuite pleurer, et refaire la même chose le lendemain.

« On a connu l’Australie bien plus jusqu’au-boutiste. »

Il faut coupler à cette redondance une absence concrète de thématiques intéressantes. Le film tente de raconter que les souvenirs traumatisants bien enfouis dans notre mémoire peuvent ressurgir et nous détruire, mais rien n’est vraiment fait pour nous marquer, nous percuter. D’ailleurs, les seuls moments un peu rugueux sont vite expédiés et déstructurés par la suite pour adoucir le propos. Car oui, s’il y a des sévices effectués involontairement sur la petite fille, ils restent très timides, et le film ne va pas jusqu’au bout de son concept. On a connu l’Australie bien plus jusqu’au-boutiste. Alors oui, il doit y avoir des symboliques, notamment avec la découverte de ce lapin blanc, qui cristallise l’arrivée des problèmes, mais ça reste trop cryptique et sans intérêt. Tout comme cette histoire de tempête qui, finalement, ne sert que de cadre le temps de l’introduction.

On aurait alors pu espérer se rattraper sur la réalisation, ou encore sur une montée en tension de la peur, mais rien de tout cela ne sauvera le film d’un naufrage progressif. Daina Reid n’est pas maladroite derrière la caméra, mais on voit qu’elle arrive de la télévision, et son film manque d’ampleur. De plus, elle reste trop dans l’intime, et les rares plans d’extérieur font un peu trop carte postale, avec cette maison isolée près d’une rivière. On relèvera aussi cette teinte jaunâtre qui semble caractérisée le pays, utilisée ici jusque dans la maison abandonnée. De puis d’un point de vue horreur, on n’aura rien à se mettre sous la dent. Même l’ambiance est morose, à l’image de cette mère qui sombre petit à petit. Mais à la place d’un mal-être, c’est l’ennui qui nous envahit et finit par avoir raison de notre patience.

Au final, Run Rabbit Run est un thriller horrifique très pénible qui ne réserve aucune surprise. Si on peut trouver quelques fulgurances lors de la mise en scène, on restera surtout dans l’attente que le film décolle un peu. Mais entre un scénario nébuleux qui traine en longueur, des personnages antipathiques et des actrices qui n’arrivent pas à se rendre un peu charismatique, on fait face à un film qui suscite l’ennui, plus que la peur, et on voit le générique de fin comme une bénédiction…

Note : 04/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.