par 
Auteur : David Pedreira
Editeur : Bragelonne
Genre : Thriller
Résumé :
La Lune sent la poudre. Depuis Apollo 11, chaque astronaute ayant foulé le sol lunaire a pu remarquer cette odeur de métal brûlé qui évoque la guerre et la violence. Pour Caden Dechert, le chef des opérations d’extraction minière au bord de la mer de la Sérénité, cette odeur n’est qu’une réminiscence de son éprouvant passé de Marine. Nous sommes en 2072, et l’extraction d’hélium 3 sur la Lune alimente les réacteurs à fusion qui permettent à la Terre de se relever d’une catastrophe écologique sans précédent.
Mais la concurrence pour obtenir la ressource si précieuse fait rage. Lorsqu’une bombe tue l’un des mineurs de Dechert, le vétéran décide de trouver lui-même le coupable, avant que davantage de sang ne soit versé. En tentant de résoudre le premier meurtre sur la Lune, Dechert se retrouve pris entre les tirs croisés de deux puissances mondiales ennemies. Il sait que sa vie et celles de ses hommes ne valent rien face à elles.
Et le tueur rôde toujours. Dechert découvre alors une conspiration qui, à la moindre étincelle, pourrait provoquer une guerre lunaire, entraîner la mort des siens… et replonger, peut-être, la Terre dans les ténèbres.
Un scaphandre sans casque gît dans la poussière et le silence absolu du désert lunaire. Pour la première fois, un meurtre a été commis sur la Lune.
Caden Dechert, ancien marine affecté sur place pour diriger des travaux miniers, décide de mener l’enquête. Il sait que la Lune est l’enjeu de violentes rivalités en raison de ses ressources, dont les grandes puissances sur Terre ont cruellement besoin. Mais au point de tuer ?
Dès lors, Dechert et son équipe sont en danger. Et sur la Lune, personne ne vous entend appeler à l’aide…
Avis :
Afin de fournir une extrapolation plausible à plus ou moins longue échéance, la science-fiction nécessite de la rigueur dans ses fondamentaux. Ainsi, une intrigue évolue vers des considérations pertinentes si les bases sont maîtrisées. Cela tient à de solides connaissances scientifiques et technologiques, voire à une bonne appréhension de variantes sociales, géopolitiques et écologiques. Pour Gunpowder Moon, David Pedreira se propose d’intégrer ces éléments au sein d’un récit qui, de prime abord, semble lorgner du côté des œuvres d’Andy Weir, Kim Stanley Robinson et Robert Heinlein. Autant de références prestigieuses qui interpellent sur ce premier roman.
Le présent ouvrage prend place dans la seconde moitié du XXIe siècle. La Lune est alors devenue une colonie avancée de l’humanité où celle-ci se dispute les ressources et matières premières du satellite naturel. La mise en contexte est soignée avec une bonne représentation des partis en puissance et des enjeux ; que ces derniers possèdent un caractère économique, politique ou personnel. Certes, l’aspect peut paraître didactique. Il n’en demeure pas moins que l’immersion est au rendez-vous, notamment avec un récit qui se déroule intégralement sur la Lune. D’explorations de milieux hostiles en incursions dans les bâtiments des différents secteurs, la gestion de l’espace (dans tous les sens du terme) s’avère entraînante.
Au fil des chapitres, Gunpowder Moon tisse une atmosphère engageante, parfaitement sensible aux contraintes de l’aventure spatiale et des perspectives d’avenir pour l’humanité. À travers l’évocation de certains évènements passés, on distingue la déliquescence de la civilisation. Aussi, la Lune se révèle un refuge et l’un des derniers bastions pour survivre. Là encore, l’urgence de la situation est vivace. D’ailleurs, elle constitue l’un des prétextes majeurs défendus par les différents intervenants, et ce, quelles que soient leurs valeurs ou leurs motivations. Pour ne rien gâcher, les investigations menées en filigrane du récit relèvent autant du thriller d’anticipation que de l’espionnage, eu égard aux considérations géopolitiques.
Dans les faits, on tient là des éléments notables pour faire de Gunpowder Moon un excellent roman de science-fiction ; à la fois ambitieux et réaliste. Cependant, on distingue rapidement des errances quant à l’approche de l’intrigue, au traitement du concept initial. Cela vaut tout d’abord pour ces descriptifs fouillés qui se perdent néanmoins dans une technicité dispensable. Bien équilibré, cet aspect contribue à renforcer la vraisemblance du propos. Ici, la densité des détails altère le rythme de la narration et fait office de remplissage. De même, il s’en dégage une froideur qui, au gré des chapitres, évolue vers le détachement du lecteur.
En effet, les tournures se focalisent sur des éléments théoriques, des situations qui restent dans l’expectative. On se retrouve trop rarement dans des faits concrets, voire une action dynamique. Cet aspect influe aussi sur l’intérêt que l’on porte aux personnages. De manière générale, ils ne parviennent pas à retenir l’attention. La faute à des interactions beaucoup trop formelles, des échanges mécaniques qui manquent de vie. Malgré la qualité persistante des révélations de l’enquête principale, les portraits dépeints restent transparents. Un peu comme si l’histoire affectait leurs comportements, leurs réactions, et non l’inverse. Une telle démarche mine le bon a priori de départ.
Au final, Gunpowder Moon est un roman de science-fiction maladroit dans son approche. On a beau apprécier l’exhaustivité des informations sur les différentes disciplines ou thématiques évoquées, il n’en demeure pas moins que le livre de David Pedreira crée une scission avec son lectorat. La faute à un discours qui s’arroge les atours d’un cours magistral et, à certains moments, d’une notice technique. Il est d’autant plus regrettable que l’ensemble reste bien écrit. De plus, l’ambiance lunaire est retranscrite avec justesse et réalisme. Toutefois, l’intrigue manque d’une âme et d’un panel de protagonistes marquants pour appréhender leurs missions respectives. Il en ressort une histoire en demi-teinte, à la progression linéaire et nanti d’une distanciation handicapante pour éprouver un semblant d’implication quant aux enjeux planétaires.
Note : 12/20
Par Dante
