De : P.J. Pettiette
Avec Valerie Azlynn, Kevin Sorbo, Alicia Leigh Willis, Joel David Moore
Année : 2011
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
Une jeune femme, Julia, rencontre un homme sur un internet. Elle désire le rencontrer en personne pour lui proposer une drôle d’idée…
Avis :
On le sait, l’horreur semble être une bonne porte d’entrée pour de nombreux cinéastes en devenir. Certaines personnes se rêvant derrière la caméra commence par faire un film d’horreur, et cela avec les moyens du bord. Il faut dire que c’est le genre le plus produit, et c’est celui qui génère le plus de réactions au sein du public. P.J. Pettiette avait déjà un pied dans le septième art avant de faire son premier (et unique ?) film, Julia X. En effet, on retrouve ce nom dans la production, dont un film de John Boorman sorti en 1998, mais aussi dans le scénario de plusieurs films d’horreur dont on préfère encore oublier l’existence aujourd’hui. De ce fait, Julia X ne suscite aucune attente, si ce n’est de voir ce pauvre Kevin Sorbo cachetonner pour quelques films d’horreur au budget riquiqui.
D’ailleurs, le film démarre sous les pires auspices. On se retrouve dans un café, au sein d’un dialogue entre Kevin Sorbo et Valerie Azlynn, qui vont se chercher de manière équivoque. Le problème ne viendra pas forcément de la discussion en elle-même, mais plutôt de la réalisation qui sera catastrophique. On a la sensation que le film est tourné sur fond vert, alors même que l’on se trouve dans un lieu clos, assez facile à trouver ou à reproduire. C’est terriblement moche, et cela ne donne pas forcément envie d’aller plus loin. Fort heureusement pour nous, ce côté aseptisé de l’image va par la suite se dégrader pour donner dans un craspec presque classique pour ce genre de film, mais assez jouissif et généreux. Cela n’empêchera pas les éléments de mauvais goût, à l’image de ce miroir en forme de cœur, mais ça s’améliore avec le temps.
« P.J. Pettiette n’est pas le roi de la mise en scène. »
Et si l’on outrepasse ces divers problèmes techniques tout vilains, on pourrait presque prendre du plaisir devant Julia X. Et cela à cause d’un scénario qui essaye de nous la jouer à l’envers. En effet, le film débute avec un Kevin Sorbo tueur en série, qui marque ses victimes d’une lettre. Il torture alors cette pauvre Julia, lui marquant un X sur le haut de la cuisse, mais cette dernière est aussi tarée que lui, en plus d’avoir une sœur qui l’assiste dans ses délires. Le film retourne donc la situation, où le chasseur devient la proie. Sauf que ce tueur est assez coriace, et il va mener la vie dure aux deux nénettes qui vont devoir jouer des coudes pour s’en sortir. Dans sa deuxième moitié, le film devient alors un véritable défouloir, où tout le monde se met sur la gueule avec un plaisir non dissimulé.
P.J. Pettiette n’est pas le roi de la mise en scène, et certaines séquences sont clairement ridicules, mais on voit que les acteurs prennent du plaisir à se foutre sur la tronche, et à utiliser tout ce qui leur tombe sous la main pour martyriser son prochain. Le problème réside dans un montage qui n’a pas vraiment de sens, avec des attaques qui surviennent de n’importe où, et des personnages qui n’arrivent pas à s’entendre pour établir la moindre stratégie. On a l’impression de suivre un film qui a fait appel à de l’improvisation pour certaines scènes de baston. Et cela enlève de la cohérence, mais aussi de l’impact. On ne croit pas vraiment à tout ce joyeux bordel, et force est de constater que chaque personnage est un Terminator en herbe, tant ils résistent tous aux coups et autres chutes.
« Le film manque d’intelligence dans son propos. »
Le problème provient aussi du manque d’empathie que l’on va avoir. Que ce soit Julia ou sa sœur, on ne connaitra rien d’elles, et pas grand-chose de leur passé. Si on a droit à quelques flashbacks mutiques où les filles ont eu un père dominateur et violent, le film reste trop en surface pour expliquer leur comportement. Il en va de même pour Kevin Sorbo qui est juste un tueur en série lambda, où les motivations ne sont jamais expliquées. Pire, le film rajoute un personnage pour donner un peu plus de consistance, avec le voisin qui répare des motos et qui ne sert strictement à rien. De ce fait, difficile de rentrer dans le film et de ressentir de la douleur ou de la compassion pour qui que ce soit. Et que dire des thèmes brassés qui sont du vu et revu sans réel imagination.
Car on comprend bien que les intentions du réalisateur/scénariste sont de mettre en avant la toxicité des hommes, qui se croient tout permis avec les femmes, jusqu’à devenir violent, mais aujourd’hui, on a déjà vu la même chose, et en plus fin. Le film manque d’intelligence dans son propos, ou tout du moins dans la façon de la raconter. La fin, qui montre que Julia est remplacée par sa sœur, beaucoup plus bourrine, n’arrive pas vraiment à donner du grain à moudre. Tout simplement parce que c’est mal fait, avec une réalisation aux fraises et un dernier personnage (joué par Ving Rhames qui devait avoir besoin d’argent à ce moment-là) qui ne mérite que ce qui lui arrive. Le film oublie l’ambivalence de chaque être humain et se la joue frontal tape-à-l’œil, mais sans avoir la finesse nécessaire pour apporter de la réflexion.
Au final, Julia X n’est pas un bon film, même s’il n’est pas le pire que l’on ait pu voir. Le début est catastrophique, autant dans son acting que dans sa mise en scène. Par la suite, les choses s’arrangent, même si on sent que le réalisateur a laissé beaucoup de place à l’improvisation, et que certains moments sont clairement improbables. Il en résulte pourtant une seconde moitié assez jouissive, où le gore est bien présent, baignant alors le spectateur dans un délire bien débile, qui dessert le propos, mais ne suscite aucun ennui. Bref, un mauvais film, mais qui possède des choses assez drôles en son sein.
Note : 08/20
Par AqME