Coup de Chance

De : Woody Allen

Avec Lou de Laâge, Melvil Poupaud, Niels Schneider, Valérie Lemercier

Année : 2023

Pays : France, Angleterre

Genre : Thriller, Drame

Résumé :

Fanny et Jean ont tout du couple idéal : épanouis dans leur vie professionnelle, ils habitent un magnifique appartement dans les beaux quartiers de Paris et semblent amoureux comme au premier jour. Mais lorsque Fanny croise, par hasard, Alain, ancien camarade de lycée, elle est aussitôt chavirée. Ils se revoient très vite et se rapprochent de plus en plus…

Avis :

Woody Allen est un cinéaste emblématique qui a presque soixante ans de carrière avec maintenant cinquante films au compteur.

Depuis une vingtaine d’années, Woody Allen, qui est l’un des cinéastes qui a le plus filmé New York, a pris l’habitude de poser sa caméra en Europe. L’Angleterre, l’Espagne, l’Italie, et bien sûr la France avec le Sud de la France et surtout Paris. Woody Allen y avait déjà posé sa caméra en 1996 avec le magnifique « Tout le monde dit I Love You » et sa superbe scène sur les quais de Seine, et bien sûr, le sympathique « Minuit à Paris« , film pour lequel Woody Allen a engagé pas mal d’acteurs français.

Après avoir tourné en Espagne, à Saint-Sébastien, Woody Allen se lance dans l’idée de faire un nouveau film à Paris, mais cette fois-ci, le réalisateur a envie d’un casting entièrement français. Des rumeurs disent alors que ce serait le dernier film de Woody Allen, qui s’arrêterait à cinquante films réalisés, et l’on espère que ce ne sera pas le dernier, car pour une fin de carrière, telle que celle de Woody Allen, on espère un chant du cygne sublime, et ici, avec « Coup de chance« , ce n’est pas le cas, le film se posant comme une petite comédie dramatique somme toute sympathique, mais ça ne va pas plus loin. Le style de Woody Allen est là, l’histoire fait son petit effet, mais on reste loin des merveilles que le metteur en scène new-yorkais a pu nous offrir.

« Un film qui se pose comme un petit Woody Allen. »

Fanny et Jean sont mariés et forment un couple épanoui. Pourtant, alors qu’elle ne cherchait absolument pas une aventure, un matin, Fanny rencontre sur le chemin du travail un ancien camarade de lycée, Alain, un écrivain bohème, qui lui avoue qu’il était amoureux d’elle à l’époque. Commence alors une aventure aussi romantique qu’enflammée. Jean est un mari qui a une part d’ombre. Jaloux et obsédé, quand il commence à avoir des doutes, Jean engage un détective privé pour savoir si sa femme le trompe… La réponse va avoir des conséquences que son épouse ne pouvait imaginer.

Bon bah le voilà, le possible dernier film de Woody Allen. Après une très longue carrière, le metteur en scène américain a décidé de conclure sa carrière chez nous, en France, avec un film qui se pose comme un petit Woody Allen.

Tenu par un scénario assez convenu qui respire pourtant le cinéma de Woody Allen, « Coup de chance » est un film qui tient une histoire qu’on connaît déjà et qui n’a rien de vraiment originale à raconter, si ce n’est parfois quelques petites surprises qui peuvent intriguer et amuser, comme le côté sombre que prend cette histoire, avec une visite d’appartement et un voyage en avion. Pour le reste, on demeure dans une histoire Allenesque, c’est-à-dire qu’on évolue dans un milieu bourgeois, avec son lot de ragots et son lot de personnages plus « sombres » derrière les portes closes. Évidemment, on a le droit au détective privé, à des coucheries, à de grandes maisons de campagne, à des balades chez des brocanteurs, et comme Woody a placé sa caméra dans notre belle capitale, on a évidemment le droit à des balades sur les quais de Seine.

« Un Woody Allen dans tout ce qu’on lui connaît déjà. »

Bref, un Woody Allen dans tout ce qu’on lui connaît déjà, et c’est peut-être pour cela qu’il se pose comme un petit film. Ça, puis deux ou trois éléments qui ont du mal à fonctionner, comme notamment Niels Schneider en Ersatz de Woody Allen. Comme dans tous ses films, il y a toujours un personnage qui va se poser bien des questions, qui va parler très vite et beaucoup gesticuler, et si Woody Allen, lorsqu’il tourne dans ses films, est un essentiel, la plupart du temps, lorsque c’est un autre comédien qui tient ce rôle-là, il ne tient pas la comparaison et malheureusement pour Niels Schneider, on a du mal à tomber sous son charme.

Bon, avec ça, on restera aussi mitigé face à des personnages très basiques qui, s’ils sont bien tenus, ne sont pas vraiment surprenants, hormis Melvil Poupaud qui, comme je le disais, avec son côté sombre, sort du lot. Ce sentiment est dommage, car le réalisateur a une belle distribution, mais alors qu’ils auraient pu être excellentissimes, ils ne restent que sympathiques à suivre le temps d’un film. Plus triste encore, on ne peut pas vraiment dire qu’on s’attachera à ces personnages. Certes, on les suit avec un petit intérêt, mais une fois cette histoire close, il n’est pas sûr qu’on se souvienne d’eux.

Après, dans ses beaux côtés, il faut toutefois lui laisser une photographie à tomber par terre, des scènes intimes et romantiques dans un appartement parisien qui ont un joli charme, une BO certes envahissante, mais jolie, et un sens du montage qui fait que même si l’histoire est loin d’être originale, sur l’ensemble, « Coup de chance » passe vite, et l’on se laisse prendre à son petit jeu.

Ainsi, cette cinquantième histoire pour Woody Allen se pose comme un petit film qui, s’il a tous les ingrédients Woody Allenesque, et se laisse gentiment suivre, ne restera pas franchement dans les mémoires. Ou alors si, il peut y rester, mais plus comme le film que Woody Allen a tourné entièrement en français. S’il est possible que ce « Coup de chance » soit son dernier film, on reste dans l’espoir que ce ne sera pas le cas, car après des bijoux comme « La rose pourpre du Caire« , « Manhattan« , « Hollywood Ending« , « Bananas« , « Harry dans tous ses états« , « Melinda et Melinda« , « Match Point » ou encore « L’homme irrationnel« , ce « Coup de chance » fait grise mine.