avril 29, 2024

Beartooth – The Surface

Avis :

Certains groupes s’évertuent à ne rentrer dans aucune case lorsqu’il s’agit de leur style. Si de nombreuses formations refusent d’être catégorisées malgré des penchants évidents pour certains genres, d’autres sont si complexes, ou mélangent tellement de références, qu’au bout du compte, elles sont uniques. Et c’est un peu le cas de Beartooth, qui fait grincer des dents de nombreux « métalleux ». Car vous comprenez, le groupe formé autour de Caleb Shomo est un mélange inattendu entre Punk Hardcore, Pop américaine, Metalcore et parfois Death. Un melting-pot surprenant, mais qui marche, puisqu’en dix ans, le groupe occupe une place assez importante sur la scène métal internationale, sortant un album quasiment tous les deux ans. Et si certains sont moins bons que d’autres (coucou Disease), Below, sorti en 2021, nous avait laissés un excellent souvenir, avec une belle rage retrouvée. Quid de The Surface sorti cette année ?

D’entrée de jeu, les américains sortent le grand jeu et viennent nous frapper très fort. Jouant avec les codes du live, avec un Caleb Shomo qui joue avec son micro lors de l’enregistrement, on va en prendre plein la tronche, entre des riffs ultra agressifs et un chant crié qui donne une furieuse envie de se décrocher la nuque. Comme à son habitude, le refrain sera en chant clair, avec un élan Pop qui fera frémir les plus fermés. Mais force est de constater que ça fonctionne à plein régime et que l’on va chanter à tue-tête en même temps que le chanteur. Et cela n’empêche aucunement des saillies virulentes et puissantes, notamment via un break lourd et addictif. Riptide, qui vient par la suite, sera plus mainstream (et ce n’est pas étonnant qu’il fut choisi pour vendre l’album), tout en ayant des moments forts.

Même si couplets et refrains sonnent relativement Pop, c’est oublier les riffs derrière, qui sont lourds et délivrent des ponts qui font mal. Simple dans sa structure, que l’on retrouve sur quasiment tous les morceaux, Riptide marche grâce à son énergie et son côté presque dansant qui devra faire bouger les foules. Quant à Doubt Me, entre une ambiance assez sombre et des performances vocales qui forcent le respect, on est dans un morceau qui monte crescendo, même s’il perd en efficacité sur son refrain. Mais quoi qu’en dise certains « métalleux », on est dans une énergie folle qui frappe juste et bien. Bien évidemment, que serait Beartooth sans quelques titres un peu plus Pop, faisant aussi son identité. The Better Me va dans ce sens, s’octroyant même l’audace d’un peu d’autotune, pour apporter un côté plus « chantant », inutile concernant Caleb Shomo

Mais il y a dans ce titre un joli solo, et une énergie qui véhicule une bonne humeur, et permet aussi de percevoir toute la palette vocale du chanteur, qui se fait vraiment plaisir. Might Love Myself rentre à peu de chose près dans le même moule, gardant de bon riff, mais allant vers quelque chose de plus Pop, de plus calme, mais qui arrive à tenir une sonorité quand même Rock. C’est bien fichu, c’est addictif, et seul Beartooth a le secret de cette recette magique. D’ailleurs, il est impossible de ne pas aller zieuter les paroles afin de chanter en chœur. Bref, derrière des atours Pop qui pourraient nous hérisser les poils de désarroi, on se retrouve avec un morceau qui fonctionne à plein régime, et nous plait. Et afin de briser un peu cette mélancolie, le groupe de proposer Sunshine !.

Derrière ce titre chaleureux, on retrouve une rugosité plaisante au sein des couplets, où Caleb hurle plus qu’il ne chante, et les guitares s’en donnent à cœur joie. Seul le refrain se veut chaud et estival, alors que le reste du titre frappe en pleine tête. On retrouvera cela avec What’s Killing You qui démonte dès le démarrage, offrant un Metalcore inspiré et puissant qui nous asphyxiera dès le début. Si les choses se calment par la suite, on reste dans un registre bien nerveux, avec en prime un refrain qui rentre directement dans la tête. Puis le groupe de calmer le jeu avec une ballade. Look the Other Side s’octroie le droit d’être à moitié acoustique et d’offrir le plus beau titre de l’album, avec une déclaration d’amour touchante. Et oui, même les types qui beuglent dans un micro ont un cœur, et c’est ici une belle démonstration.

Histoire de continuer une belle alternance entre moments calmes et passages très énervés, Beartooth propose alors What Are You Waiting For qui vient nous faire très mal dès son introduction. Comme à son habitude, on a droit à un refrain plus Pop, mais qui fait amplement le taf. Le seul reproche que l’on peut faire à ce morceau, c’est qu’il est assez transparent, et ne possède pas de moments marquants. Un peu comme My New Reality, qui revient à un passage calme, mais qui manque d’identité, malgré une belle dichotomie entre chant clair Pop et guitares saturées, très Métal. Et I Was Alive de clôturer cela de la manière la plus américaine possible, avec un son Pop Rock assumé et ensoleillé, qui donne la banane. C’est un peu stéréotypé, mais c’est aussi ce qui fait le charme du groupe, ne se fixant aucune limite et picorant dans tous les genres.

Au final, The Surface, le dernier album de Beartooth, poursuit l’excellence de son aîné, Below. Les américains arrivent à trouver un bel équilibre entre Pop et Métal, ne sombrant jamais dans les excès pour l’un comme pour l’autre. Si les puristes pesteront contre les élans popisants de l’album (alors que c’est ce qui définit le groupe), on est dans un skeud de haute volée, addictif dans ses paroles et parfaitement orchestré pour être blindé de hits en puissance. Bref, Beartooth montre les crocs, tout en sachant se faire accessible, et c’est fort appréciable.

  • The Surface
  • Riptide
  • Doubt Me
  • The Better Me
  • Might Love Myself
  • Sunshine !
  • What’s Killing You
  • Look the Other Way
  • What are you Waiting For
  • My New Reality
  • I Was Alive

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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