avril 29, 2024

Revanche

De : Stéphane Roquet

Avec Jean-Yves Bourgeois, Marie Delmas, Emmanuel Bonami, Patrick Medioni

Année : 2017

Pays : France

Genre : Thriller

Résumé :

Franck Bériat, ex-flic et ex-taulard est un détective privé sans licence. Un jour, une jeune femme désespérée, Camille Dessonge, lui demande de retrouver les assassins de sa sœur. D’abord hésitant, il accepte cette mission dangereuse qui le mènera vers une guerre sans merci contre le clan Bando : des mafieux sanguinaires. Les cadavres vont se multiplier sur sa route…

Avis :

Il est toujours très compliqué, en France, de présenter son premier film, surtout lorsque celui-ci a un budget ridicule et flirte avec les limites du mainstream. Si certains font jouer leurs relations pour mettre en images leur comédie ou leur drame sociologique, d’autres doivent faire des efforts considérables pour que leur film bénéficie d’une petite sortie cinéma, ou d’une quelconque existence en DTV ou sur les plateformes de streaming. C’est le cas de Revanche, premier film de Stéphane Roquet, jusqu’alors acteur dans des séries et des films, dans de tout petits rôles (et pas même des seconds couteaux). Sorti dans une poignée de salles en 2017 (pour faire 54 entrées…), son film va connaître un sort oubliable sur la plateforme Prime Video, alors même que c’est le distributeur du film. Pourquoi tant de haine ? Ou tout du moins, pourquoi un sort aussi malingre ?

On va vite se rendre compte, dès les premières secondes, que le film ne bénéficie pas d’un budget colossal. Les plans sont très proches, et on voit que le matériel utilisé n’est pas professionnel. On a vraiment l’impression de tomber sur un film amateur, où même certains youtubeurs font mieux. D’un point de vue technique, ce n’est vraiment pas la panacée, et on se doute que le metteur en scène fait ce qu’il peut avec ce qu’il a. Mais c’est un véritable problème qui va durer tout le film. Le montage est chaotique, avec des coupures intempestives. Les scènes d’action sont tellement cut qu’on ne comprend pas toujours ce qu’il se passe. Et il n’y a aucun travail autour de l’éclairage ou des décors. Pire, sur certains maquillages, on flirte avec le film amateur entre potes, alors que là, rien ne prête vraiment à rire.

« Rien ne va vraiment, à cause d’une mise en scène bancale. »

Parce que le scénario se prend vraiment trop au sérieux. Une histoire simpliste au possible, qui est racontée bien souvent par le héros, énumérant son parcours, sa vie, jusqu’à tomber sur une affaire qui va lui coûter cher. Le réalisateur dit s’être inspiré des polars hard-boiled à la Don Siegel, mais la tension ne va jamais être au rendez-vous, la faute à une technique à la ramasse, mais aussi à une histoire mafieuse qui coche toutes les cases d’un cahier des charges attendu. Ici, on aura du trafic de prostituées, avec une disparition inquiétante, puis un proxénète complètement barjo et parano, armé jusqu’aux dents, qui va faire jouer ses relations pour remonter jusqu’au « héros » qui use lui aussi de ses indics pour retrouver ce maquereau violent. Rien de bien folichon, si ce n’est une sorte d’inversion des rôles dans les investigations.

En effet, le personnage central est un ancien flic, qui va finir en taule après avoir tué un malfrat devant ses potes flics, et qui, en sortant devient un détective privé sans licence, vivant dans la clandestinité. Pour remonter l’affaire jusqu’au grand méchant, il va faire appel à un sans-abri qu’il utilise comme indic. Il prend donc des voies illégales pour arriver à ses fins, jusqu’à un trafiquant d’armes pour se faire un petit arsenal. Quant au vilain pas beau, il utilise un avocat, qu’il menace et soudoie, pour retrouver la trace de cet ancien flic qui bute un à un ses hommes. Cette inversion est plutôt bien vue, même si elle n’amène qu’à une seule conclusion, un affrontement dans un hangar vide qui se veut violent et percutant. Mais là encore, c’est un peu la douche froide, tant rien ne va vraiment, à cause d’une mise en scène bancale.

« Le film n’est même pas beau à regarder. »

On peut comprendre la volonté de Stéphane Roquet de faire bouger les codes du thriller français, en proposant quelque chose de plus brutal qu’à l’accoutumée, mais si la technique ne suit pas, on reste face à un spectacle qui manque de percussion. Et peut-être aussi d’envie de cinéma, tant aucun effort n’est fourni autour des jeux de lumière. Le film n’est même pas beau à regarder. Pourtant, quelques filtres, une machine à fumée, il existe une pléthore de petits moyens pour donner un cachet à un film. Certes, on se rapproche d’une réalité crue, mais cela est entaché par du faux sang en CGI dégueulasse et quelques passages inintéressants qui font passer le film de gentille série B à Z nanardesques (comment peut-on penser que les plans fixes sur les gens morts avec des traces de torture puissent fonctionner un seul instant ?).

Et puis le film n’est pas aidé par ses acteurs. On le sait très bien, à petit budget, difficile de trouver des acteurs professionnels talentueux. Néanmoins il existe un vivier de jeunes talents qui ne demandent qu’à percer. Ici, Jean-Yves Bourgeois (qui est aussi producteur du film) joue le personnage principal, et il tire la gueule tout le temps, au point qu’il en devient ridicule. Il ne laisse passer aucune émotion, et quand il faut exploser, il surjoue en permanence. Il n’est pas aidé par son rôle, et n’a pas la carrure d’un Clint Eastwood (puisque le réalisateur dit s’être inspiré de Dirty Harry…). Et puis les seconds rôles ne sont pas folichons non plus. Marie Delmas qui joue une grande sœur en détresse est complètement effacée. Quant à Emmanuel Bonami, qui joue le bad guy, il est apathique au possible.

Au final, Revanche est un piètre film qui n’arrive pas à se sauver de sa misère. Dès les premières minutes, on voit que le film a des problèmes techniques et que Stéphane Roquet fait avec les moyens du bord. Mais malgré toute sa bonne volonté, on flirte constamment avec le médiocre, que ce soit dans la mise en scène, la lumière ou encore le montage. En fait, la seule chose bien dans ce film, c’est sa courte durée, qui met fin rapidement à notre calvaire. On n’aime pas forcément descendre des films qui se veulent indépendants, avec des gens de bonne foi qui tentent de faire bouger le cinéma français, mais là, on est très loin d’un film de cinéma…

Note : 05/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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