par 
De : Eric Toledano et Olivier Nakache
Avec Pio Marmaï, Noémie Merlant, Jonathan Cohen, Mathieu Amalric
Année : 2023
Pays : France
Genre : Comédie
Résumé :
Albert et Bruno sont surendettés et en bout de course, c’est dans le chemin associatif qu’ils empruntent ensemble qu’ils croisent des jeunes militants écolos. Plus attirés par la bière et les chips gratuites que par leurs arguments, ils vont peu à peu intégrer le mouvement sans conviction…
Avis :
Le duo de réalisateurs est une association qui ne court pas plus les rues que ça, et surtout sur la durée. Pourtant, il y a de sacrés duos de cinéma et parmi les plus illustres, on peut aisément citer les frères Coen, Dardennes, Larrieu, Farrelly, Safdie, ou encore les Russo. Dernièrement, on a les Daniels qui font une délirante percée notamment avec « Everything Everywhere All at Once« . N’oublions pas non plus Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte avec leur « … Prénom« , « Le meilleur reste à venir » et le futur « Comte de Monte-Cristo« . A cette belle liste où il en manque forcément, on y ajoute le duo Nakache/Toledano qui depuis 2005 nous ont offert de sacrés bons moments de cinéma entre « Le sens de la fête« , « Intouchables« , « Nos jours heureux« , « Tellement proches » ou encore leur avant dernier, « Hors-normes« .
Nakache et Toledano, c’est un duo de cinéastes qui aime allier comédie et sujets sociétaux, et leur dernier film en date, « Une année difficile« , en est encore un très bel exemple.
« Les deux metteurs en scène veulent s’amuser du surendettement d’un côté, et des mouvements écologique de l’autre. »
Pourtant, sur le papier, ce n’était pas gagné d’avance, car les deux metteurs en scène veulent s’amuser du surendettement d’un côté, et des mouvements écologique de l’autre. Deux sujets ô combien lourds et sensibles, mais voilà, lorsqu’on est bon, et qu’on sait comment aborder ces sujets-là, ça donne une comédie étincelante et hilarante, qui tout en s’amusant avec ses sujets, nous offre de bons personnages, de très bonnes répliques, et comme toujours, une mise en scène soignée qui respire le cinéma. Bref, si le film est moins fort que « Hors-normes » dans ses émotions, il retrouve l’excellence de la comédie qu’on aime chez le duo.
Albert et Bruno sont surendettés. Albert est même un champion dans le genre avec pas moins d’une quarantaine de crédits à la consommation. Un jour, alors qu’ils demandent de l’aide à une association qui aide les gens endettés, ils vont se laisser tenter par le pot gratuit d’une association de militants écologistes. Si les deux sont là clairement pour les chips et les bières gratuites, tout en essayant de régler leurs problèmes, ils se laissent entraîner dans le mouvement. Un mouvement où désormais, ils vont se faire appeler Poussin et Lexo.
Peut-on encore rire de tout ? Peut-on rire par exemple du surendettement ? Si on peut s’amuser avec les mouvements écologiques, et l’on n’en doutait pas de la part des deux cinéastes, il était plus compliqué de s’amuser avec le surendettement. Alors pour concilier les deux, et réussir à livrer la comédie qu’est cette « … année difficile« , c’est un petit miracle.
« Les deux réalisateurs savent très bien dynamiser leur film. »
Ici, on retrouve l’humour qui avait déjà fait mouche dans le cinéma d’Olivier Nakache et Eric Toledano. Les deux réalisateurs savent très bien dynamiser leur film, qui se pose comme un festival de drôlerie, aussi bien dans son comique de situation que dans ses répliques, ou encore dans le jeu de ses comédiens qui sont tous en grande forme. Ne poussant jamais le bouchon trop loin, Nakache et Toledano caricaturent et s’amusent des problèmes des gens, mais aussi des maux de notre société. On rit plus que souvent, et ça fait du bien, car tout en se prenant pas au sérieux, tout en posant parfois des situations grosses, il y a toujours quelque chose qui fait que le film fonctionne parfaitement. Ça, on le doit à cette idée que même si l’on reste dans une comédie, et même une comédie populaire, « Une année difficile » aborde avec intérêt ses sujets.
Derrière les gags, les délires et les répliques tordantes, derrière le cinéma des deux hommes, « Une année difficile » est un film qui permet aussi de poser des réflexions sur tout un tas de sujets importants. L’hyper consommation bien sûr, et la folie de notre société à l’image de l’incroyable scène d’ouverture. Puis au-delà de ça, le film évoque aussi la politique des gouvernements, l’hypocrisie du système, l’argent, l’écologie, le militantisme parfois poussé trop loin (ou pas, c’est à chacun de voir la limite), les banques, la justice, l’éco anxiété… Bref, le film est très riche, en deux heures, jamais il ne faiblit, et surtout, il va au bout de ce qu’il raconte (même si on peut lui reprocher parfois un manque d’originalité, car certains de ses rebondissements qui se voulaient être des retournements de situations, on les voit bien vite arriver), ne survolant pas les sujets.
« Ce huitième film pour le duo Nakache/Toledano se pose comme un excellent cru. »
Comme toujours chez Nakache et Toledano, ce qui fait aussi le succès de leurs films, et de celui-ci, c’est son casting et l’alchimie de celui-ci. Ici, on retrouve pour le meilleur et le « pirement meilleur », Pio Marmaï, le génial Jonathan Cohen, Noémie Merlant en militante écolo impliquée et ravagée, Luàna Bajrami, Grégoire Leprince-Ringuet qui est excellent dans un rôle pourtant prévisible, ou encore Mathieu Amalric qui est assez hilarant.
Ce huitième film pour le duo Nakache/Toledano se pose comme un excellent cru. Un film aussi drôle qu’il est intelligent. Ayant appris de leurs erreurs (coucou « Samba« ), « Une année difficile » est un film qui ne tombe pas dans le militantisme absolu, le duo sachant rire des sujets qu’il explore, tout en offrant aussi bien une réflexion sur les maux de notre société, que du cinéma qui est capable de marquer son spectateur. Décidément, ils sont fort les deux !
Note : 16/20
Par Cinéted
