Avis :
Si connait les îles Féroé pour leur massacre de baleines et leurs grosses branlées au foot lors des qualifications pour la coupe d’Europe, on connait moins ce petit bout de terre pour sa musique. Et pourtant, cela fait maintenant plus de vingt ans que le groupe Tyr officie sur la scène métal avec son son folk et ses paroles qui parlent de vikings. Hel est leur septième album studio et il intervient six ans après Valkyrja, qui nous avait laissé un bon souvenir, restant dans un style très particulier mais qui fonctionne à plein régime. Peu de choses se sont passées durant ce laps de temps, si ce n’est un double changement de batteur et le groupe n’avait pas forcément fait grand bruit autour de lui. Un moment propice don à la création et à l’enregistrement de ce nouvel opus, très généreux et qui s’intéresse à la déesse de la mort. Un album qui promet de grands moments épique, puisque, faut-il le rappeler, Typ est le dieu nordique du ciel et de la justice et que Hel est tout simplement la déesse de la mort. Un duel qui ouvre grand l’appétit, surtout après autant d’absence et de silence. Qu’en est-il vraiment ?
Le skeud débute avec Gates to Hel, un morceau en anglais épique, qui dépasse largement les six minutes et qui s’avère fort plaisant. Après une introduction grandiloquente, le groupe prend un rythme de croisière efficace et propose même un refrain enjoué qui reste bien en tête. On aura même droit à un gros solo de gratte au milieu du titre, montrant, si besoin l’en est, tout le talent des musiciens. Avec All Heroes Fall, le groupe continue sur sa bonne lancée et propose un titre un peu plus posé, mais aussi un peu plus épique dans son exécution, et même si ça reste très conventionnel, on prend un malin plaisir à se faire à la langue islandaise. Car oui, le groupe alterne des phases en anglais avec des phases en islandais, donnant plus de crédit à leurs paroles. Une langue qui trouve toute sa résonance dans Ragnars Kvaeoi et son introduction qui donne une ampleur incroyable au morceau. C’est bien simple, on se croirait dans un film de vikings, au début d’une énorme bataille. Le morceau alterne là-aussi des moments qui font très médiévaux avec des passages plus rudes, et globalement, ça fonctionne à plein régime. Difficile aussi de passer à côté de titres tout aussi épique et grandioses comme King of Time et sa construction imposante ou encore Against the Gods et sa hargne. Tous ces morceaux sont très intéressants et on prend un réel plaisir d’écoute. Le problème, il va provenir de l’identité même du groupe. En effet, Tyr ne sort pas forcément de la masse de ce que l’on peut qualifier de Viking Métal, et si l’album se suit sans sourciller, il manque de moments vraiment marquants.
Alors oui, certains titres sont plus importants que d’autres grâce à un refrain catchy ou une langue étrangère qui peut faire drôle à l’écoute, mais globalement, on reste dans quelque chose de conventionnel et qui ne comporte aucune surprise. Garmr est un titre qui démarre fort, comme un bon vieux Heavy des familles, mais bien vite, le soufflé retombe pour aller vers un son que l’on a l’impression d’avoir entendu des dizaines de fois. Il en va de même pour Sunset Shore ou Downhill Drunk, des morceaux efficaces et sympathiques, mais passe-partout et qui s’oublient presque aussi vite après écoute. Alors oui, Empire of the North se fait plus lourd et s’approche grandement d’un Death avec son introduction virulente et lourde, mais cela se fait trop rare au sein de cet album. Néanmoins, on ne peut pas nier la force du groupe à composer des titres longs et attachants, comme Alvur Kongur qui clôture l’album de façon efficace et touchante. Epique et long (dépassant les sept minutes), nous aurions aimé un peu plus de titres de cet acabit et peut-être moins de pistes pour privilégier une meilleure retenue. On chipote, car globalement, l’album est bon, mais il manque ce petit truc en plus qui aurait permis au groupe de cartonner dans tous les sens.
Au final, Hel, le dernier effort de Tyr, est assez intéressant dans son fond et dans la présence de titres longs et complexes. D’ailleurs, le groupe se révèle vraiment dans cette démarche et moins dans des titres plus transparents et plus lisses. Si on regrette ce manque de personnalité au sein de l’album, on reste quand même dans le haut du panier de ce que l’on nomme le Viking Métal et il s’agit certainement du seul représentant des îles Féroé et les habitants de ce petit coin de terre n’ont pas à rougir de leur groupe.
- Gates of Hel
- All Heroes Fall
- Ragnars Kvaeoi
- Garmr
- Sunset Shore
- Downhill Drunk
- Empire of the North
- Far From the Worries of the World
- King of Time
- Fire and Flame
- Against the Gods
- Songs of War
- Alvur Kongur
Note: 14/20
Par AqME