Avis :
Teramaze est un groupe de métal progressif australien qui s’est formé au début des années 90. Tout d’abord connu sous le nom de Terrormaze, la formation décide de changer de nom lorsque certains membres découvrent le christianisme et veulent alors en parler dans leurs chansons. Dès 1995, le groupe sort Doxology et la machine est lancée, allant même jusqu’à faire deux albums par an, notamment en 2021 avec Sorella Minore et And the Beauty They Perceive. I Wonder arrive sans contexte particulier pour le groupe, si ce n’est un changement de line-up quasi permanent, avec des membres qui, parfois, changent de place au sein du groupe, passant du chant à la guitare, ou n’intervenant que ponctuellement sur certains albums. Et il est très étonnant de voir une telle qualité avec un line-up aussi fragile, car ce septième album studio pour le groupe est un monument du Prog.
Il est toujours compliqué de faire du Métal Progressif, dans le sens où il faut trouver un équilibre entre la complexité des morceaux, et une efficacité dans la « violence ». Teramaze semble avoir la recette magique, puisque ce skeud dure plus d’une heure et quart, et pourtant, on ne ressent jamais l’ennui, et on reste subjugué devant tant de talent. Pour preuve, Ocean Floor a beau durer plus de six minutes, il nous embarque dès les premières notes, avec une mélodie qui reste en tête, et surtout, un chant parfaitement maîtrisé, qui balance dès le départ son refrain qui restera en tête. Les australiens, dont c’est le premier album indépendant, délivre une entrée en matière tout simplement parfaite, qui donne fortement envie d’écouter le reste. Et quel reste ! Only Daylight sera peut-être moins mémorable, mais il n’en reste pas moins un excellent morceau.
Le groupe joue la carte d’une structure plus difficile à cerner, mais avec un couplet plus lancinant et une vitesse qui s’accélère lors des refrains. C’est vraiment bien foutu, et on se surprend à bien bouger dès la deuxième écoute. Puis la formation de surprendre avec le court Lake 401. On pourrait croire à un interlude, mais il s’agit d’un titre relativement doux, qui montre que les australiens sont capables de faire quelque chose de plus calme, qui pourrait presque se rapprocher de la ballade. Ce qui contrastera avec A Deep State of Awake. Là, malgré sa longueur dépassant les huit minutes, on fait face à un chef-d’œuvre du genre. Alternant les passages vifs et le chant growl (en faisant appel à Jason Wisdom de Death Therapy), tout en gardant en fond une mélopée éthérée, le groupe délivre certainement le meilleur titre de l’album.

Par la suite, Here to Watch You va débuter assez lentement, avec des élans un peu Pop. Mais petit à petit, le morceau monte crescendo pour délivrer une belle rage dans son refrain, avec notamment une grosse batterie qui frappe sévère, et une guitare qui monte dans de hautes strates. Le titre gagne en profondeur à chaque écoute, et c’est très fort. Sleeping Man marquera un peu moins, malgré un bon refrain qui démontre, cette fois-ci, les talents du chanteur, qui tient bien ses notes. Teramaze surprend à chaque morceau, arrivant à fournir de longues pistes, mais sans jamais susciter l’ennui, ou encore une redondance dans les mélodies. Un vrai tour de force qui mérite le respect. Run se pose alors comme une jolie ballade qui, certes, touchera moins que les autres morceaux, mais qui fait preuve d’une belle maîtrise technique.
C’est par la suite qu’arrive une grosse pièce avec Idle Hands/The Devil’s Workshop. Dépassant allègrement les neuf minutes, le morceau est un chef-d’œuvre du genre qui synthétise tout ce qui représente le groupe. Complexe mais accessible, nerveux mais avec de grosses partitions aériennes, on peut dire que Teramaze délivre une pépite dont il serait dommage de passer à côté. Puis de poursuivre avec This is not a Drill, là aussi une longue plage, qui tente de se faire plus touchante que le reste, notamment avec une jolie voix de tête. Les australiens maîtrisent parfaitement leur morceau, avec une belle accélération en cours de route, et un solo absolument dantesque. Enfin, I Wonder vient conclure cet album de manière calme et douce, offrant un final doucereux, vénéneux, qui donne une furieuse envie d’y retourner. Et c’est là que l’on perçoit toute la maestria de l’ensemble.
Au final, I Wonder, le septième album de Teramaze, est une énorme réussite, un chef-d’œuvre du Métal Progressif. Les australiens offrent une galette à la fois percutante, touchante, d’une longueur excessive mais qui ne suscite aucun ennui. Et de savoir que cet album est autoproduit, quand on voit la qualité du bousin, on ne peut qu’être subjugué par le talent des musiciens, confinant cet album dans les meilleures écoutes de l’année.
- Ocean Floor
- Only Daylight
- Lake 401
- A Deep State of Awake
- Here to Watch You
- Sleeping Man
- Run
- Idle Hands/The Devil’s Workshop
- This is not a Drill
- I Wonder
Note : 19/20
Par AqME