mars 29, 2024

Tesseract – Sonder

Avis :

Avec l’avènement d’internet et des téléchargements gratuits, le domaine musical vit une crise sans précédent où les maisons de disques ont dû trouver des alternatives pour pouvoir continuer à produire des groupes et à vivre. Dès lors, outre le revival incroyable du vinyle et la venue de plateforme d’écoute en dématérialisé, certains groupes ont vu en internet une belle opportunité pour se montrer et se faire connaître. C’est un peu comme cela que Tesseract a vu le jour, puisque c’est à travers son guitariste et fondateur, Alec Kahney, qu’une communauté de producteurs amateurs est née. En postant des vidéos sur internet et sur des forums, il s’est fait connaître et a même lancé un genre nouveau, le Djent. Dès lors, il fonde Tesseract et va connaître un succès grandissant au fur et à mesure des albums. Tout d’abord en 2011 avec One, puis tous les deux ans quasiment, à travers un album concept. Avec un line-up stable depuis 2014, le groupe va secouer un peu le métal progressif avec Sonder, en 2018, un album court, concis, mais qui montre à quel point l’univers du groupe est enrichissant et qu’ils sont de vraies bêtes techniques. Pour faire bref, ce quatrième effort pour le groupe est une belle réussite.

Le skeud s’ouvre avec Luminary et c’est assez surprenant. A travers la pochette minimaliste et le titre même de l’album, on peut s’attendre à un voyage dans l’espace à travers de longues pièces contemplatives. Et avec ce premier titre, on aura quelque chose de très accessible, de très calibré, mais qui fait pourtant partie des meilleurs titres. Riffs assassins dès le départ, ambiance lugubre en guise d’introduction, le morceau se radoucit dès que le chanteur commence sa partition. Plus doux, mais terriblement puissant dans son refrain, on fait face à un titre simple mais redoutablement efficace et qui doit être surpuissant sur scène. Lorsque King démarre, on retrouve cette même recette, qui consiste à démarrer fort, puis à se radoucir par la suite, devenant pas la même occasion aérien et propice à l’introspection. Pour autant, King reste l’un des titres les plus virulents de l’album, avec même du chant crié pour appuyer la puissance des riffs. Orbital va être un interlude assez intéressant. Bien qu’il ne dure que deux minutes et qu’il ne s’agisse que d’un morceau intermédiaire, il va permettre de faire une continuité dans le thème spatial et de donner une belle sensation d’apesanteur. C’est léger, c’est doux, et ça va introduire de la meilleure des manières Juno. Car un peu comme son homologue qu’est King, Juno démarre sur les chapeaux de roues et laisse une belle impression. Non seulement c’est lourd, mais il y a une véritable aura qui se dégage de l’ensemble. C’est à la fois complexe, partant de temps à autre vers du pur Djent, et simple dans sa construction qui permet de ne jamais raccrocher. Le refrain est notamment très percutant.

La seconde moitié de l’album débute avec Beneath my Skin. Titre relativement calme dans son début et même jusqu’à sa deuxième moitié, le groupe en profite pour offrir un titre aérien, presque léger, mais qui garde toujours un aspect un peu lugubre en son fond. On sent une tension palpable dès le début, et on voit que le morceau ne demande qu’à exploser, ce qu’il va faire sur sa fin, avec des riffs bien lourds et une rythmique syncopée qui fait écho au Djent, bien évidemment. Mirror Image garde cette même façon de faire. Cette sensation d’être en lévitation dans l’espace est d’autant plus forte avec ce morceau qui commence tout doucement, avec la voix doucereuse du chanteur et une mélancolie prégnante. Même lorsque ça démarre, on a cette nostalgie qui nous envahit, cette impression un peu dépressive que le groupe a voulu injecter dans son album. C’est bien simple, c’est un morceau fait pour penser, pour se poser et réfléchir à des choses profondes. Bien évidemment, comme précédemment, le groupe lâche les vannes sur la fin, proposant des riffs plus puissants tout en gardant cette aura si particulière. Smile va partir vers quelque chose de plus sombre, de plus noir, ce qui ne correspond pas vraiment au titre du morceau. Puissant, lourd et très riche, le groupe lâche un dernier gros morceau qui montre que derrière les atours un peu introspectifs, il est aussi capable de fournir de pur moment Métal. Pour conclure tout ça, The Arrow se permet un détour presque calme, où le chanteur fait écho à une rythmique puissante en son milieu avant de retrouver un presque silence spatial. Un peu comme si nous avions explosé en plein vol et que seul l’écho de notre mélancolie restera dans le vide. C’est à la fois beau et triste, comme le liant de tout l’album.

Au final, Sonder, le dernier album en date de Tesseract, est une belle réussite. Malgré la présence de seulement huit morceaux et de deux titres relativement courts ne dépassant pas les trois minutes, les britanniques livrent une galette sans aucun défaut, qui alterne les phases doucereuses avec des moments plus lourds. Propice à l’introspection, gardant un thème spatial sur tout son long, il se dégage de cet album une belle mélancolie qui nous emporte littéralement. En bref, un beau voyage vers l’infini.

  • Luminary
  • King
  • Orbital
  • Juno
  • Beneath my Skin
  • Mirror Image
  • Smile
  • The Arrow

Note : 18/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.