avril 28, 2024

Sex Education Saison 4

D’Après une Idée de : Laurie Nunn

Avec Asa Butterfield, Gillian Anderson, Emma Mackey, Ncuti Gatwa

Pays: Angleterre

Nombre d’Episodes: 8

Genre: Comédie

Résumé:

Maeve étudie aux États-Unis. Moordale a fermé. Otis doit donc trouver sa place au lycée Cavendish, un établissement très ouvert… où il n’est pas le seul sexologue !

Avis :

C’est en 2019 que le public découvre la première saison de Sex Education, production anglaise signée Netflix. Personne n’attendait quoi que ce soit de la série, si ce n’est la présence de Gillian Anderson en sexologue un peu délurée. La série fut un succès éclatant, devenant même un petit phénomène, où chaque saison se faisait délicieusement attendre. Quatre ans plus tard, Sex Education tire sa révérence avec une quatrième et ultime saison qui doit boucler tous les arcs entrepris, et surtout apporter une réponse autour de la romance entre Otis et Maeve. Toujours composée de huit épisodes qui varient entre une heure et un peu plus, cette quatrième saison va aller très loin dans la caricature pour aborder des thèmes importants, et pourtant toujours viser juste. Comment une telle prouesse est-elle possible, là où d’autres seraient partis dans le vulgaire et le graveleux ?

Car oui, cette saison marque un sacré tournant pour nos lycéens préférés, car Moordale a fermé ses portes, et ils se retrouvent tous à Cavendish, un établissement où les élèves s’autogèrent et ont le droit de proposer de nombreuses activités. Très coloré, c’est dans ce lieu que vont se cristalliser tous les clichés possibles, et où les potards seront poussés au maximum. Ce lycéen est très vivant, mais il ne semble pas y avoir beaucoup de cours. De plus, si la population est hétéroclite, elle semble surtout composée de personnes transgenres, ou en situation de handicap, ou encore gays et lesbiens. Cela n’est clairement pas un problème, mais on sent que la série joue au maximum sur ces personnages, délaissant parfois une certaine crédulité. On sent que ce lycée est irréel, mais il va aussi permettre d’aborder des sujets de société importants et graves.

La force de cette saison est de parler de la tolérance et de l’acceptation. On a cela avec les personnages d’Abbi et Roman, un couple transgenre qui est le plus renommé du bahut, et qui s’acceptent tels qu’ils sont. Et tout le monde les accepte, la série ne tombant pas dans le pathos ou dans la transphobie. Mais cette tolérance se retrouve aussi dans le handicap, avec la surdité d’Aisha, ou encore le handicap moteur d’Isaac, où chacun doit se battre pour avoir les mêmes droits que les valides. Si parfois, la série appuie un peu fort sur ce thème, notamment sur le dernier épisode, où l’on sent le passage obligé, il en découle une réflexion intéressante sur l’accès aux soins, où même à l’accessibilité de certaines salles de classe. C’est malin, et montre qu’en Angleterre, le système scolaire ne s’adaptant jamais aux besoins des jeunes en situation de handicap.

Outre les thèmes sur le handicap ou sur la tolérance, on va aussi retrouver des sujets plus familiaux. A titre d’exemple, on peut citer Adam (peut-être le meilleur personnage de la série), qui essaye de s’en sortir en trouvant un boulot dans un haras, mais qui doit encore composer avec son père, qui va se remettre avec sa mère. La relation père/fils est extrêmement touchante, en plus d’être très crédible. Et comment ne pas évoquer Jean, la mère d’Otis, qui fait une dépression post-natale et qui va devoir affronter les névroses de sa sœur, qui vient alors l’aider. Là aussi, la relation entre sœurs est très touchante et met en avant que le dialogue est la plus importante des choses. Il faut se parler pour se comprendre et s’entraider. Et puis il y a tout un arc autour de Maeve.

Ici, la jeune femme doit faire face au décès soudain de sa mère, mais aussi à l’addiction de son frère qui devient ingérable. Il en résulte des passages très émouvants, parfois rudes, mais qui montrent que l’on ne choisit pas sa famille, mais ses amis, ses derniers étant présents pour l’enterrement et la soutenir. Outre ces déboires familiaux qui sont très importants dans ce qu’ils racontent, la série va faire un tour du côté de la religion avec le personnage d’Eric. Ce dernier hésite à se faire baptiser, et son homosexualité va être un problème pour les paroissiens. Là encore, il y a un double message de la part de la série, qui montre l’obscurantisme de l’église, souvent dû à de vieux acariâtres, alors que certains prêtres veulent aller vers l’ouverture d’esprit et la tolérance. La série tient toujours un message positif derrière le négatif.

Et l’acteur Ncuti Gatwa est tout simplement rayonnant, passant du rire aux larmes en quelques secondes, et pouvant nous touchant en quelques instants. Bien évidemment, la série aborde aussi les violences faites aux femmes, avec la relation tendue entre Viv et Dan, la dure réalité des traitements hormonaux via le personnage de Cal, ou encore comment faire le deuil d’une agression sexuelle avec Aimee qui se découvre une passion pour la photographie. Bref, la série est très riche, et clairement, chaque personnage apporte sa pierre à l’édifice, en plus d’un sujet en plus, qui vient agrémenter de belles réflexions. D’ailleurs, le petit regret que l’on peut avoir avec cette saison, c’est que le sexe est passé un peu en retrait. Et cela malgré quelques arcs intéressants.

Si la dualité entre O et Otis pour devenir le meilleur thérapeute sexuel du bahut peut être drôle à certains égards, elle n’apporte pas grand-chose aux personnages, si ce n’est quelques pointes d’humour et montrer que personne n’est irréprochable. Il va de même avec les problèmes sexuels d’Otis, qui renvoient à un trauma d’enfance, mais c’est expédié manu militari. D’un côté, cela prouve que les pannes sexuelles touchent tout le monde et peuvent vite se résoudre. D’un autre, on a l’impression que les scénaristes ne savaient pas trop quoi faire avec cette histoire. Il en va de même avec les interventions de Jean à la radio, qui sont très timides et égocentrées, si ce n’est la toute dernière fois, avec sa sœur, permettant aux deux frangines de se rabibocher. Alors oui, il y a toujours du sexe et des problèmes, mais cela passe un peu en second plan.

Mais finalement qu’importe. En effet, les autres thèmes sont tout aussi importants et les scénaristes apportent leur lot de réponses pour les adolescents et les adultes qui regardent ce programme. C’est fait avec bienveillance et tolérance, ce qui fait du bien. On n’est pas là pour se moquer, et les éléments humoristiques racontent à chaque fois quelque chose d’intelligent. C’est ce que devrait être tout film ou toute série comique, s’éloignant de la moquerie crasse pour aller vers quelque chose de malin et de réflexif. Et cette quatrième saison y parvient sans aucun mal, trouvant à chaque fois le juste équilibre entre cliché, irréalisme, émotion et drôlerie. Un jeu dangereux mais tellement bien fichu, qu’au final, même si le sexe passe en arrière-plan, il y a d’autres choses tout aussi importantes.

Au final, cette quatrième saison de Sex Education est une réussite de plus. Tout en poussant les curseurs très loin dans le pastiche et la parodie, la série trouve de nombreux de sujets délicats et les aborde avec une justesse qui frôle l’indécence. C’est drôle, souvent émouvant, joué à la perfection par tout ce petit monde qui prend un plaisir monstre à se dire au revoir une dernière fois.

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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