avril 30, 2024

The Unnamed – Junkyard Joe

Auteurs : Geoff Johns et Gary Frank

Editeur : Urban Comics

Genre : Guerre, Science-Fiction

Résumé :

Le dessinateur Muddy DAVIS vient de prendre sa retraite après avoir finalisé son comic strip Junkyard Joe. Héros de papier sorti de sa plume, le robot Joe puise ses racines dans ces souvenirs ramenés de la guerre du Vietnam qui hantent le vieux Muddy. Un passé qui reprend vie lorsque Joe se présente un soir sur le pas de sa porte. Avec sa réapparition se profile l’ombre d’une nouvelle guerre imminente.

Avis :

S’il y a bien un homme qui a le vent en poupe dan le monde du comics, c’est bien Geoff Johns. Il faut dire que le bonhomme a un sacré talent, et il a officié dans quasiment toutes les nouvelles histoires des super-héros DC. On retrouve son nom sur Flashpoint, mais aussi sur Batman Terre-Un ou encore sur Superman et la Justice League. Avec un CV aussi imposant, il n’est pas forcément facile de choisir une lecture de Geoff Johns. De ce fait, plutôt que de s’atteler à entrer dans un nouvel âge autour des héros les plus connus, ne serait-il pas plus judicieux de se pencher sur une toute nouvelle création ? Car avec la saga The Unnamed, le scénariste prouve que l’on peut encore faire original en plaçant de nouveaux super-héros autour d’une intrigue bien plus grande.

Le pitch de base de cette nouvelle saga est de mettre en avant des héros invisibles, mais qui ont joué un rôle important dans l’Histoire des Etats-Unis. Ainsi, de 1776 jusqu’en 2050, on compte pas moins de sept personnages importants, qui vont jouer par la suite un rôle majeur dans une guerre. Mais au lieu de faire un gros compendium indigeste, le scénariste va plutôt proposer des origin stories de chaque personnage, afin de travailler leur psychologie, et de voir leurs différents pouvoirs. Le premier tome s’atteler alors à Geiger, un homme devenu radioactif en 2050. La surprise était déjà de taille, avec une véritable originalité dans le récit, présentant l’homme comme un père meurtri et qui se retrouve un rôle de figure paternel dans un monde dystopique. Avec Junkyard Joe, on va vraiment dans autre chose, ce qui fait toute la richesse de cette saga.  

Le début de l’histoire se déroule en 1972, en pleine guerre du Vietnam. Muddy Morris et quelques autres soldats vont en mission dans la jungle et se font attaquer. Un soldat mutique tue alors tous les ennemis, se révélant être un robot. Muddy est le seul survivant, mais il se demande s’il n’a pas rêvé. Quarante ans plus tard, l’ancien combattant est devenu un dessinateur reconnu avec les aventures de Junkyard Joe. Mais alors que sa femme décède et qu’il arrête les parutions de son comics strip, Joe refait surface, et avec lui, il amène trois soldats déterminés à le récupérer. Jusque-là, il n’y a pas vraiment de surprise, et on retrouve un pitch assez simpliste. Mais c’est mal connaître Geoff Johns qui va tisser de jolies thématiques et rendre son robot très humain, peut-être même plus que les humains eux-mêmes.

Le plus important dans cette histoire réside autour de Joe et de Gadoue (ou Muddy dans la version originale). En effet, le robot réapparait alors que Gadoue est perdu après la disparition de sa femme. Acariâtre, n’aimant pas se mêler à la population, l’arrivée de Joe va lui remettre de l’espérance, et il va surtout se rendre compte qu’il a besoin des autres pour vivre. Cela va se voir avec la famille qui aménage à côté de chez lui, où un veuf arrive avec ses trois enfants, essayant de faire le deuil d’une mère partie trop tôt. Bien évidemment, Joe va servir de lien entre les deux « familles », et permettre de tisser une amitié qui deviendra presque un fil familial revigorant. C’est relativement beau et cela permet de voir que face à l’adversité, il faut compter les uns sur les autres. La séquence de fin symbolise tout ça.

Mais ce qui fait la réelle force de Junkyard Joe, c’est finalement son personnage principal. Mutique, inexpressif, Geoff Johns et Gary Frank vont pourtant lui administrer une dose magistrale d’humanité. Joe est là pour aider. Il passe le balai, fait la vaisselle, range les habits, et il déteste les armes, au point que lorsqu’il en voit une, il la détruit. Finalement, Joe est plus humain que ceux qui le pourchassent. Des scientifiques qui revendiquent sa création et qui veulent en faire une arme de destruction. On retrouve alors la thématique de la destinée, et du fait que l’on peut changer ce pour quoi on est fait, à la base. Dynamisant son récit sur la fin, Junkyard Joe gagne encore en profondeur, devenant alors un super-héros malgré lui, dans le sens le plus noble du terme. Très clairement, on retrouve un peu de Géant de Fer là-dedans.

Au final, Junkyard Joe est une véritable claque, aussi bien dans son scénario que dans le dessin de Gary Frank, qui se veut réaliste et bien fichu. Les thèmes apportés sont très intelligents, et poussent à la réflexion autour de notre humanité et de notre volonté à vivre ensemble pour être plus fort. C’est beau, c’est doux sans être naïf, et ça n’oublie pas d’être violent, montrant l’inhumanité de certains personnages en chair et en os. Et la fin relie l’histoire avec celle de Geiger, montrant quelque chose de cohérent, et qu’une plus grosse histoire peut s’inviter sans problème. L’un des coups de cœur de cette année.

Note : 18/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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