Avis :
Il est assez étonnant de voir à quel point certains groupes ont du mal à sortir d’un certain anonymat, alors qu’ils existent depuis plus de trente ans. C’est le cas de Labÿrinth, groupe de Heavy/Power progressif italien, qui s’est formé au début des années 90 sous le nom de Morbid Vision, avant de trouver son patronyme définitif en 1994. Et malgré quelques changements de line-up, avec un chanteur qui a quitté deux fois le groupe pour mieux revenir à chaque fois, Labÿrinth a toujours sorti des albums de façon régulière, sauf si l’on excepte la pause de sept ans entre 2010 et 2017. Welcome to the Absurd Circus est le neuvième effort studio du groupe, et il faut vraiment faire fi de la pochette, qui est vraiment hideuse, car derrière, il se trouve un excellent album, long, technique, mais accessible et virevoltant.
Long, car le groupe se veut très généreux avec cet album. On dénombre onze pistes, ce qui est plutôt normal, mais pour une durée d’écoute qui dépasse l’heure. Cela signifie qu’en moyenne, les titres durent plus de cinq minutes. Un choix osé, qui correspond bien au genre Power/Heavy, mais qui bloque aussi l’accès à des écoutes rapides et à des diffusions radiophoniques (mais en même temps, ce genre passe-t-il à la radio, même en Italie ?). Tout commence avec The Absurd Circus et ses grosses six minutes. Le démarrage est tonitruant, avec de gros riffs et une batterie qui annonce du lourd, puis le chanteur entame sa section, avec un joli chant clair et une tessiture qui correspond bien au genre. On se retrouve face à un titre prenant et engageant, qui pourrait presque se voir comme une synthèse de tout l’album, avec de la technique et une belle mélodie.
Puis Live Today va continuer sur ce petit bonhomme de chemin, avec une rythmique très rapide, qui n’est pas sans rappeler DragonForce, en mélangeant allègrement deux sous-genres qui se marient à la perfection. Difficile de ne pas hocher la tête en rythme en écoutant ce deuxième titre puissant. En abordant One More Last Chance, le groupe se calme un peu et propose quelque chose de moins vif, mais qui va monter progressivement. Ici, les nappes de clavier sont plus importantes, et on fait face à un titre dont le refrain est vraiment entêtant et intéressant. Puis As Long as it Lasts va continuer sur ce style, un peu moins rapide et rugueux que les deux premiers morceaux. C’est plutôt plaisant, notamment dans les parties instrumentales qui balancent bien. De plus, on ressent un petit écho eighties qui n’est pas pour nous déplaire.
Den of Snakes, qui est le titre le plus long de l’album, va venir nous titiller les tympans avec un bon sens du tempo et de la mélodie. Le démarrage est assez calme, mais pose les bases de la ligne mélodique, puis par la suite, le morceau ne va faire que monter pour mieux nous percuter par la suite. C’est vraiment bien fichu, et on se laisse de suite embarquer là-dedans. Words Minefield sera certainement le petit point faible de l’effort. On est sur un tempo plus doux, on peut penser qu’il s’agisse d’une ballade, mais c’est un peu trop nerveux, malgré des élans mièvres qui ont du mal à s’allier. Le titre ne reste pas vraiment en tête, et ce malgré la présence d’un refrain facilement mémorisable. Il manque vraiment quelque chose pour nous embarquer pleinement. Après, le morceau reste tout de même agréable à écouter.
Avec The Unexpected, le groupe propose un vrai titre qui lorgne vers le Heavy, mais aussi le Métal Alternatif. On se retrouve avec un morceau complet, fort plaisant dans ses riffs rapides, mais qui trouve aussi de bons ressorts pour relancer une dynamique virtuose avec des moments calmes. Techniquement, c’est irréprochable, et le break est vraiment costaud. Puis Dancing With Tears in my Eyes va aller vers quelque chose de plus Power dans la mélodie, arguant un refrain qui reste immédiatement en tête. Malgré un aspect un peu régressif dans la structure, on se retrouve à chanter à tue-tête, preuve de l’efficacité du morceau. Sleepwalker va marquer une bonne rupture, avec quelque chose de plus brut, laissant plus de place à la basse. Puis A Reason to Survive va rabaisser un peu le niveau via une ballade sirupeuse inutile. Enfin, Finally Free clôture l’effort de façon percutante et virulente.
Au final, Welcome to the Absurd Circus, le dernier album en date de Labÿrinth, est une franche réussite, et une belle découverte. Restant constamment entre Heavy, Power et Alternatif, le groupe a sa propre identité et envoie du lourd, surtout lorsqu’il n’essaye pas de faire des ballades mal maîtrisées et trop peu engageantes. En l’état, cet effort est une superbe surprise à côté de laquelle il serait dommage de passer.
- The Absurd Circus
- Live Today
- One More Last Chance
- As Long as it Lasts
- Den of Snakes
- Words Minefield
- The Unexpected
- Dancing With Tears in my Eyes
- Sleepwalker
- A Reason to Survive
- Finally Free
Note : 17/20
Par AqME