avril 27, 2024

Pop Evil – Versatile

Avis :

Fondé au début des années 2000, Pop Evil fait partie de ces groupes américains qui essayent de ménager une belle dichotomie. Tout est dans le nom du groupe d’ailleurs, avec un côté Pop mercantile et une envie de faire bouger les nuques avec quelques riffs puissants et bien sentis. Le problème de ce genre de mélange est de trouver un juste équilibre afin que l’un des deux genres ne prennent pas le pas sur l’autre. Un jeu de funambule qui n’est pas si évident que ça, mais qui semble malgré tout fonctionner outre-Atlantique, où le groupe cartonne sur chaque album et à chaque nouveau clip. Versatile est le sixième album studio de la formation et il est, à quelque part, la parfaite synthèse de ce que veut représenter le groupe. Sauf que là, on sent que la machine commence à rouiller.

Après une première écoute globale, on va ressentir une profonde sympathie pour cet effort. Comme à son habitude, le groupe de Leigh Kakaty ménage la chèvre et le chou et essaye de ne pas trop partir vers de l’extrême pour pouvoir passer sur les ondes radiophoniques américaines. Pour autant, il va y avoir un profond déséquilibre au sein de cet album. Le début est relativement tonitruant. Let the Chaos Reign est un titre rageur, puissant, où le chant tient plus du rap, avec un refrain clair qui matche bien. On se laisse porter par ce morceau de Métal Alternatif plutôt réussi. La suite, avec Set me Free, sera du même acabit, même si on sent que ça commence à ralentir sévère sur le refrain. Mais ce dernier sera catchy en diable, au point de ne plus nous lâcher. Un joli coup de la part du groupe qui s’insinue en nous.

A partir de Breathe Again, on va commencer à sentir les prémices d’une descente dangereuse. Surproduit de façon infecte avec un abus de vocoder et autre autotune pour le chanteur, on aura tout de même quelques belles envolées sauvages, notamment dans le début. Mais le côté Pop, avec des modifications électroniques, prend bien le dessus, notamment sur le refrain, ce qui entache tous les travaux des guitares. Cette sensation de déséquilibre va se confirmer par la suite, avec un énorme ventre mou. Work tient plus de Imagine Dragons que de Pop Evil. En voulant donner un son très moderne à sa musique, le groupe se fourvoie et délivre un truc à la limite de l’électro dégueulasse, où il n’y a aucune attache intéressante. Une chose est sûre, les guitaristes ne se sont pas abimés les doigts sur ce titre…

Histoire de prolonger un peu plus le calvaire, on devra se fader encore deux, voire trois, chansons qui sont vraiment peu intéressantes. Inferno va nous plonger dans un mid-tempo pénible et sans intérêt, si ce n’est dans un refrain qui rentre vite en tête et qui semble taillé pour faire chanter les foules. Au même titre que Stronger (The Time is Now) qui n’a aucun intérêt, si ce n’est dans ses onomatopées faciles à retenir et qui sauront prendre le public lors de prestations scéniques. Mais globalement, il n’y a rien à retenir de ce titre faiblard. Et le pire arrive avec Raise Your Flag, d’une nullité affligeante. On est clairement dans un morceau Pop typiquement américain, qui ne possède aucune identité, ni même volonté de bousculer le monde de la musique. Le titre est même pénible à écouter, c’est dire le ratage du truc…

Après ce ventre mou, le groupe se reprend un peu. Human Nature lorgne vers un Rock plus classique, et il s’agira d’un morceau sympathique, malgré des élans Pop encore très prononcés. Cependant, la gratte fait un bon job, le riff marche bien, et on aura même un petit solo sur la fin. Alors pas de quoi se réveiller la nuit, mais le groupe retrouve un peu de sa superbe. Survivor demeure un morceau un peu timide, mais son refrain rentre immédiatement en tête, et il se révèle être très efficace. Worst in Me renoue avec les débuts de l’album et on sent l’énergie revenir à plein régime, malgré cette surproduction qui se veut moderne. Same Blood poursuivra cette belle remontée malgré un côté un peu déjà-entendu. Et enfin, Fire Inside clôturera l’album de belle manière, à l’image du style propre au groupe.

Au final, Versatile, le sixième album de Pop Evil, n’est pas forcément un bon album. Certes, ce n’est pas une purge non plus, mais les américains n’arrivent pas à trouver un juste équilibre entre Pop et Métal, octroyant un aspect surproduit à leur effort. Il y a un terrible ventre mou au milieu du skeud qui nous plonge dans une torpeur quasi inéluctable, et la légère remontée en fin d’écoute ne parvient pas à nous faire oublier cela. C’est dommage, car cet album fait partie des moins intéressants du groupe, et pourtant, il correspond bien à l’image de la formation.

  • Let the Chaos Reign
  • Set me Free
  • Breathe Again
  • Work
  • Inferno
  • Stronger (The Time is Now)
  • Raise Your Flag
  • Human Nature
  • Survivor
  • Worst in Me
  • Same Blood
  • Fire Inside

Note : 11/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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