avril 28, 2024

Jeanne et la Garçon Formidable

De : Olivier Ducastel et Jacques Martineau

Avec Virginie Ledoyen, Mathieu Demy, Valérie Bonneton, Denis Podalydès

Année : 1997

Pays : France

Genre : Musical, Romance

Résumé :

Jeanne, réceptionniste dans une agence de voyage, collectionne les amants. Un jour elle tombe sur Olivier dans le métro et c’est le coup de foudre. Mais leur amour se retrouve assombri par le grand mal de la décennie : le sida.

Avis :

Olivier Ducastel et Jacques Martineau sont deux cinéastes qui exercent depuis vingt-cinq ans maintenant. Ayant un cinéma poétique, et en même temps bien ancré dans la réalité, les deux metteurs en scène, au cours de leurs films, ont évoqué la question de l’amour, de l’homosexualité et bien sur la question du sida qui revient dans beaucoup de leurs films. Ducastel et Martineau se connaissent depuis beaucoup d’années, ils sont amis, et si Olivier Ducastel fait des études de cinéma et réalise quelques courts-métrages, Jacques Martineau, lui, se voit tout d’abord enseigner, puis petit à petit, il va finir par se mettre à collaborer avec son ami.

« Jeanne et le garçon formidable » est le premier film de Ducastel et Martineau, et pour un premier film, on peut dire que les deux réalisateurs n’ont pas opté pour la facilité, car ils se sont lancés dans une comédie musicale, style qui avait quasiment disparu du paysage du cinéma français au moment de sa sortie. À cela, ils ont aussi choisi un sujet des plus difficiles, puisque leur film parle des années sida, avec ici la rencontre et une histoire d’amour entre une jeune femme séronégative et un jeune homme séropositif.

«  »Jeanne et le garçon formidable » est un premier film osé, plaisant, intéressant, délicat et touchant. »

Ensoleillé, joyeux, vivant et en même temps sombre et plein d’émotions, « Jeanne et le garçon formidable » est un premier film osé, plaisant, intéressant, délicat et touchant. Bref, un film qui se laisse regarder avec plaisir, et dont je suis ravi d’avoir enfin pu le découvrir sur grand écran.

Jeanne, la vingtaine, est une jeune fille qui papillonne, ne cherchant absolument pas l’amour. Jeanne collectionne les garçons, car quand on en a envie, pourquoi se priver ? Puis un matin, Jeanne tombe sur Olivier, un beau garçon avec qui elle sent qu’il y a quelque chose en plus. Très vite, Jeanne se lance dans une histoire d’amour, puis très vite, le bonheur est abîmé par la maladie, Olivier étant séropositif. Si Jeanne s’en fiche, car seul l’amour compte, Olivier, lui, a bien du mal à accepter sa maladie et le regard des autres…

Faire une comédie musicale avec en toile une histoire d’amour sur fond de sida, il fallait l’oser, et encore plus avec un premier film. Et malgré un côté film engagé pas vraiment nuancé, notamment lorsque « Jeanne et le garçon formidable » aborde act up, cette première œuvre pour Olivier Ducastel et Jacques Martineau est un joli film réussi et touchant.

« Jeanne et le garçon formidable« , si l’on regarde bien du point de vue de son histoire, est une histoire d’amour avec son début et cette rencontre magique dans le métro parisien, et une fin aussi dramatique et tristement belle que le sujet du film le laissait paraître. De ce côté-là du film, on ne peut pas dire qu’il y ait grand-chose de surprenant, même si la séparation du couple reflète un sujet vraiment intéressant autour de la maladie, et son acceptation, ou encore de l’amour pour les autres.

« Le film, avec ce personnage de Jeanne, libre et libérée, est très féministe. »

Au travers de cette histoire et ses personnages, « Jeanne et le garçon formidable » est un film qui parle aussi beaucoup des années 90. Comme je le disais, le film aborde act up, association choc qui militait (et qui milite toujours d’ailleurs) avec des idées et des démarches marquantes. Puis plus loin encore, le film parle de travailleurs peu reconnus, il parle de l’envie des femmes et de l’image qu’elles peuvent véhiculer, d’ailleurs, le film, avec ce personnage de Jeanne, libre et libérée, est très féministe. Puis derrière ça encore, le film parle de la famille, de ses conventions, avec cette idée que Jeanne devrait se poser. On pourrait même dire qu’il y a un gentil choc des générations.

Puis enfin et surtout, j’y reviens, mais il y a cette façon de parler de la maladie, qui malgré son sujet dur, sombre et réel, les deux réalisateurs ne tombent pas dans le piège du pathos, du rejet, et ils ne s’enferment pas dans le malheur. Non, il y a toujours dans leur film une source de lumière, de joie de vivre, et de « la vie continue et doit continuer » et ça, c’est aussi étonnant que très bien.

L’autre idée de ce film, c’est bien sûr sa comédie musicale, et c’est là que le film de Ducastel et Martineau n’est pas égal. Si pour la très grande majorité de ses parties chantées, le film dégage une belle énergie et beaucoup de poésie, parfois il y a des séquences qui sont décalées, et même ennuyantes, à l’image de ce petit-déjeuner au lit, très « Jacques Demy-ien » où littéralement les personnages chantent pour se passer le beurre. Il est vrai que l’exercice est difficile, et sur certains de ses côtés, c’est quelque peu raté.

« Virginie Ledoyen pétillante et terriblement attachante. »

Heureusement, comme je le disais, c’est une infime partie, car pour beaucoup, le film est excellent, osé et change de ce que l’on a l’habitude de voir. De plus, si l’on pense au cinéma de Jacques Demy, auquel ce « Jeanne et le garçon formidable » rend hommage, Ducastel et Martineau arrivent aussi sans mal à s’en détacher et livrer autre chose et l’on sera étonné notamment de la pluralité des styles musicaux que le film emprunte. Ici, il y a de la pop, de l’électro, mais aussi du tango, ou encore de la musette, avec deux acteurs étonnants qui s’en sortent à merveille à chaque fois.

Et lorsque je parle des acteurs, je ne peux pas passer à côté de cette Virginie Ledoyen pétillante et terriblement attachante, ou encore de Mathieu Demy, qui est tout bonnement incroyable et extrêmement touchant dans la peau de ce jeune homme malade et plein de vie. Avec eux, on pourra compter sur Jacques Bonnaffé, Valérie Bonneton, Denis Podalydès, Laurent Arcaro, Frédéric Gorny ou encore un étonnant Michel Raskine en plombier.

Ressorti en salle pour fêter ses vingt-cinq ans, malgré de petits défauts ici et là, et un côté militantiste un peu trop prononcé, je ne regrette pas un instant de m’être arrêté sur ce « Jeanne et le garçon formidable« , car ce premier film d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, derrière son difficile sujet, est un vrai moment de fraîcheur et de romance. Les deux réalisateurs sont assez discrets, et ils mériteraient bien plus de lumière, car ils offrent un cinéma vraiment chouette et plein de vie. Si vous avez la chance d’avoir un cinéma qui joue ce « Jeanne et le garçon formidable« , n’hésitez pas.

Note : 14,5/20

Par Cinéted

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