mars 29, 2024

T.A.N.K. – Ideals Will Remain

Avis :

En 2019 et 2020, la crise du Covid a fait beaucoup de mal au monde de la culture. Au cinéma, bien entendu, avec la fermeture des salles, mais aussi à la musique, avec des annulations de concerts et des sorties restreintes d’albums. Cela a coûté la vie à beaucoup de groupes moins mainstream que certains, et d’autres ont dû se mettre en pause pour une durée indéterminée, faute de moyens financiers pour rebondir. C’est le cas de T.A.N.K., acronyme pour Think of a New Kind, groupe parisien fondé en 2006 sous le nom de Dark Signs, pour devenir un an plus tard ce qu’il est aujourd’hui. Ideals Will Remain est le dernier effort du groupe, sorti en pleine crise Covid, ne permettant donc pas au groupe de soutenir l’album sur scène, et privant ainsi la formation de leur principale source de revenu.

A ce jour donc, T.A.N.K. est en pause, ne sachant pas comment rebondir sans aide financière. Plutôt que de se sacrifier, chacun des musiciens est parti voir si l’herbe était plus verte ailleurs, essayant de trouver des solutions pour relancer la machine. Pour autant, ce groupe français souffre un petit peu d’un passif pas forcément glorieux. Dès leur premier album, des critiques émergent pour signaler un manque d’identité et une production qui n’est pas toujours juste. Cela n’altèrera pas forcément les envies du groupe, qui sortira trois albums entre 2010 et 2015. Il faudra alors attendre cinq ans et un nouveau label (Verycords, label de Trust et Dagoba entre autres) pour que ce quatrième opus voit le jour. Et de découvrir un effort sympathique, puissant, mais qui manque effectivement d’une patte reconnaissable entre cent.

D’ailleurs, on sent cela dès l’introduction avec Anima. Un aspect mélodique solide, une montée en pression et un riff costaud permettent de vite cerner les contours de ce que sera le groupe. Il faut ajouter à cela un growl bien puissant, et on navigue en terres connues. La formation ne s’en cache même pas, puisque dans sa biographie, la bande annonce des références comme In Flames ou du Thrash américain. Et bien sûr, on entend tout cela, mais il est dommage que T.A.N.K. ne cherche pas à aller plus loin. Last Days of Deception va montrer de quel bois il en retourne, et globalement, c’est plutôt bon, mais ça reste interchangeable avec n’importe quel autre groupe du même genre. De plus, on a souvent l’impression que le chant prévaut sur le reste, et l’arrivée du nouveau guitariste, pour cet album, ne se fait pas forcément ressentir.

En allant un peu plus loin dans l’écoute, on va se rendre compte que l’on enchaine les morceaux, mais sans qu’il y en ait un qui reste vraiment en tête. The Pledge est un titre nerveux et puissant, qui use même d’une alternance entre chant clair et growl, avec un aspect fédérateur, mais ça ne matche pas vraiment en nous. On peut reconnaître que c’est bien fichu, que techniquement, c’est bon, mais globalement, on reste dans quelque chose d’assez commun et qui oublie l’efficacité. Cet état de fait, on le ressent sur quasiment tout l’effort, de Shadow Hill qui promettait pourtant un moment très Death Metal, à The Phantom et ses riffs glissants, qui s’apparentent un peu à du Sludge. Le groupe a une approche plaisante, sur l’instant, ça marche, mais on oublie assez vite tous ces titres. Même l’interlude Eve n’a pas une mélodie qui marque.

Ce qui est dommage, c’est que certains riffs tabassent fort et bien, à l’image de Survivance et son agressivité prégnante, ou encore Pyro Ent qui possède des élans presque épiques. Mais toutes les partitions de grattes passent constamment au second plan, comme pour laisser plus de place au chant. Il manque une production plus massive pour donner plus d’épaisseur à l’ensemble, et plus de liant entre les morceaux. On sent que ça matche mieux avec Dead End’s Night et son refrain fédérateur qui bénéficie de bons back-up, ou encore The Essence qui clôture l’album de belle manière, avec un côté progressif qui n’est pas désagréable et permet de ressentir toute la technique des guitaristes. Une chose qui manque cruellement dans cet effort.

Au final, Ideals Will Remain, le dernier album de T.A.N.K., n’est pas un moment détestable comme on peut parfois le lire. Il s’agit d’un album sympathique, puissant et nerveux, mais qui n’arrive pas à trouver des sonorités originales pour se démarquer de la masse. Il s’agit d’un skeud plaisant lors de l’écoute, mais qui malheureusement en reste pas en tête très longtemps, la faute à une absence de hit en puissance et un aspect générique qui fait défaut au groupe. On espère tout de même une reformation et un retour sur scène pour un groupe qui en a quand même sous la pédale.

  • Anima
  • Last Days of Deception
  • The Pledge
  • Shadow Hill
  • The Phantom
  • Eve
  • Survivance
  • Dead End’s Night
  • Pyro Ent
  • The Essence

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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