avril 23, 2024

99 Moons

De : Jan Gassmann

Avec Valentina Di Pace, Dominik Fellmann, Danny Exnar, Jessica Huber

Année : 2023

Pays : Suisse

Genre : Drame, Romance

Résumé :

Bigna, sismologue de 28 ans, veut tout contrôler, jusqu’à ses jeux érotiques où elle domine ses partenaires. Frank, 33 ans, travaille de nuit dans des clubs où il s’évade dans les paradis artificiels et les relations sans lendemain. Ces deux mondes que tout oppose entrent en collision, puis s’unissent, entre attraction sexuelle et désir de liberté, déclenchant une folle histoire d’amour qui s’égrène sur 99 lunes.

Avis :

Cinéaste suisse, Jan Gassmann a étudié le cinéma, et plus précisément la réalisation de documentaires, au début des années 2000. En 2004, il présente son premier long-métrage à la Berlinade, de laquelle il repart avec un prix. Depuis, l’homme fait une discrète carrière, qui trouve bien plus son public dans les festivals où il présente régulièrement ses films, que lors des sorties en salle. « 99 Moons » est son sixième film, qui fut présenté dans la sélection de l’Acide au Festival de Cannes 2022.

« 99 Moons » est l’une de ces sorties cinéma qui est si discrète qu’elle était passée un peu au-dessus de mes radars, jusqu’à ce que je lise quelques avis positifs autour d’un film suisse qui racontait une jolie histoire d’amour, avec un message féministe derrière, et deux acteurs qui crevaient l’écran.

«  »99 Moons » est un film, et une histoire, devant lequel il est difficile d’être touché par ses personnages. »

J’aurais mis un peu de temps à trouver un cinéma qui le joue, (presque vingt jours après sa sortie, il ne reste plus que onze salles qui le diffusent), et je dois dire que j’en ressors terriblement déçu. « 99 Moons » est un film, et une histoire, devant lequel il est difficile d’être touché par ses personnages, tant ces derniers sont antipathiques au possible, et derrière ça, leur relation qui s’étend sur plusieurs années faites de hauts et de bas lasse très vite, en plus d’être glauque, voire racoleuse…

Bigna, la trentaine, ne cherche pas d’histoire d’amour. Non, ce qui l’intéresse, c’est le sexe, et on ne parle pas d’une sexualité conventionnelle. Non, Bigna cherche des sensations fortes et elle est particulièrement dominée. Puis un jour, lors d’un coup comme ça, elle rencontre Frank. Le jeune homme, d’à peu près son âge, la touche en plus de combler ses désirs. Commence alors une relation tumultueuse, qui va s’étendre sur plusieurs années de rencontres sexuelles fortes, d’essais de vie de couple, de craintes, d’espoirs, de hauts, puis de bas…

Le nouveau film de Jan Gassmann tenait pourtant un bon sujet, puisque le réalisateur raconte une histoire d’amour entre deux personnes qui ne cherchaient au départ que du sexe. A cela, il y ajoute une sexualité loin de ce que l’on a habitude de voir au cinéma, avec un personnage féminin qui cherche et aime être dominé. De plus, le metteur en scène avait envie de raconter cette histoire sur plusieurs années, puisque son film suit le cycle lunaire (en gros, le film se passe sur huit ans). Il y avait donc matière à raconter quelque chose, et dans un sens, c’est bien ce qu’il va faire avec cette relation extrême, qui va être peuplée de rencontres brèves, ou non, de séparations pour des retrouvailles encore plus torrides.

« Le film se pose comme glauque au possible. »

Mais face à cela, « 99 Moons » a bien du mal à toucher, à cause d’un rythme très lent, où malgré la multitude de rebondissements, le film laisse la sensation qu’il ne se passe pas grand-chose au final. De plus, le scénario n’arrive pas à offrir des dialogues et des conversations qui sont intéressantes. Avec ce type de relation et ce type de sexualité, il y avait de quoi faire, et le film fait l’inverse, les personnages se balançant des banalités, ou alors ils ne se parlent même pas, ce qui est bien froid pour une histoire d’amour qui est censée être brûlante, surtout dans les débuts.

Puis enfin, avec tout ça, le film se pose comme glauque au possible, avec des personnages qui se livrent à des pratiques « sales ». L’image est sombre et ne laisse échapper aucun sentiment. Puis il y a cette souffrance dans la sexualité, entre plans à trois qui résonnent comme de la provocation, des drogues, de l’urophilie, de petits côtés SM… Bref, on a l’impression que le scénario essaie de combler son vide avec des scènes de cul qui se veulent chaudes et marquantes, mais ce qui manque à « 99 Moons« , c’est de la passion. De la passion aussi bien entre ses personnages, que de la passion à raconter pour qu’on ait envie de suivre ce film, et non passer notre temps à attendre le générique de fin pour enfin être liberté.

«  »99 Moons » est bien tenu par ses deux acteurs principaux. »

Si « 99 Moons » est bien tenu par ses deux acteurs principaux que son Valentina Di Pace et Dominik Fellmann, on ne peut pas dire, comme je le disais, qu’ils tiennent des personnages touchants, qu’on a envie de suivre. Malgré des rebondissements qui pourraient se révéler être touchants, rien n’y fait, on a du mal à croire en leur sentiment et plus le film avance, plus il s’enfonce dans le glauque et plus l’on se fiche finalement de ce qui peut leur arriver, ce qui est vraiment dommage, car je le répète, dans ce que Jan Gassmann leur demande de faire, on ne peut pas dire qu’ils soient mauvais.

Ainsi, je ressors bien déçu et surtout très ennuyé de ce « 99 Moons« . Avec cette histoire d’amour crue qui s’étale sur plusieurs années, le réalisateur n’arrive pas à raconter quelque chose qui se fait intéressant. « 99 Moons » s’étend, s’éternise, et derrière ça, le glauque de son histoire, son côté racoleur, a bien du mal à convaincre et c’est tellement dommage, car sur sa note d’intention, « 99 Moons » avait des choses intéressantes à raconter, mais rien n’y aura fait…

Note : 06/20

Par Cinéted

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.