septembre 27, 2023

Sherlock Holmes

D’Après une Idée de : Steve Previn, Sheldon Reynolds et Jack Gage

Avec Ronald Howard, Howard Marion-Crawford, Archie Duncan, Richard Larke

Pays : Etats-Unis

Nombre d’Episodes : 39

Genre : Policier

Résumé :

Sherlock Holmes est chargé de résoudre différents mystères.

Avis :

Au fil de l’histoire du cinéma et de la télévision, on ne compte plus les adaptations de l’œuvre d’Arthur Conan Doyle. Des courts-métrages de la période expressionniste en passant par les films hollywoodiens, Sherlock Holmes a été décliné sous tous les angles possibles et imaginables. En parallèle des productions qui s’attellent à respecter le canon holmésien, d’autres projets se sont insinués dans leur époque. Preuve en est avec les métrages mettant en scène Basil Rathbone et Nigel Bruce qui se sont autorisés quelques digressions historiques en pleine Seconde Guerre mondiale. Dans une mouvance similaire, la présente version de Sherlock Holmes se veut une adaptation relativement libre des enquêtes du détective domicilié au 221B Baker Street.

Sortie en 1954, la série Sherlock Holmes est l’une des premières en son genre. À l’époque, le petit écran essaye de s’imposer face au cinéma. L’idée n’est pas forcément de concurrencer cet autre média, mais de lui offrir un complément qui gagne en accessibilité et en proximité auprès du public. Cela s’entend par la facilité à suivre des programmes. La fidélisation du téléspectateur passe alors par la récurrence des émissions et des concepts télévisuels. En l’occurrence, les premières séries à voir le jour surviennent dans un contexte proche de l’avènement du cinéma muet, du moins pour la créativité des artistes où tout restait à faire. Il fallait néanmoins concilier les impératifs de la production avec les codes moraux particulièrement vivaces et restrictifs à l’aube des années 1950, a fortiori aux États-Unis.

Aussi, Sherlock Holmes s’avance comme un excellent compromis pour satisfaire le public, les censeurs et les commanditaires du projet. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un cas endémique, la série a de particulier qu’elle exploite une œuvre britannique pour une production américaine dont le tournage s’est déroulé… en région parisienne ! Pour autant, il faudra attendre plus de 6 ans pour la voir arriver sur les écrans français. Cela étant dit, l’intrigue met immédiatement dans l’ambiance d’un Londres victorien illusoire, au regard des conditions de réalisation. À l’époque, l’ensemble n’est pas encore scindé ou prévu pour plusieurs saisons. On compte ainsi 39 épisodes dont la durée n’excède pas 25 minutes.

Le format tient à fournir un divertissement de courte durée, dont l’usage vise également à tester l’intérêt du public. Toutes les histoires sont indépendantes et demeurent parfaitement intelligibles avec une narration dont la temporalité est non linéaire. Comme pour les livres ou de précédentes adaptations, le schéma des enquêtes présente peu de variations. Après l’évocation des faits, on assiste aux investigations. Celles-ci se déclinent sous forme d’enquêtes de terrain, d’interrogatoires, voire de tentatives d’infiltration dans les milieux criminels ou les cercles aisés. Dans le cas présent, la principale difficulté est de condenser la densité des affaires sur un laps de temps aussi réduit.

Dès lors, on délaisse parfois la complexité desdites enquêtes pour aboutir vers des dénouements quelque peu précipités. Il n’est pas rare qu’on assiste à des explications simplistes, voire à certains éléments occultés ou téléphonés pour conclure. En dépit de ces maladresses, justifiables par l’exercice expérimental de l’entreprise, on retrouve ce qui fait le charme de l’univers d’Arthur Conan Doyle. À commencer par les capacités de déduction de son protagoniste et de son talent sans commune mesure pour résoudre les affaires qui lui sont présentées. Par ailleurs, l’alchimie du duo avec Watson fonctionne. Parfois étourdi, celui-ci ne fait nullement office de faire-valoir, mais d’ami loyal et courageux.

On notera également une complicité appuyée avec l’inspecteur Lestrade dont la présence est davantage soutenue que pour d’autres adaptations. Si ce dernier ne se départit de son image de policier benêt, il s’avère aussi un fidèle allié, ainsi qu’un inspecteur intègre. On regrette néanmoins l’absence de figures incontournables, dont Mrs Hudson ou le professeur Moriarty. En ce qui concerne les décors, on dénote une prédominance d’environnements intérieurs, tournage en studio oblige. Les extérieurs sont peu représentés, exception faite d’incursions dans la campagne anglaise ou cette curieuse affaire d’espionnage qui place les protagonistes aux pieds de la tour Eiffel.

Au final, Sherlock Holmes est une série policière distrayante. L’une des premières productions télévisuelles notables s’adresse autant aux amateurs de l’œuvre d’Arthur Conan Doyle, toutes libertés prises assumées avec le canon holmésien, qu’à un public familial. On songe notamment à une ambiance légère où les dialogues s’essayent à quelques taquineries et autres réparties humoristiques. Malgré certains pans narratifs trop évasifs ou éludés, les enquêtes se suivent sans déplaisir, diversifiant à minima les enjeux et les mobiles ; des affaires géopolitiques aux crimes d’intérêt. Il en ressort une adaptation honnête qui, à sa mesure, expérimente les fondamentaux de la série TV.

Note : 14/20

Par Dante

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