avril 20, 2024

Oceans of Slumber – Starlight and Ash

Avis :

Très souvent, les groupes de Métal sont formés sur les cendres encore fumantes d’anciens groupes qui n’ont pas tenu la route. Oceans of Slumber fait partie de ceux-là, puisque tous les membres originels sont issus de Demoniacal Genuflection, un groupe de Grind fondé en 2004, avec un seul album à leur actif sorti en 2010. Délaissant ce genre extrême pour aller vers quelque chose de plus progressif et plus doux, c’est après seulement un album que les choses vont se compliquer. En effet, tout le monde se barre entre 2018 et 2019 (le chanteur s’est cassé, quant à lui en 2014), si ce n’est le batteur, qui va recruter en premier lieu Cammie Gilbert pour le chant, puis le guitariste de All Life Dies. Ce petit monde va alors continuer la vie d’Oceans of Slumber, jusqu’à Starlight and Ash, le cinquième opus de la bande de Houston.

Pour tous ceux qui ne connaissent pas le groupe, il ne faut pas s’attendre à du gros son bien gras, ni même à du symphonique, malgré la sublime voix de la chanteuse. Si on devait ranger la formation dans une case, ça lorgnerait du côté du Rock Progressif, avec des pointes un peu plus agressives de temps à autre. Cependant, ce qui marque le plus avec Oceans of Slumber, c’est sa capacité à créer des ambiances délétères, éthérées, qui nous emportent dans une sorte de transe apaisante. Et cela malgré des paroles très dures autour de la mort, de la souffrance et de toutes les peines dans le monde. Le morceau qui illustre le plus cela est The Waters Rising. Dès le démarrage, batterie et grattes font un boulot superbe et laisse beaucoup de place à la voix cassée de Cammie. Le résultat est tout simplement envoûtant.

Cette sensation un peu vénéneuse va durer tout l’album, ne nous laissant finalement que peu de répit, tant il y a un travail ciselé sur l’ambiance. Hearts of Stone sera un peu plus rude dans les riffs de guitares, mais on reste dans un Rock ensorceleur qui ne peut laisser indifférent. L’utilisation de la voix et des instruments est parfaite pour créer un ensemble cohérent et massif. Certes, ce n’est pas forcément taillé pour la scène, mais c’est un bonheur à écouter, confortablement installé. The Lighthouse aura même un petit côté Rock sudiste qui est utilisé avec parcimonie et intelligence. La guitare donne toute son identité au morceau qui fonctionne à plein régime, même si on reste dans quelque chose de très calme. Une sensation que l’on retrouve dans les deux morceaux suivants, et notamment l’introduction de Red Forest Roads. Une mélancolie inattendue et bienvenue !

Et une mélodie qui n’est pas sans rappeler The Animals, une référence qui viendra dans l’album, avec une reprise molle de House of the Rising Sun, mais qui utilise parfaitement l’alto pour donner un aspect folklorique au titre. Mais la mélancolie prend toute son ampleur avec The Hanging Tree, qui est très calme, mais possède une force envoûtante insoupçonnée. On se surprendra même à reprendre les chœurs, très facilement entêtants. Salvation, et le titre suivant, Star Altar, iront vers un autre registre. Plus long, dépassant chacun les cinq minutes, on verra vraiment le potentiel prog du groupe. Et une montée crescendo vers une belle puissance, qui permet de voir une autre facette du groupe. Alors, bien évidemment, les deux titres sont moins catchy dans leur structure, mais ils participent au côté envoûtant de l’ensemble. Et ils restent les deux titres les plus complexes de l’album.

Sur la fin de l’album, on reste toujours sur quelque chose de très lent, mais aussi de très sensible. The Spring of 21 est un morceau instrumental uniquement au piano, et très clairement, on ne s’attend pas à ça, surtout venant de la part d’un groupe dit « métal ». Cela permet d’annoncer Just a Day, qui est dans la continuité, même si le début peut laisser à penser à du Evanescence. Mais à l’époque d’Immortal, ce qui est plutôt un compliment. Le titre montre petit à petit, et reste une belle pièce de l’album. Enfin, difficile de passer à côté de The Shipbuilders Son qui clôture l’effort de la plus belle des façons. Le titre est une sorte de synthèse de tous les morceaux, avec tout ce qui fait le charme d’Oceans of Slumber, c’est-à-dire la voix à fleur de peau de Cammie et une symbiose parfaite avec les musiciens.

Au final, Starlight and Ash, le dernier né d’Oceans of Slumber, est une très belle réussite, même si on s’éloigne clairement d’un « métal » prog, pour se rapprocher d’un Rock, parfois nerveux, mais souvent doux et envoûtant. C’est d’ailleurs ce qui fait le charme de cet album, qui ne fait jamais dans la surenchère et propose un véritable voyage dans un rêve à la fois serein et pourtant perclus de zones sombres. Bref, un très bon album, qui montre la sensibilité que peuvent avoir les métalleux.

  • The Waters Rising
  • Hearts of Stone
  • The Lighthouse
  • Red Forest Roads
  • The Hanging Tree
  • Salvation
  • Star Altar
  • The Spring of 21
  • Just a Day
  • House of the Rising Sun
  • The Shipbuilders Son

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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