avril 20, 2024

Monuments – Phronesis

Avis :

La vie d’un groupe de Métal est rarement un long fleuve tranquille. Bien souvent, les changements de line-up font évoluer une formation, quand cela ne lui coûte pas son avenir. Monuments en est un exemple flagrant, puisqu’avec ses dix ans d’existence, ce n’est pas moins de neuf musiciens qui ont quitté les rangs, cinq musicos qui sont venus prêter main forte pour les concerts, et une stabilité trouvée en 2019. Phronesis est le troisième effort du groupe, et il intervient en 2018, dans une période assez troublée pour la bande anglaise. Et pour preuve, les enregistrements se sont faits à différents endroits (un lieu pour les grattes, un pour la batterie et un pour le chant) pour ensuite être mixés dans un quatrième studio. Un joli bordel qui aurait pu aboutir à un album bancal, et pourtant, cet opus s’avère plaisant à bien des égards.

Le skeud débute avec A.W.O.L., et il contient tous les ingrédients d’un Métalcore simple, mais efficace. On aura droit à une petite introduction à la gratte, avant des riffs plus incisifs et un chant qui mélange allègrement le screamo avec le chant clair. Rien de vraiment extraordinaire, mais l’énergie est là, et globalement, on en a pour nos oreilles. Il en sera de même avec Hollow King qui va rechercher quelque chose de vif et de brutal pour mieux nous cueillir. Le seul petit problème que l’on va avoir, c’est la discrétion de la gratte qui parfois n’arrive pas vraiment à se faire entendre. Elle demeure trop discrète dans les couplets pour vraiment nous percuter. De plus, le refrain est assez faiblard, surtout dans la liaison entre chant clair et scream. On sent qu’il manque un truc en plus pour rendre le son plus rond, plus lourd.

Alors, bien évidemment, c’est très plaisant, et le titre fait le job, mais on sent qu’il lui manque un rien pour vraiment nous percuter un peu plus. Et Vanta va aller dans ce sens. On ressent la douceur, qui est souvent inhérente au Métalcore (et qui fait bondir les « vrais » métalleux), mais moins les moments de colère et de rage. On a vraiment la mélancolie qui se dégage de l’ensemble, mais étrangement, pas le reste. Et c’est dommage que la seule chose qui reste est le côté sirupeux dans un titre de métal. Et ce n’est pas Mirror Image qui viendra nous faire dire le contraire, puisqu’il s’agit d’un morceau relativement sage (trop) qui manque d’impact. Le chanteur a beau s’évertuer à beugler dans son micro, ça reste très timide, et le refrain prend bien trop de place.

Heureusement qu’Ivory va venir nous réveiller un peu après ce ventre mou. Le groupe renoue avec un pur titre Core qui vient pour déboîter des bouches, et pas seulement pour montrer qu’il sait faire du chant. Le morceau trouve un bel équilibre entre le clair et le scream, et au niveau des riffs, c’est plus puissant et incisif. Monuments arrive à se détacher d’un côté un peu trop poseur, et ça fait du bien. Stygian Blue fait un peu retomber la sauce, même si on aura droit à des passages vraiment intéressants qui vont venir taper un peu nos tympans. Et le refrain, malgré son aspect très mercantile, marche bien. Mais ce n’est rien comparé à Leviathan, qui va venir nous mettre à terre, prouvant que le groupe est capable de faire de gros titres. Et même si ce n’est pas vraiment original, ça fait réellement le taf.

En abordant Celeste, le groupe continue son petit bonhomme de chemin, arborant un Métalcore sans génie mais plutôt bien fichu. On est dans quelque chose de carré, de bien ficelé, et qui est fait pour combler les fans de chant clair, comme ceux qui préfèrent quand ça gueule. Rien de transcendant, mais ça s’écoute bien. Jukai nous laissera plus dubitatif, notamment sur son introduction à rallonge qui n’apporte rien, ou sur sa conclusion qui manque de mordant. Enfin, The Watch, on retrouve un son plus lourd, plus rond, qui sied bien mieux à la formation, même si la voix du chanteur manque parfois de profondeur (ce qui évoluera avec l’arrivée d’Andy Cizek pour prendre la relève). Le groupe propose un dernier titre qui envoie, et qui fait du bien, mais qui demeure trop rare dans cet album. Un album satisfaisant, mais qui manque d’allant et d’envie d’en découdre.

Au final, Phronesis, le troisième album studio de Monuments, est un bon moment dans un Métalcore qui réserve bien peu de surprises. Certes, c’est bien fichu, c’est plutôt bien produit et on retrouve des morceaux qui sont vraiment intéressants (Leviathan, The Watch), mais dans sa globalité, cet effort manque d’originalité et d’une volonté de transpercer des codes déjà préétablis. De ce fait, même si le moment est agréable, il est loin d’être transcendant, et c’est bien dommage quand on connait les qualités techniques des musicos.

  • A.W.O.L.
  • Hollow King
  • Vanta
  • Mirror Image
  • Ivory
  • Stygian Blue
  • Leviathan
  • Celeste
  • Jukai
  • The Watch

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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