mai 3, 2024

Saez – #Humanité

Avis :

Il arrive que certains artistes crachent allègrement dans la soupe, et que cela leur revienne un peu dans la tronche. C’est le cas de Damien Saez qui a une relation très complexe avec les médias et la société de consommation dans sa globalité. Se faisant connaître en 1999 via son tube Jeune et Con, l’artiste va montrer son aversion envers notre société et ses dérives. Détestant, à juste titre, le monde capitaliste dans lequel on vit, ainsi que les médias qui jouent un jeu un peu puant, il n’a plus fait d’apparition à la télé et à la radio depuis 2012. Cependant, cela ne veut pas dire qu’il n’a rien sorti, car l’homme est très prolifique et se sert des réseaux sociaux pour « vendre » ses albums. Humanité est le onzième effort studio de Saez, et il fait partie du quadruple album Le Manifeste.

Cet album est assez intéressant car il va créer le buzz lors de sa sortie, notamment à cause de son single, P’tite Pute. Saez a pour habitude de faire parler de lui à travers les réseaux sociaux, il s’est d’ailleurs forgé une communauté très forte, qui le suit à travers ses différentes péripéties. Comme on peut s’en douter, le morceau va scandaliser une partie de la presse et de la population (du moins ceux qui ont écouté l’album) par ses paroles crues et sa prise de position quant aux influenceuses et aux nanas qui font des vidéos sur le net. Un titre aux accents misogyne, dont on peut comprendre la colère par cette apologie du vide, mais qui ne justifie en rien la violence des paroles. Damien Saez cible même certaines « stars » comme Nabilla, et encore une fois, ça reste très vulgaire, et ça dénaturalise presque le propos.

Si, à la rigueur, c’était le seul titre qui avait ces élans de violence et de vulgarité, on pourrait faire un trait dessus, mais visiblement, le chanteur a besoin d’insulter pour extérioriser ses démons. On peut aussi évoquer Elle Aimait se Faire Liker qui critique ouvertement les influenceuses et le fait qu’elles montrent leur cul pour vendre et gagner des abonnés. L’aspect un peu punk de la rythmique aurait pu être un bon élément, mais malheureusement, les paroles sont franchement limites, et toute la poésie qui peut habiter l’artiste a disparu. A la rigueur, le côté électro de certains titres passe mieux avec des paroles crues, comme La Belle au Bois qui évoque les soirées en boîte de nuit. Encore une fois, on retrouve une critique acerbe sur les filles qui font des likes sur internet, mais d’un point de vue musical, c’est presque plus agréable.

Le sexe est aussi l’une des obsessions de Damien Saez, puisque c’est un sujet qui se retrouve dans presque tous les titres. Le chanteur doit un problème avec les culs, puisqu’il utilise à plusieurs reprises et dans plusieurs titres les termes « le cul en arrière », et certains morceaux sont carrément des déclarations d’amour un peu virulentes. On peut évoquer L’Attentat et ses paroles qui semblent écrites par un adolescent amoureux tant elles sont pauvres, ou encore Ma Religieuse, qui clôture l’album, mais qui ne fait que parler de sexe et de cul. Si la comparaison avec la religion, autre sujet récurrent dans l’effort, est intéressante, on reste tout de même assez circonspect sur le fond. Pour autant, certaines pistes ne sont pas désagréables, comme Humanité qui commence l’album, et qui contient quelques fulgurances intelligentes. Les Guerres des Mondes est aussi un titre malin qui monte progressivement.

On ne peut reprocher à l’artiste de chercher de la variété dans ses sonorités. Si l’on aura droit à quelques délires Rock, électro ou même Punk, il y a tout ce qui définit Damien Saez dans cet album. Le gros souci provient simplement des paroles, qui sont franchement détestables, souvent misogynes, et parfois à la limite du racisme et du bon goût. Par exemple, Burqa est un morceau d’une nullité affligeante, avec comme refrain, « les bonnes en bikini et les moches en burqa ». Avec ça, on tombe dans quelque chose de complètement débile, et de totalement binaire dans son approche. Cela reflète aussi le côté outrancier de l’artiste, mais ça ne rime à rien, et ce n’est même pas drôle. En plus de cela, il faut aussi se taper des titres de sept minutes, qui débutent tous pareil au début, et c’est très pénible.

Au final, Humanité, le onzième album de Damien Saez, est un ratage en beauté. Les élans poétiques de l’artiste sont aux abonnés absents pour qu’il ne reste plus que le cynisme et les attaques frontales sans intérêt. Si l’on peut trouver des rythmiques intéressantes et une recherche constante de varier les genres, cela ne suffit pas à faire passer une pilule amère où les insultes violentes ont pris la place à une intelligence qui aurait été plus efficace. Triste constat.

  • Humanité
  • Les Guerres des Mondes
  • La Mort
  • J’Envoie
  • P’tite Pute
  • La Belle au Bois
  • Amour Criminel
  • Elle Aimait se Faire Liker
  • L’Attentat
  • Burqa
  • Ma Religieuse

Note : 05/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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