avril 20, 2024

Dust in Mind – Oblivion

Avis :

Quand on évoque le métal industriel, on pense immédiatement à des groupes allemands ou américain (Rammstein, Ministry) et pas forcément à la France. Il faut dire qu’en termes de métal, si l’on a de nombreux de qualité, il faut souvent creuser les affres du net pour dénicher quelques perles. Contrairement à d’autres styles tout aussi extrêmes, le métal reste relativement boudé par les grands médias en France. Cependant, certaines formations de métal industriel commencent à émerger, notamment Shaârghot et Dust in Mind. Ces derniers se sont formés au début des années 2010, et c’est en 2015 qu’un premier album voit le jour. Fort de ce succès et savant mélange entre une voix crié/growl et un chant clair féminin, Dust in Mind va collaborer avec un label allemand afin de produire ses albums suivants. Dont Oblivion, le deuxième effort du groupe, sorti en 2017.

C’est un peu grâce à cette galette que le groupe strasbourgeois s’est fait connaître autour d’un public plus large. En effet, c’est assez celui-ci qu’ils partent en tournée européenne pour soutenir Pain. Puis par la suite, ils feront l’ouverture de Arch Enemy lors de sa tournée française. L’histoire de Dust in Mind peut alors prendre de l’ampleur. Pour autant, bien que l’on retrouve de très bons éléments au sein de cet effort, on va aussi se rendre compte qu’il s’agit des prémices d’un groupe qui ne demande qu’à grandir. Pour preuve, avec Get Out, la formation démarre très fort, mais oublie parfois la mélodie pour aller vers quelque chose de plus brut, mais de moins maîtrisé. Le mélange des voix reste assez classique, avec un couplet chanté par la voix harsh et le refrain par la chanteuse. C’est classique, mais ça fonctionne et ça nous met dans le bain.

Par la suite, le groupe va nous servir des titres intéressants, mais qui se révèlent moins percutants, essayant de mettre en avant les guitares et des mélodies plus prégnantes. On sent que Dust in Mind se cherche un peu et a du mal à digérer certaines références. Spreading Disease s’appuie sur des riffs qui font très Nu-Métal, avec quelques fulgurances un peu Indus, mais le refrain manque de ferveur pour vraiment nous embarquer. Il en sera un peu de même avec Lullaby, qui démarre pourtant avec des riffs lourds et puissants, mais qui va s’essouffler un peu dès que le chant démarre. Encore une fois, les inclusions électros sont sympathiques et donnent de l’épaisseur à l’ensemble, mais globalement, le tout manque un peu d’équilibre. Il y a une trop grande différence entre le couplet et ses riffs, et le refrain qui manque d’allant.

I’m Different va tenter alors de rectifier le tir en proposant quelque chose de plus « travaillé », dans le sens où il y a une recherche un peu plus complexe dans l’approche musicale. Rien de bien compliqué non plus, mais on retrouve une sorte d’ambiance un peu plus sombre, avec une rythmique qui peut évoquer Adema. Mais la plus grosse surprise surviendra avec MRS. Epilepsy. Il s’agit ici d’une ballade toute douce, mais qui recèle un fond assez dépressif, et globalement, c’est très réussi. La voix de Jennifer se fait moins nasillarde, et on sent qu’elle est à l’aise dans cet exercice. Alors oui, ça tombe un peu comme un cheveu sur la soupe, mais on peut aussi voir cela comme un interlude, et c’est très intéressant. Avec Oblivion, le groupe revient à ses premiers amours, et on y trouve du bon, et du moins bon.

C’est-à-dire que dans ce morceau, on retrouve un peu toutes les scories du groupe, qui veut trop en mettre. Parfois, c’est très brouillon dans la mélodie, avec de gros riffs, des ajouts électriques, un mélange de chant clair féminin et de growl, bref, c’est un gros bazar, et c’est dommage, car il y a aussi de bonne chose, dont une énergie communicative. On retrouve cela sur Born to Fight, qui propose un rythme d’enfer dès le départ, mais en oublie une certaine cohérence en son milieu. Encore une fois, le groupe ne met beaucoup trop, et la production n’arrive pas forcément à suivre. Chose que l’on ne retrouve pas forcément sur Too Far, plus équilibré, ou encore Anesthesia, qui arrive à enclencher des riffs lourds et puissants, mais avec une rythmique particulière assez plaisante. Coward viendra conclure tout ça dans un gros délire électro-métal plutôt bordélique, mais assez réjouissant.

Au final, Oblivion, le deuxième album de Dust in Mind, propose un sympathique voyage qui pose les bases de la musique du groupe. Malgré des scories et quelques morceaux un peu foutraques, la formation offre un album nerveux, référencé et qui fait du bien dans le paysage français. Certes, depuis le groupe a prouvé sa réelle valeur, mais c’est grâce à cet album, et sa volonté de sortir un peu du carcan « métal français », que Dust in Mind a percé, et on ne peut qu’être admiratif de cela.

  • Get Out
  • Spreading Disease
  • Lullaby
  • I’m Different
  • MRS. Epilepsy
  • Oblivion
  • Born to Fight
  • Too Far
  • Anesthesia
  • Coward

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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