avril 20, 2024

Code Orange – Underneath

Avis :

Dans la catégorie, les jeunes ont du talent, on a pioché la carte Code Orange. Formé à la fin des années 2008 alors qu’ils ne sont que lycéens, Code Orange Kids (comme ils se font appeler à leurs débuts) va se faire remarquer mais va avoir du mal à participer à des tournées, à cause des cours. Pour autant, cela n’empêche pas le groupe de signer sur un premier label, Deathwish Inc., et de proposer un premier album que l’on peut qualifier de Punk Hardcore à tendance Deathcore. Le groupe évolue tranquillement, profite de premières parties prestigieuses comme Killswitch Engage ou encore Misfits pour se faire la main et revient en 2020 avec un nouvel album, le quatrième, Underneath, chez Roadrunner Records. Toujours fidèle à une musique extrême, les américains vont explorer ici un thème étrange, floutant la limite entre l’humain et la robotique. Le résultat est… surprenant.

Le skeud, généreux avec ses quatorze titres, débute avec une introduction qui pourrait faire l’affaire d’un film d’horreur. On y entend une jeune femme qui dit une phrase sensuelle de façon très éloquente, puis le groupe de partir très rapidement en couille avec Swallowing the Rabbit Whole. Un titre percutant, virulent, mais qui manque de cohérence et de sens. En effet, au lieu de profiter pleinement de riffs accrocheurs en diable, le groupe préfère insérer des ajouts électro qui coupent la voix, ou modifient certains sons (un peu comme si la musique coupait) afin de rendre l’ensemble très robotique. Le thème est bien exploré, en accord même avec la jaquette, mais il manque cruellement ce petit plus de cohérence pour que le morceau soit pleinement évocateur. On sent que le groupe a de l’idée et souhaite sortir des sentiers battus, mais il lui manque du liant.

On retrouvera cet adage sur quasiment tous les titres de l’album. In Fear débute de façon déstructurée avec de gros sons et des bruits de modem 56k, pour ensuite partir vers quelque chose de plus virulent, et de presque inaudible. Le chant manque d’ampleur aussi et on restera de marbre face à un titre que l’on voit mal défendre sur scène tant les ajouts ont de l’importance. Alors oui, c’est lourd et gras, mais tout cela n’a pas l’impact souhaité. A la rigueur, l’ambiance morbide prend racine et permet au groupe d’imposer une image particulière, protéiforme et sale. On peut rajouter You and You Alone, qui débute comme du Slipknot première génération, avant d’aller explorer des contrées plus violentes et sans aucune imagination. C’est dommage, le début promet de belles choses, mais ça tombe à plat à cause d’une incapacité à sortir d’une violence sans aucun sens.

Au milieu de tout ça, on retrouve des titres anxiogènes au possible et qui arrivent à tirer leur épingle du jeu de par une atmosphère délétère qui irait parfaitement bien aux films de Rob Zombie, par exemple. Who I Am en est la parfaite représentation, avec ses bruits lugubres et ses riffs atmosphériques éthérés. On peut aussi citer Sulfur Surrounding, qui est peut-être l’un des titres les plus accessibles de l’album. La structure est simple et le chant, plus clair, permet de mieux se repérer dans un morceau qui possède tout de même une ambiance particulière. Autumn and Carbine est du même acabit, avec quelques élans Punk bien surviennent comme une petite surprise. On peut aussi évoquer Underneath, ou A Sliver, qui possèdent des relents électro, voire rap sur certaines parties chantées, ce qui reste une petite surprise.

Mais ce qui va surtout rester au sein de cet album, ce sont les morceaux qui ne s’impriment jamais dans nos têtes. Les raisons sont multiples. Certains titres manquent clairement de cohérence et de liant. On peut citer l’hyper violence inutile de Erasure Scan ou encore l’absence flagrante d’envie musicale sur Cold.Metal.Place, qui accumule les clichés du genre et ne se sort pas d’un certain marasme. Il résulte de l’ensemble un fourre-tout qui bénéficie d’un thème commun, celui de la vallée dérangeante, où la technologie floute les barrières entre humanité et machine. Code Orange tente des choses, ajoute des effets numériques pour mieux nous perdre dans des situations qui ne sont pas évidentes à appréhender. L’intention est louable, le résultat l’est moins.

Au final, Underneath, le dernier album en date de Code Orange, est un album qui ne trouve pas le juste équilibre entre les ajouts électro pour rendre une ambiance voulue, et une violence inhérente à leur style, qui va parfois trop loin. Les jeunes musiciens ont du talent, mais ils rendent une copie très difficile d’accès, qui manque de nuances et qui ne percute jamais vraiment, la faute à une absence crasse de titres vraiment intéressants ou mémorables. Bref, c’est bien, mais pas autant que ce que l’on aurait voulu. A trop traiter son sujet, le groupe s’est enfoncé trop loin dans un délire musical sans finesse.

  • (deeperthanbefore)
  • Swallowing the Rabbit Whole
  • In Fear
  • You and You Alone
  • Who I Am
  • Cold.Metal.Place
  • Sulfur Surrounding
  • The Easy Way
  • Erasure Scan
  • Last Ones Left
  • Autumn and Carbine
  • Back Inside the Glass
  • A Sliver
  • Underneath

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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