avril 26, 2024

Apaches – Gangs of Paris

De : Romain Quirot

Avec Alice Isaaz, Niels Schneider, Rod Paradot, Artus

Année : 2023

Pays : France

Genre : Drame, Historique

Résumé :

1900. De Montmartre à Belleville, Paris est aux mains de gangs ultra violents qui font régner la terreur sur la capitale : les Apaches. Prête à tout pour venger la mort de son frère, une jeune femme intègre un gang. Mais plus elle se rapproche de l’homme qu’elle veut éliminer, plus elle est fascinée par ce dernier.

Avis :

Dans le paysage du cinéma français, Romain Quirot est une figure ambitieuse. Après une carrière dans le clip et la publicité, au cours des années 2010, il se lance dans la réalisation de courts-métrages et de documentaires. Parmi ses réalisations, « Le dernier voyage de l’énigmatique Paul W.R » se démarque et le fait remarquer. Avec ce film, Romain Quirot est sélectionné par plus d’une cinquantaine de festivals, d’où il ressort bien souvent primé, et derrière ça, son film sera même dans la finale de la présélection pour l’Oscar du meilleur court-métrage. Avec un tel succès, et une envie de cinéma, Romain Quirot va mettre un peu de temps, mais il réalisera un premier long-métrage qui sera l’adaptation justement de « Le dernier voyage de l’énigmatique Paul W.R« . Sorti le 19 Mai 2021, « Le dernier voyage » fut le premier film que je voyais après la deuxième fermeture des cinémas, et j’avais pris un sacré plaisir à suivre ce petit film de SF français qui débordait d’ambition.

Après s’être testé au film de science-fiction, Romain Quirot change d’univers, et du futur il passe aujourd’hui dans le passé, pour loger son nouveau film dans le Paris de la belle époque. Ambitieux, punk et rock’n’roll, coloré, classe, mélangeant film de gangster avec un côté western et un revenge movie, « Apaches » est un film aussi efficace qu’il est cool. Tenant une intrigue qu’on a déjà vue, et derrière ça qui est assez basique, puisqu’il s’agit d’une énième histoire de vengeance, « Apaches » se pose pourtant comme un film coup de cœur, qui en envoie, offrant un cinéma français comme on adorerait en voir bien plus souvent !

« Il est bien difficile de ne pas penser au « Gangs of New York » de Martin Scorsese. »

Paris, au début des années 1900, de Montmartre à Belleville, les Apaches est un gang qui sème le bordel et la terreur dans les rues de Paris avec comme cible de base, le bourgeois. Il y a des années de cela, Billie a perdu son grand frère, Ficelle, qui fut poussé au suicide en jouant à la roulette russe avec Jésus, le chef des Apaches. Après des années de prison, la jeune femme ressort avec une idée en tête, venger la mort de son frère, et régler le compte à tous les Apaches…

Avec « Le dernier voyage« , Romain Quirot avait fait la promesse d’un cinéma français autrement. Un cinéma français qui verrait plus loin et qui oserait, et avec ce deuxième film, le jeune réalisateur tient toutes ses promesses, faisant bien mieux que son premier film.

Cette fois-ci, c’est au début du siècle dernier que Romain Quirot a posé sa caméra pour suivre un gang des rues de Paris, qui faisait régner sa loi. S’inspirant d’un véritable gang, le réalisateur a imaginé une intrigue autour d’une vengeance, avec une jeune femme qui infiltre le gang pour mieux le décimer par la suite. Alors c’est vrai que sur le papier, avec ce synopsis-là, on ne peut pas dire que « Apaches » soit grandement original, et des histoires comme ça, de vengeance, on en a déjà vu cinquante. D’ailleurs, à la découverte de ce film, il est bien difficile de ne pas penser au « Gangs of New York » de Martin Scorsese, dont à coup sûr, il fut une référence pour ce film. Mais parfois, comme le dit simplement l’expression, c’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures tambouilles, et si Romain Quirot fait dans le déjà vu, force est de constater avec plaisir que son film est efficace, et derrière ça, il se pose surtout comme très plaisant à suivre.

« Le film arrive à tenir une forme de suspens. »

Ce qui est fait qu’ »Apaches » se fait excellent, c’est qu’il tient une galerie de personnages qui sont tous excellents et auxquels on s’attache. De plus, avec ça, le réalisateur a su écrire des personnages qui sont assez complexes, chacun ayant une part d’ombre et une part de lumière, et ça, on le ressent encore plus lorsque le film installe une relation ambiguë entre la sœur vengeresse et l’assassin de son frère, qui sont tous deux parfaitement tenus par une Alice Isaaz étonnante, qui en envoie en Apache pleine de fureur, et un Niels Schneider très ambigu en chef de gang anti-bourgeois qui se brûle les ailes.

Si l’intrigue, dans son fil rouge, demeure linéaire, le film est lui très bien construit, découpé en chapitres qui racontent chacun quelque chose d’intéressant. De plus, le film arrive à tenir une forme de suspens, qui fait qu’on a toujours envie d’aller jusqu’au bout de cette histoire, car on n’est vraiment pas sûr de savoir comment celle-ci va se conclure. D’ailleurs, le film est aussi beau, qu’étonnant et brutal.

«  »Apaches » a de la gueule ! »

Pour sublimer cette histoire, Romain Quirot nous offre un film qui a de la gueule dans la mise en scène. « Apaches » respire les envies et les propositions, et en plus de ça, comme je le disais plus haut, Romain Quirot fait mieux, apprenant de « ses erreurs » ou de ses essais avec son film précédent. Dynamique, maîtrisé et bercé dans un Paris très bien reconstitué avec de vrais décors et des envies de cadres impressionnants, franchement « Apaches » a de la gueule ! Mélangeant les genres, Romain Quirot arrive très bien à marier le film d’époque (bourré d’anachronismes qui sont fait exprès, comme la BO qui tient d’excellentes chansons bien placées), le film de gangs et de gangsters, et le tout avec un soupçon de western en plein Paris et un autre soupçon de romance. Une romance loin des clichés, et terriblement ambiguë, ce qui rend le film plus intéressant qu’il ne l’était déjà.

Ainsi, lorsqu’on fait la somme de tout cela, ce deuxième film pour Romain Quirot est une belle réussite. Bien sûr, tout n’est pas parfait non plus, et parfois, le film pousse un peu, et d’autres fois, certains évènements arrivent trop vite, ou encore quelques effets de mise en scène, notamment des ralentis, sonnent comme un peu cheap, mais face à cela, le film a tellement de qualité et d’envie de cinéma, de faire bouger les choses, que ces petits défauts sont presque effacés et seul demeure le plaisir de suivre un film qui a de la gueule, et qui est peuplé de personnages hauts en couleurs qu’on apprécie suivre. Je le répète, mais ça fait franchement plaisir de voir un cinéma comme celui-là chez nous, et j’attends désormais le prochain Romain Quirot avec beaucoup de curiosité et d’envie.

Note : 16/20

Par Cinéted

Une réflexion sur « Apaches – Gangs of Paris »

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