avril 20, 2024

Los Reyes del Mundo – Têtes à Claques

De : Laura Mora

Avec Carlos Andres Castaneda, Brahian Estiven Acevedo, Davison Florez, Cristian Campana

Année : 2023

Pays : Colombie, Luxembourg, France, Mexique, Norvège

Genre : Drame, Aventure

Résumé :

Le jeune Rá vit avec ses amis Culebro, Sere, Winny et Nano dans les rues de Medellin. Leur espoir renaît lorsque le gouvernement promet à Rá le droit d’acquérir un terrain duquel sa famille avait été chassée, comme des milliers d’autres Colombiens, par les paramilitaires. La bande de copains se met donc sur la route périlleuse qui mène dans l’arrière-pays. Un voyage palpitant entre aventure et délire commence.

Avis :

Aujourd’hui, c’est en Colombie qu’on pose nos yeux et nos émotions de cinéphiles. Il est assez rare que des films colombiens arrivent jusqu’à nous. Pourtant, la Colombie fait du cinéma et elle compte de bons cinéastes comme Ciro Guerra, Rubén Mendoza, ou encore Antonio Negret et Rodrigo Garcia, même si ces deux-là ont plus tendance à faire du cinéma aux Etats-Unis.

À cette petite liste, il faut y ajouter Laura Mora, réalisatrice d’une quarantaine d’années. Née à Medellin, Laura Mora a fait des études de cinéma à Melbourne. Elle commence à réaliser des courts-métrages au milieu des années 2000 et très vite elle va se faire repérer, ce qui va lui ouvrir les portes du petit écran. Puis en 2017, plus de dix après s’être lancée, elle réalisera son premier long, « Matar a Jesús« , qui sera présenté dans une trentaine de festivals à travers le monde.

« Le deuxième film de Laura Mora, malgré une imagerie ô combien sublime, se fait long, confus.’

Avec sa très belle affiche qui invite à la curiosité, ce deuxième film de Laura Mora avait tout l’air d’offrir un moment de cinéma à part. Un sentiment qui est encore plus accentué lorsqu’on jette un coup d’œil au synopsis. Sorte de road trip adolescent, qui a un arrière-goût de cinéma politique et vérité, « Los Reyes Del Mundo » fut malheureusement une expérience de cinéma douloureuse. Posant des personnages parfaitement agaçants, et surtout posant une intrigue dont on ne comprend pas vraiment où elle va, le deuxième film de Laura Mora, malgré une imagerie ô combien sublime, se fait long, confus, et de manière personnelle, m’a laissé la sensation d’avoir tout simplement perdu mon temps.

Rà est un jeune homme de dix-neuf ans qui traîne dans les rues de Medellín avec sa bande de potes. Son avenir, comme celui de ses amis, est incertain, partagé entre la pauvreté, le manque d’éducation et aucun horizon en vue. Pourtant, un jour, cet avenir se voit s’illuminer lorsqu’il reçoit une lettre lui apprenant qu’il est l’héritier d’une parcelle de terre à l’autre bout du pays. Avec ses potes, Rà quitte alors la capitale, et se lance dans un voyage à pied pour aller récupérer ce qui lui appartient.

« Le film de Laura Mora s’embourbe et l’intrigue qui va nous être racontée va se faire très difficile à suivre. »

Quelle déception que ce film. Allez savoir pourquoi, dès la découverte de son affiche, « Los Reyes Del Mundo » me laissait présager un moment de cinéma évasif et intéressant, mais il n’en fut rien. Pourtant, ce second film de Laura Mora a bien des arguments pour lui. Dès son ouverture, la réalisatrice impose une imagerie des plus sublimes. Laura Mora démontre un sens du cadre assez fou, et elle nous offre des moments de cinéma qui, pris à part, sont impressionnants. D’ailleurs, en début de film, « Los Reyes Del Mundo » est un métrage qui commence de très belle manière, avec une présentation de ses personnages brutale mais très intéressante. Puis il y a ce début de voyage et cette scène folle, qui sert d’affiche au film. Dès lors, on se dit que le film annoncé est bel et bien-là.

Mais voilà, une fois passé cette scène, très vite, le film de Laura Mora s’embourbe et l’intrigue qui va nous être racontée va se faire très difficile à suivre. Faite de rebondissements qu’on ne comprend pas vraiment, « Los Reyes Del Mundo » a bien du mal à convaincre, d’autant plus que bien souvent, les événements qu’il met sur la route de ses personnages ne mènent à rien, comme si ces rebondissements étaient là pour n’être que des rebondissements, histoire de rallonger le film. Çà et là, au cours de ce road trip, les personnages auront le droit à un kidnapping, à des rencontres hasardeuses, et même un meurtre, et la réalisatrice n’en fait rien. « Los Reyes Del Mundo » passe au-dessus de ces événements qui sont importants, et l’on ne comprend pas ce qu’ils viennent faire là. Un sentiment qui est accentué avec les non réactions de ces personnages, qui laissent l’impression que tout, absolument tout, glisse sur eux.

« Autre souci avec ces personnages, c’est qu’ils sont assez insupportables. »

Il faut dire que le film n’est pas vraiment aidé par ses comédiens, qui n’en sont pas vraiment. Alors, c’est vrai qu’il y a bien Carlos Andrés Castañeda, qui incarne Rà. L’acteur est charismatique, et surtout, il est magnifiquement filmé par sa réalisatrice, notamment lorsqu’elle filme son visage en gros plan, mais ça s’arrête là. Autre souci avec ces personnages, c’est qu’ils sont assez insupportables, et il n’y en a pas un pour sauver l’autre. Ici, Laura Mora nous propose de suivre une bande de jeunes merdeux, qui s’amusent à foutre le bordel et aucun de leurs actes n’aura de conséquence. Ici, on fout le bordel, on agresse pour aller s’éclater en boite, on tue si besoin et l’on est au-dessus de toutes les lois. Alors c’est vrai que « Los Reyes Del Mundo » se pose comme un portrait d’une jeunesse miséreuse, qui n’a pas d’autres moyens pour s’en sortir, mais malgré cela, ces personnages résonnent comme de tels merdeux insupportables, qu’on a bien du mal à leur trouver des excuses, et surtout, plus le film avance, et moins on a envie de les suivre, tant ils finissent par être loin de toute morale.

Ainsi, « Los Reyes Del Mundo » fut une séance de cinéma douloureuse et très agaçante. Si le film est magnifiquement filmé, avec des compositions de cadre grandioses et l’on profite des superbes paysages de la Colombie. Si le film tient quelques sujets intéressants comme par exemple cette restitution de terre volée à ses habitants, sur l’ensemble, le film de Laura Mora est terriblement abîmé par des personnages imbuvables, et une intrigue qui ne mène nulle part et laisse un sentiment de « tout ça, pour ça »… Dommage, vraiment dommage.

Note : 06/20

Par Cinéted

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