Avis :
Le Rock possède de nombreuses vertus dont celle de traverser les frontières et de proposer des artistes qui proviennent des quatre coins de la planète. Cependant, et c’est un triste constat, il faut souvent fouiller sur internet pour trouver quelques pépites venant de pays éloignés, et qui ne bénéficie pas d’une mise en avant soudaine. Prenons le cas de Breath of Illusions. Derrière ce nom étrange, qui invite à croire que nous allons nous mettre du Power/Sympho dans les oreilles, se cache un seul homme, Juan Alvarado, qui a fait des études à Boston, et a décidé de mettre en musique ses expériences. Nous faisons donc face à un One Man Band dont les références sont Led Zeppelin, Pink Floyd, ou encore Dream Theater. De grands noms pour un projet assez intimiste, et dont cet album, Walking the Unknown, nous laisse sur notre faim.
Guitariste émérite vouant un vrai culte aux partitions instrumentales, Juan Alvarado ne va pas se prendre trop la tête sur la composition de sa playlist. Ici, c’est clair, douze titres, six morceaux sans parole et six morceaux avec du chant. En gros, les titres impairs sont instrumentaux, et les titres pairs auront des paroles. C’est simple, presque basique, mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit-là d’un album indépendant et des premiers pas d’un guitariste qui fait ça pour s’amuser (et tant qu’à faire, percer). Bien évidemment, l’artiste est entouré, mais on va vite ressentir des limites dans son album et dans ses envies un peu grandiloquentes. Avec Quarantine, et globalement tous les titres instrumentaux, on sent que le musicien arrive à masquer les scories de production. D’ailleurs, les meilleurs morceaux sont ceux sans parole. Ici, c’est propre, c’est technique, et en matière de Rock pur, ça se tient.
Et il est assez étonnant de voir ce que sont les titres instrumentaux qui tiennent la dragée haute à tout le reste, notamment parce qu’ils sont plus percutants que la moyenne. Par exemple, No Mercy et ses riffs saturés fait écho à du bon vieux Hard/Métal, avec un sens aigu de la mélodie catchy. Ambivalence jouera plus sur un début doux, avant de lâcher les chevaux en deuxième partie pour mieux nous percuter et nous donner envie de bouger la nuque dans tous les sens. On retrouve un bel esprit et une certaine fougue qui démontrent tout le talent du guitariste. Et même si certains titres sont un poil en deçà du reste, comme pour Eternal Flame qui se traine en longueur, ou Burn qui semble sortir d’un groupe de Rock très connu, on passera de très bons moments face à ces titres instrumentaux.
Ce qui ne sera pas le cas avec les morceaux chantés. Il semble plus difficile de masquer les défauts de production lorsque le guitariste prend le micro. Cela provient d’une chose importante, la voix. En effet, on ne peut pas dire que Juan Alvarado possède un bel organe, et il est bien souvent obligé de le masquer avec quelques arrangements. Par exemple, Goodbye my Old Friend, qui peut faire penser à du Pink Floyd, est d’un ennui flagrant, en plus de fournir une voix étouffée qui manque d’épaisseur et de tonalité. Echoes of War ira vers le même constat, avec en prime un manque flagrant d’inventivité dans la composition. On fait face à du Soft Rock un peu mou, un peu pénible, et qui ne décolle jamais. La faute, aussi, à une puissance vocale limitée, et une tessiture qui ne se prête pas à l’exercice.
Un constat un peu triste, que l’on peut étirer sur tous les autres titres chantés. Walking the Unknown, qui promettait d’être la pièce maîtresse de l’album, reste une sorte de piano/chant qui n’arrive jamais à nous enchanter malgré ses références appuyées à Queen. Fire and Love jouera avec les clichés de la ballade rock insupportable, avec en prime, un chant éthéré d’un ennui insupportable. Et que dire de New Dawn, qui là aussi, joue la carte de l’émotion, mais ne suscite qu’un désintérêt progressif. A ce stade, on se réjouit des morceaux sans parole, qui possèdent une véritable aura et ont une énergie qui permet de rester éveillé. Même Better Days, qui clôture l’album, n’arrive pas à nous charmer pour une réécoute, la faute, aussi, à des fautes « la la la » en fin de titre qui frôle le mauvais goût.
Au final, Walking the Unknown, le premier album de Breath of Illusions, souffle le chaud et le froid, mais tire un constat évident, les titres chantés sont très mauvais, alors que les instrumentaux sont géniaux. On se retrouve donc avec un album scindé en deux, qui alterne constamment entre le bon et le mauvais, laissant à espérer que Juan Alvarado laisse tomber le chant pour se concentrer à fond sur la gratte et les mélodies nerveuses. Mais ça, seul l’avenir nous le dira…
- Quarantine
- Goodbye my Old Friend
- No Mercy
- Echoes of War
- Ambivalence
- Walking the Unknown
- Eternal Flame
- Fire and Love
- Burn
- New Dawn
- Surrender
- Better Days
Note : 11/20
Par AqME