mars 29, 2024

The Monster Project

De : Victor Mathieu

Avec Toby Hemingway, Justin Bruening, Yvonne Zima, Murielle Zuker

Année : 2017

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Un ancien junkie participe à un documentaire qui vise à interviewer trois personnes qui prétendent être des créatures surnaturelles. Ce qu’il découvre va bien au-delà de tout ce qu’il avait pu imaginer…

Avis :

Si les films d’horreur semblent être un chemin de prédilection pour les jeunes réalisateurs en quête d’un premier long-métrage, le found-footage semble en être une solution de facilité. En effet, en tournant un faux documentaire caméra à l’épaule, les cinéastes en herbe peuvent masquer des manques budgétaires handicapants, et ainsi détourner quelques scories de mise en scène. De plus, cela permet de surfer sur des succès qui commencent à dater (Le Projet Blair Witch, Paranormal Activity) mais qui ont toujours le vent en poupe, du moins chez les amateurs de frissons. Avec The Monster Project, Victor Mathieu s’immisce dans la brèche en jouant des coudes pour évoquer les monstres de films d’horreur, et une quête inconsidérée pour la reconnaissance sur le web. Dans l’air du temps, ce premier film marque pourtant un pas en arrière, n’arrivant jamais à susciter le moindre intérêt chez le spectateur.

Le film propose de suivre Devon, un jeune homme qui connait du succès sur Youtube grâce à des vidéos autour de monstres qui circuleraient autour de sa maison. En ayant marre de faire fausses vidéos, il décide alors de monter un nouveau projet, trouver de vrais monstres et les interviewer dans une vieille masure. Pour cela, il invite trois potes dans sa mission, dont Bryan, un ancien junkie qui essaye de rester clean. Comme on s’en doute, les choses ne vont pas se passer comme prévu, et les monstres vont passer à l’offensive. Sur le papier, le pitch est très simple, et c’est clairement ce que l’on va voir à l’écran. Le film est divisé en deux parties bien distinctes, la première étant la présentation des personnages, et la seconde mettant en avant l’attaque des monstres. Un schéma classique qui va pourtant ne pas prendre.

« On a droit à des « gentils » sacrifiables qui manquent d’épaisseur et de charisme. »

La faute, premièrement, à des personnages qui sont tous remplaçables, et sans aucun intérêt. A commencer par Devon, qui est le premier que l’on voit, et l’instigateur du projet. Il s’agit d’un pauvre type en quête de gloire, à l’égo démesuré, mais qui reste souvent en retrait, pour laisser la place à Bryan. C’est le personnage le plus intéressant, dans le sens où sa quête de réhabilitation trouve un écho dans sa volonté de survivre aux monstres. Néanmoins, on reste dans un cadre balisé et sans surprise, et rien ne va faire que l’on ressente plus d’émotions pour lui. A ses côtés, on retrouve une paire de protagonistes fonctions, qui ont pour but de créer de la discorde, ou des amourettes dont on se fichera éperdument. En clair, on a droit à des « gentils » sacrifiables qui manquent d’épaisseur et de charisme.

Pour les monstres, c’est sensiblement la même chose. On reste dans un schéma classique et sans poil qui dépasse (hormis pour le loup-garou). On a droit à trois bestioles connues, à savoir une vampire, un lycanthrope et une fille possédée par un démon, et chacun y va de sa petite histoire. Cependant, on remarquera un traitement de faveur pour le démon, qui permettra à l’équipe du film de jouer sur les exorcismes et les cauchemars, dans une phase éthérée qui est incohérente avec l’aspect found-footage. Bien évidemment, ce trio va attaquer tout le monde, mais jamais ensemble, ou de manière coordonnée. C’est assez drôle de voir que pour les besoins du film, chaque créature attaque à tour de rôle, jusqu’à rendre son dernier souffle. Mais pour en revenir à nos bestioles, elles sont aussi incomplètes que les « héros », avec un background qui frôle le néant.

« Il y a une vraie incohérence dans le médium, et cela montre vraiment les limites de l’utilisation du found-footage. »

Il faut aussi coupler à cela une mise en scène qui n’est qu’un vulgaire cache-misère. Encore une fois, rien ne justifie le montage de cette histoire. Si on veut faire un faux-documentaire, il faut peut-être en expliquer les raisons, et pourquoi c’est monté comme tel. De plus, certaines parties font partie d’une hallucination, d’un cauchemar que vit le junkie à cause du démon qui essaye de prendre possession de son âme. En gros, c’est une chose qui se passe dans la tête du personnage, et cela ne doit jamais figurer sur les enregistrements d’une caméra. Il y a une vraie incohérence dans le médium, et cela montre vraiment les limites de l’utilisation du found-footage, qui ne permet pas de faire tout et n’importe quoi.

Un n’importe quoi que l’on retrouve dans des situations ubuesques, où les monstres attendent avant d’attaquer, ou encore dans des scories visibles, à l’image de ces bras couverts de sang sur un plan, puis propres sur le plan suivant.

Alors c’est dommage, car on ne va pas se mentir, le deuxième segment du film, celui où tout le monde fuit les attaques, n’est pas si mauvais que ça. Il est même généreux en attaque et en démonstration technique. Ici, on sent que le réalisateur a voulu en mettre plein la tronche, avec beaucoup d’attaques frontales afin de bien voir les monstres. Les maquillages et autres effets spéciaux sont assez intéressants, notamment lorsqu’ils sont artisanaux. Les quelques incrustations en CGI sont dégueulasses, mais elles sont peu nombreuses. Ici, la vampire ou le loup-garou sont plutôt convaincants, même si on ne sent pas vraiment la menace. Mais on peut déceler une envie d’offrir un spectacle rythmé et tape à l’œil, ce qui fait plaisir. Dommage que la fin soit aussi mauvaise, jouant sur un nihilisme qui ne trouve aucun écho, ni même intérêt.

Au final, The Monster Project est un mauvais film qui n’apporte rien au genre, que ce soit dans l’horreur, ou dans le found-footage. Mal écrit, relativement mal joué, ne racontant rien de très intéressant, pas même dans la rédemption d’un ancien junkie, on peut dire que nous faisons face à un film qui traîne en longueur et n’arrive jamais à susciter le moindre intérêt. C’est dommage, certains moments restent efficaces en deuxième partie de métrage, mais cela reste tellement anecdotique face aux autres scories, que l’intérêt cède immédiatement sa place à l’ennui.

Note : 06/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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