avril 25, 2024

Rogue River

De : Jourdan McClure

Avec Michelle Page, Chris Coy, Bill Moseley, Lucinda Jenney

Année : 2012

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Déchirée par la mort récente de son père, Mara part seule dans l’Oregon, à Rogue River, pour disperser ses cendres. Alors que sa voiture s’est faite embarquer par la fourrière, elle accepte d’être raccompagnée par Jon Wall, un brave type du coin, qui lui-même pleure la mort de sa jeune fille. Jon la conduit dans sa belle maison au fond des bois, où il vit avec sa femme, Léa. A peine présentées, les deux femmes vont se confier l’une à l’autre et partager les douleurs qu’elles ressentent chacune dans leur tragédie personnelle. Cette rencontre va pourtant virer au cauchemar : Mara va devoir se battre pour survivre dans l’univers sombre et violent du couple.

Avis :

Dans tous les sous-genres de l’horreur, il y en a toujours un qui suscite un peu de réticence, le Rape & Revenge. Il faut dire que c’est un style très particulier, où l’on va devoir assister à une femme qui va se faire violer, et qui par la suite, va se venger de ses bourreaux. L’idée est assez galvanisante, de voir une femme forte faire la peau à d’immenses salauds, mais bien souvent, on fait face à des films qui poussent le vice très loin, et en oublient de faire une histoire cohérente et qui raconte quelque chose. Si on retrouve de bons films comme La Dernière Maison sur la Gauche ou I Spit on Your Grave, il existe une pléthore de mauvais films racoleurs et putassiers. Rogue River pourrait faire partie de la seconde catégorie sans aucun mal, si seulement il y avait un « viol ».

Pour autant, Jourdan McClure (dont c’est le seul film) va pousser les potards au max, histoire de choquer le spectateur, et de masquer le vide de son intrigue. Car clairement, là, on se fout de la gueule du public, avec un film fauché, une histoire sans intérêt, et une absence totale de fond, qui démontre tout l’aspect « cringe » de l’ensemble. On va donc suivre Mara, une jeune femme qui est dévastée par la mort de son père, et décide de partir seule jeter les cendres dans une rivière. Voyant que sa voiture a disparu, elle accepte l’hospitalité d’un homme d’âge respectable, avant de se rendre compte qu’elle est tombée chez un couple de tarés qui vont lui en faire voir de toutes les couleurs. Rogue River se pose alors comme un survival classique, qui a tellement peu de choses à dire qu’il ne dure qu’une heure et quart.

« Il n’y a pas de fond, ni même de message. »

Mais cette durée va tout de même se faire longue, car on va assister à une sorte de rengaine pénible, dans une petite maison. Mara va se faire cogner, attacher, abuser d’un point de vue psychologique, puis elle va réussir à s’enfuir, avant de se faire rattraper pour, rebelote, se refaire frapper, etc… Bref, un schéma redondant qui aurait pu gagner en intensité avec un léger fond, notamment sur les raisons des « méchants », mais il n’y aura rien de ce style. On va juste suivre cette pauvre femme qui va subir des attouchements sexuels, histoire de rajouter du gras à l’ensemble, voire même de l’immoral lorsqu’elle se rend compte d’avec qui elle nique. Pire, on aura aussi des révélations crapuleuses autour du couple malsain, qui est en fait composé d’un frère et d’une sœur qui aiment jouer à touche-pipi. Quand on vous dit que ça va loin…

Mais le principal problème avec Rogue River, c’est que ça ne raconte que le calvaire de cette nana et comment elle va réussir à s’enfuir. Il n’y a pas de fond, ni même de message. On notera bien une tentative autour de la méchante folle qui est atteinte d’un cancer qui semble lui ronger le cerveau, mais ça reste surtout une occasion de mettre en avant une femme aux cheveux dégarnis, histoire de mettre en avant un look qui peut susciter de la peur. Quant à Bill Moseley qui se trimballe en slip, c’est vraiment pour jouer sur l’aspect beauf et crado. Le film en fait d’ailleurs des caisses de ce côté-là, à un tel point que l’on n’arrive pas à prendre cela au sérieux. D’ailleurs, on aura droit aussi à une autre famille prise au piège, mais on n’aura pas un semblant de réflexion dessus.

« On est dans le bas du panier des rape & revenge. »

Bref, d’un point de vue purement scénaristique, on est dans le bas du panier des rape & revenge. Jamais on ne se prendra d’affection pour Mara, qui pourtant est en deuil et en prend plein la gueule, la faute à un traitement inconsistant et un personnage qui sonne faux et pénible. Et on ne prendre pas non plus de plaisir dans sa revanche, car tout cela manque d’implication et d’impact. Si faire bouffer les cendres de son père à la méchante est un truc un peu dégueulasse, ça reste un prétexte pour, encore une fois, choquer le spectateur et le pousser dans ses retranchements. Manque de bol, certains films ont fait bien pire, et c’était tout aussi nul (coucou A Serbian Film). Et même sur l’aspect gore, on reste sur notre faim, avec du hors-champ qui est la conséquence d’un budget riquiqui.

De ce fait, la mise en scène pâtit aussi d’un manque d’identité. Rogue River est un DTV tout ce qu’il y a de plus classique dans sa technique. Ce n’est pas vraiment laid, mais ce n’est pas beau non plus. Aucun plan ne reste en tête, il n’y a pas de volonté de jouer avec les lumières, si ce n’est avec la grisaille de l’Oregon. Les acteurs sont eux aussi en roue libre, notamment Bill Moseley qui cachetonne plus qu’autre chose, ou encore Lucinda Jenney qui hurle tant qu’elle peut pour susciter de la peur. Même Michelle Page n’arrive pas à se rendre empathique alors qu’elle est la victime. Et elle n’arrive pas non plus à trouver une demi-mesure pour son personnage, puisqu’à la fin, malgré la perte de son père, de son frère et tous les sévices qu’elle a subie, elle est souriante et heureuse.

Au final, Rogue River est un bien mauvais film qui lorgne du côté de I Spit on Your Grave, mais qui ne lui arrive pas à la cheville (et pourtant, ce n’est pas bien dur). On assiste, impuissant, à une histoire sans fond qui essaye de choquer plusieurs fois le spectateur avec des actes gratuits et dégueulasses, mais qui parvient simplement à lui montrer toute la maladresse de l’écriture et de la mise en scène. Bref, un film à oublier.

Note : 05/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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