Avis :
S’il y a un genre dans lequel il semble difficile de percer, c’est le Power/Sympho Métal. Déjà parce qu’il faut une production de mammouth pour pouvoir lier les riffs de guitares à des orchestrations symphoniques, mais aussi parce que c’est un genre très codifié qui est mené par des poids lourds comme Rhapsody of Fire et consorts. D’ailleurs, il semblerait que l’Italie soit un lieu assez propice à ce genre, comme peut en attester Winterage. Groupe fondé à la fin des années 2000, c’est en 2015 que la formation italienne sort son premier album, The Harmonic Passage. Les critiques seront assez frileuses, et le groupe se sépare alors de son bassiste et de son guitariste. Il faudra alors attendre six ans avant de voir un nouvel effort du groupe, et avec The Inheritance of Beauty, on peut dire que Winterage a pris du galon et de l’expérience.
Bien évidemment, tout commence avec une longue introduction, qui répond au doux nom de Ouverture. Ici, on va cocher toutes les cases du bon gros démarrage d’un album de Power/Sympho. On aura droit à des chœurs féminins, du lyrisme avec un chant de sirène, puis une grosse orchestration qui fait écho à de l’opéra. C’est beau, c’est dense, et surtout ça annonce du lourd pour la suite. Seul bémol, on a du mal à voir comment le groupe peut proposer ça en concert, sans un enregistrement au préalable. Avec The Inheritance of Beauty, le groupe rentre dans le vif du sujet et propose une synthèse de ce que sera leur musique de façon globale. On a droit à une belle double-pédale à la batterie, de bons gros riffs de gratte très rapides et un violon qui sera omniprésent. En même temps, le seul membre d’origine est le violoniste…
Avec ce titre, on rentre de plein fouet dans un Power/Sympho stéréotypé mais qui fonctionne à plein régime. Les fans de ce genre ne seront pas perdus, mais ils seront certainement surpris par la qualité de la production et le savant mélange de voix masculine et des quelques ajouts de chant lyrique féminin qui donne un aspect éthéré à l’ensemble. C’est bien fichu, et on retrouvera même un break très folklorique, qui évoquera une pièce d’opéra. Une chose que l’on retrouvera sur tout l’album, à différents moments et sous différentes formes plus ou moins prégnantes. Avec Wisdom of Us, Winterage va vers quelque chose de plus brut et de pus simple. Même si on y entend des fulgurances de violon, on sera surtout sur un pur morceau de Power, qui va à l’essentiel. On retrouvera cela avec Of Heroes and Wonders, qui rentre dans le même moule.
The Mutineers renouera avec un côté Folk, voire Pirate, aussi bien dans la musique que dans le thème. C’est assez agréable, mais l’aspect mid-tempo manque de percussion. Au même titre, Orpheus and Eurydice est tellement calibré qu’il manque un peu d’empreinte forte. Disons que les morceaux sont très réussis, mais ils manquent d’originalité et d’une volonté de sortir de son zone de confort. On dirait que c’est un peu interchangeable avec des groupes plus connus, comme Rhapsody of Fire. Chain of Heaven sera du même acabit, et cela malgré son introduction percutant avec un joli solo de guitare. Il faudra alors attendre La Morte di Venere pour trouver un aspect peu commun dans l’album. Sorte d’interlude lyrique, voire d’opéra, on retrouve un chant féminin d’une beauté incroyable qui s’insère parfaitement dans l’univers du groupe. On aura même droit à un petit solo de gratte qui rentre idéalement dans le titre.
Après cela, on retrouvera deux titres qui viendront clôturer ce second album. Oblivion Day est très agréable à écouter, avec ses riffs assez lourds qui côtoient un beau violon. On est dans un mélange de Sympho/Folk fort sympathique, même si on pourrait trouver quelques manques de liant entre la guitare et le reste. Enfin, The Amazing Toymaker est un morceau fleuve de plus de seize minutes. Le groupe reprend le thème de Casse-Noisette pour se l’approprier avec des fulgurances Power, puis des breaks qui font des rappels à l’opéra en question. C’est plus bien construit et savamment orchestré pour ne pas susciter de l’ennui. Une façon de montrer toutes les capacités d’écriture du groupe, qui profite d’une belle production pour offrir un titre maous et sacrément couillu. Néanmoins, difficile d’imaginer cela sur scène…
Au final, The Inheritance of Beauty, le dernier album de Winterage, est une belle réussite qui met en avant un nouveau groupe de Power/Sympho italien fort sympathique. Même si l’on peut lui reprocher quelques éléments stéréotypés et un manque d’identité forte, il n’en demeure pas moins que le groupe mène son projet jusqu’au bout et délivre une galette maîtrisée, dense et qui ne laisse indifférent. Bref, les amoureux du genre seront comblés et trouveront certainement une belle alternative aux groupes plus connus que l’on nous rabâche inlassablement.
- Ouverture
- The Inheritance of Beauty
- The Wisdom of Us
- Of Heroes and Wonders
- The Mutineers
- Orpheus and Eurydice
- Chain of Heaven
- La Morte di Venere
- Oblivion Day
- The Amazing Toymaker
Note : 17/20
Par AqME