avril 20, 2024

La Montagne – Lente Contemplation

De : Thomas Salvador

Avec Thomas Salvador, Louise Bourgoin, Martine Chevallier, Laurent Poitrenaux

Année : 2023

Pays : France

Genre : Drame, Fantastique

Résumé :

Pierre, ingénieur parisien, se rend dans les Alpes pour son travail. Irrésistiblement attiré par les montagnes, il s’installe un bivouac en altitude et décide de ne plus redescendre. Là-haut, il fait la rencontre de Léa et découvre de mystérieuses lueurs.

Avis :

Petit, Thomas Salvador voulait être soit cinéaste, soit alpiniste, ou encore, il voulait être un cinéaste alpiniste et c’est cette voix qu’il a choisie en conjuguant ses deux passions. Artiste dans l’âme, Thomas Salvador débute au début des années 2000, et enchaîne les courts-métrages, mais aussi les petites vidéos, pendant presque une quinzaine d’années. D’ailleurs, son travail est tant remarqué qu’avant une carrière dans le long-métrage, des rétrospectives de ses courts sont organisées. C’est en 2015 que Thomas Salvador tourne son premier film, « Vincent n’a pas d’écailles« , un film qui débarquait avec une bonne idée de base, s’aventurant dans le surnaturel, tout en essayant de garder quelque chose d’ancré dans le réel.

Ce premier film avait d’un côté déçu, et de l’autre piqué la curiosité tant le projet était atypique. Sept ans après ce premier essai, le cinéaste alpiniste est de retour sur les écrans avec un film tout autant singulier, « La montagne« .

« On restera assez fasciné par le chemin qu’emprunte Thomas Salvador. »

Film curieux, film divisé en deux parties, petite réflexion sur la société et l’écologie avec un personnage qui lâche prise, et film qui côtoie le surnaturel, offrant des séquences inattendues et poétiques, avec ce deuxième film, Thomas Salvador apprend de ses erreurs, et même si ce n’est pas encore ça, « La montagne » le pose définitivement comme un cinéaste à part dans le paysage du cinéma français.

Pierre est ingénieur. Il habite à Paris, et sa vie a tout l’air d’être remplie et connectée. Un jour, alors qu’il vient présenter un projet à Chamonix, à la place de rentrer avec ses collègues, Pierre décide de rester sur place, le temps du week-end, histoire de déconnecter et de s’offrir quelques jours à la montagne. Mais voilà, ce week-end va se transformer en semaine, et cette semaine va se transformer en mois. Perché en haut de la montagne, ayant planté une tente sur le pic du midi, apprenant l’alpinisme, Pierre ne veut plus redescendre, et ce n’est pas ce qu’il va découvrir une nuit qui va l’aider…

« Vincent n’a pas d’écailles » était un film singulier et pour son deuxième film, Thomas Salvador n’a rien perdu de cette singularité qui voit mélanger quotidien et surnaturel. Or, si « Vincent n’a pas d’écailles » était un film qui pouvait décevoir, car hormis sa géniale idée de base, le film n’avait pas grand-chose à raconter, ce nouveau film, « La montagne« , à lui bien plus de relief à offrir. Comme je le disais plus haut, tout n’est pas parfait dans ce deuxième essai, notamment ces deux parties qui ont du mal à s’imbriquer l’une dans l’autre, mais on restera assez fasciné par le chemin qu’emprunte Thomas Salvador.

« La première partie est intéressante dans sa déconnexion. »

La première partie est intéressante dans sa déconnexion, avec le portrait de cet homme qui d’un coup décide de tout lâcher pour vivre en haut d’une montagne avec le strict minimum. Le réalisateur pose à travers ça le retour à l’essentiel, le retour à la simplicité, ou encore le point de rupture et les changements de vie. D’ailleurs, à aucun moment ça n’est évoqué, mais on peut facilement imaginer une histoire post covid, où le héros de retour dans sa vie d’avant et dans son job a clairement envie d’autre chose.

Après, cette première partie est aussi trop longue, et très vite, entre de magnifiques moments où le personnage se pose pour observer les couchers de soleil sur la montagne et les vallées, ou encore ces moments où il se balade seul, grimpant les parois des montagnes, le film tourne un peu en rond et l’on se demande où le réalisateur veut aller, espérant que son film ne finisse pas par muter en une publicité Décathlon. Il faudra alors s’armer de patience pour arriver jusqu’à cette deuxième partie où le film s’aventure ailleurs et emprunte les chemins du surnaturel, voire même du trip, avec cette découverte faite au cœur de la montagne.

«  »La montagne » est un film qui envoûte malgré ses longueurs. »

Une découverte qui a ses défauts, comme là encore un problème de rythme, mais l’idée en elle-même est si fascinante, et les images parfois tellement étranges, que le film nous attrape finalement et l’on se laisse assez facilement entraîner dans cette réflexion idéo-écologique, retour à l’essentiel, et redécouverte de soi pour mieux avancer. Mieux que ça même, puisque sans explication aucune, on accepte très volontiers cette rencontre du troisième type qui, comme le personnage principal, on n’arrive pas à expliquer.

« La montagne » est un film qui envoûte malgré ses longueurs, de par la beauté de ses images. Si la première partie est un moment d’évasion un peu long en pleine montagne, le second tourne bien plus au film fantastique, et l’on sera étonné de tout ce qu’arrive à faire Thomas Salvador avec trois bouts de ficelle (une scène d’intrusion est sacrément tripée et bouscule un peu ce qu’on a l’habitude de voir, développant un côté poétique et en même temps, on ne sait pas trop quoi en penser tant c’est particulier). Après, on remarquera quelques effets un peu loupés, notamment quand ces derniers sont bien trop » éclairés ». Derrière ça, il faut aussi saluer les idées du metteur en scène, qui insuffle à son film une belle singularité et une belle originalité, jouant beaucoup sur le visuel et le sensoriel de cette rencontre.

« Ce deuxième film est un mélange entre un moment d’évasion et de déconnexion. »

Enfin, comme pour « Vincent n’a pas d’écailles« , Thomas Salvador tient le rôle principal de son film et l’acteur Salvador, dans un rôle particulier, presque mutique, arrive à rendre son personnage gentiment attachant. Face à lui, on comptera aussi sur Louise Bourgoin, qui trouve là un petit rôle très simple, voire même un peu cliché, mais la comédienne est très attachante, pleine de simplicité et naturelle, elle nous envoûte dès que son personnage apparaît.

Ce deuxième film est un mélange entre un moment d’évasion et de déconnexion, qui malgré ses défauts, malgré ses longueurs, sa façon de tourner quelque peu en rond, ou encore son manque d’explication, Thomas Salvador nous demandant d’accepter ce qu’il nous raconte sans sourciller, finalement nous fait passer un petit et envoûtant moment de cinéma. Se posant comme un cinéaste très particulier, abordant des histoires différentes de ce qu’on a l’habitude de voir, Thomas Salvador est un ovni à lui tout seul, et même si avec ces deux films, on n’a pas encore trouvé la perle rare, il y a quelque chose qui pousse à la curiosité quant au prochain film du réalisateur.

Note : 10/20

Par Cinéted

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