mars 28, 2024

Les Survivants – Western Alpin

De : Guillaume Renusson

Avec Denis Ménochet, Zar Amir Ebrahimi, Victoire du Bois, Oscar Copp

Année : 2023

Pays : France

Genre : Thriller

Résumé :

Samuel part s’isoler dans son chalet au cœur des Alpes italiennes. Une nuit, une jeune femme se réfugie chez lui, piégée par la neige. Elle est afghane et veut traverser la montagne pour rejoindre la France. Samuel ne veut pas d’ennuis mais, devant sa détresse, décide de l’aider. Il est alors loin de se douter qu’au-delà de l’hostilité de la nature, c’est celle des hommes qu’ils devront affronter…

Avis :

Jeune réalisateur de trente-deux ans, Guillaume Renusson est déjà l’auteur de plusieurs courts-métrages qui se sont fait remarquer au milieu des années 2010. Il y a cinq ans de cela, avec Clément Pony, son co-scénariste, Guillaume Renusson a imaginé une scène qu’on gardera volontairement secrète pour ne rien spoiler, et c’est de cette scène-là que va naître « Les survivants« . Produit par Ad Vitam, il aura fallu que le jeune réalisateur s’arme de patience, car après l’écriture, la construction de l’équipe et son casting, le tournage des « … survivants » a débuté au mois de Mars 2020 et après une semaine de travail, il lui aura fallu tout remballer, et attendre plus de dix mois pour se réaventurer dans les Alpes.

Ces mésaventures auront toutefois été payantes, car avec ces « … survivants« , Guillaume Renusson livre un premier film très réussi. Un premier film froid, brut, empreint d’humanité, audacieux, et aussi grandiose qu’intime dans ses thèmes. S’intéressant au sort des migrants qui passent la frontière alpestre, le cinéaste évite le déjà vu et le cliché, et surtout, il nous entraîne dans un vrai thriller haletant, qui entre engagement politique, réflexion et métaphores sur le deuil avec ces deux écorchés qui se sont bien trouvés en pleine montagne, va nous tenir de bout en bout de film.

« Guillaume Renusson nous entraîne aussi dans une touchante histoire de rédemption. »

Samuel, la quarantaine, part s’isoler dans son chalet de montagne dans les Alpes italiennes, afin de se retrouver avec lui-même. Lors de sa première nuit, il fait la connaissance de Chehreh, une jeune femme afghane qui s’est réfugiée chez lui pour éviter le froid de la nuit. La jeune femme veut traverser la frontière afin de se rendre à Briançon. Samuel ne veut pas d’ennui, mais il est touché par la détresse et la détermination de Chehreh, et il décide alors de lui montrer le chemin. Mais très vite, Samuel et Chehreh vont se retrouver traqués par trois jeunes gens qui sont bien décidés d’appliquer la loi des frontières.

C’est le thriller qu’a choisi Guillaume Renusson pour son premier film. Un thriller haletant qui tient en son sein un sujet brûlant et parfaitement d’actualité. « Les survivants » est un film qui est rudement mené, le réalisateur ayant fait le choix de condenser son intrigue et d’aller au plus efficace, sans pour autant oublié d’aborder son sujet, et plus encore. À la lecture du synopsis, « Les survivants » laisse imaginer un film politique, où l’on y parle immigration et violence, au travers de ces jeunes contrôleurs de frontières, et si le film de Guillaume Renusson a bien de ça, dans son scénario, il est bien plus riche et surprenant.

« Les survivants » est un film qui parle de tout un tas de sujets qui vont nourrir son intrigue, mais aussi et surtout ses personnages. Certes, il y a cette traque dans des paysages enneigés, qui ne s’arrête quasi-jamais, mais derrière ça, le film nous parle énormément du deuil. Le deuil d’un pays, avec cette femme, professeur des écoles, qui a dû fuir les talibans. Puis face à elle, pour l’accompagner, il y a cette âme déchirée, ravagée par le deuil d’une femme, sa femme décédée dans un accident que le personnage de Samuel n’a pas pu éviter et donc sauver. En voulant aider cette femme perdue dans les montagnes, Guillaume Renusson nous entraîne aussi dans une touchante histoire de rédemption (d’ailleurs, le film fait plein de métaphores pleines de sens de ce côté-là. Celle des clefs étant sûrement sa plus belle et touchante).

« Très court, à peine une heure et demie, le réalisateur arrive à nous faire passer par tout un tas d’émotions. »

Ce qui est excellent aussi dans l’écriture de Renusson et Pony, ce sont les dialogues qui nourrissent les personnages. « Les survivants » est un film où l’on parle très peu, mais on parle surtout très bien. Ici, point de grands discours, non, à chaque fois que les deux scénaristes font parler leurs personnages, c’est pour raconter quelque chose d’intéressant, qui apporte une information pour l’histoire et surtout les personnages en question. Il en résulte beaucoup de profondeur, et derrière ça, tout autant d’humanité et de vérité.

« Les survivants » est un film qui esthétiquement a un très joli cachet. Premier film de Guillaume Renusson, « Les survivants » est le genre de film qui, comme je le disais, fait simple et surtout efficace. Très court, à peine une heure et demie, le réalisateur arrive à nous faire passer par tout un tas d’émotions. Bien sûr, il y a l’idée de cette traque, qui ne va faire que s’intensifier au fur et à mesure, pour arriver à exploser de manière violente vers la fin. Il y a même l’idée que la violence engendre la violence, ces personnages vont être dépassés par cette violence, comme pris dans un engrenage qu’aucun d’eux n’avait même imaginé. S’ajoute à cela que visuellement parlant, « Les survivants » est très beau, arrivant à nous évader avec des images superbes de l’immensité de la montagne, puis d’un coup, au cœur d’un chalet, le film sait se faire plus intime. Le tout est souligné par une excellente BO signée Rob.

« Denis Ménochet confirme encore une fois qu’il est sûrement le meilleur acteur qu’on ait en ce moment. »

Enfin, « Les survivants« , c’est aussi un film qui fonctionne très bien grâce à son duo d’acteurs. Si Oscar Copp, Victoire Du Bois, ou Luca Terraciano sont bons, mais assez sous exploité dans la psychologie de leurs personnages, « Les survivants » (au propre comme au figuré), c’est avant tout Denis Ménochet qui confirme encore une fois qu’il est sûrement le meilleur acteur qu’on ait en ce moment, puissant et fragile en même temps, et Zar Amir Ebrahimi qui, dans la peau de femme afghane, en impose de bout en bout de film. On l’a découverte en journaliste dans le bouleversant et révoltant « Les nuits de Mashhad« , on la découvre ici dans un rôle opposé et pas tant que ça finalement, et elle y fait des merveilles.

Ce premier film pour Guillaume Renusson est donc un excellent thriller, doublé d’un drame intime et intense à la fois. Tenu par de grands acteurs, cette traque dans les alpes franco-italiennes se fait redoutable jusqu’au bout, et derrière ça, ces « … survivants » voit arriver la naissance d’un jeune réalisateur plein de talent, dont je suis personnellement d’ores et déjà curieux du film suivant.

Note : 15/20

Par Cinéted

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