mai 8, 2024

Monster Hunt 2

Titre Original : Zhuo Yao Ji 2

De : Raman Hui

Avec Tony Leung Chiu-Wai, Bai Baihe, Jing Boran, Tony Yo-Ning Yang

Année : 2017

Pays : Chine, Hong-Kong

Genre : Fantastique

Résumé :

Si le danger semble avoir disparu, la paix est précaire dans ce monde fantastique rempli de monstres. Un terrible seigneur a repris le trône et menace maintenant la vie du futur roi Wuba le forçant à se cacher à nouveau.

Avis :

En 2015, le réalisateur Raman Hui proposait le premier volet de Monster Hunt, un petit film où les monstres en CGI évoluaient avec des humains. Sans aucune prétention, le film va pourtant devenir le plus grand succès de 2015 en Chine, et l’un des plus gros succès de tous les temps en Chine. Forcément, après une telle surprise, il était presque logique de voir un deuxième film se profiler à l’horizon, d’autant que la fin du premier laissait présager une séquelle. C’est donc deux ans plus tard que survient Monster Hunt 2, rebaptisé par endroits Chasseur de Monstres. Reprenant les ingrédients du premier opus, cette suite va pourtant être un poil inférieure à son aîné, la faute à une volonté trop prégnante de s’adresser à un public enfantin, et de constamment jouer sur la tonalité humoristique. Pour autant, le film n’est pas raté, et propose de jolies choses.

Le film débute avec une immense chorégraphie qui démontre bien le talent de Raman Hui, mais surtout son envie de proposer un spectacle grandiloquent de qualité. Une fois cette introduction terminée, on va avoir droit à un nouveau complot visant l’enlèvement du petit Wuba, un bébé monstre qui est à l’origine d’une prophétie, comme quoi il changerait à jamais les deux mondes, celui des monstres et celui des humains. On nous présente rapidement le grand méchant de cet opus, une sorte de dragon violet. Bref, rien de bien neuf, si ce n’est que Wuba est perdu dans le monde des humains, et il se fait recueillir par un marchand perfide, qui utilise les monstres pour gagner à des jeux d’argent. Très rapidement, le ton est donné avec cette suite, on s’adresse principalement aux enfants. Le segment autour de Wuba est très clair là-dessus.

De sa fuite du monde des monstres à son arrivée dans le monde des humains, il n’y a pas vraiment d’élans dramatiques. On reste dans quelque chose de très simple, qui vise uniquement à faire le spectateur enfant. Les rires et les pets de Wuba faisant le reste. De plus, le personnage du filou (joué par Tony Leung s’il vous plait) est un looser magnifique qui doit de l’argent à tout le monde et qui arrive à s’échapper de certains endroits en utilisant des ruses ridicules. On aura de cesse de voir des dialogues inintéressants et des situations ubuesques, notamment quand il passe au travers de son armure, ou lorsqu’il s’enfuit de par les toits. Tout cela manque d’enjeux et surtout de consistance. Et c’est bien dommage car les séquences d’action sont rudement bien menées et pourrait faire office de parfaite porte d’entrée dans le monde du Wu Xia Pian.

Alors on pourrait croire que ce ton badin à destination des gosses ne concerne que le segment autour du voleur, et que tout cela va s’assombrir lorsque le méchant va faire son apparition, mais il n’en est rien. Lorsque l’on arpente le segment du couple qui est très triste d’avoir laissé Wuba, on reste dans quelque chose de très léger. Le duo chercher constamment à s’embrasser en vain, et certaines vannes arrivent comme un cheveu sur la soupe. D’ailleurs, on aura même quelques questions autour de nouveaux pouvoirs concernant le benêt du métrage, qui peut maintenant utiliser de la télépathie. Bref, c’est cucul la praline et malgré l’ambiance bon enfant, on reste dans l’espoir d’être touché par cette histoire. On aura bien quelques moments plus tendres, avec notamment cette maman monstre qui retrouve son fils, mais c’est l’espace de quelques minutes et c’est trop court.

Cependant, on ne peut guère en vouloir à Raman Hui, qui sait pertinemment que son film se destine à un public jeune. Il tente de faire rire avec ce qui marche auprès des enfants, et il inclut une mise en scène inspirée, avec de jolis décors. Car s’il y a bien une chose que le réalisateur n’a pas perdu entre ses deux films, c’est la volonté d’offrir un spectacle honnête, avec des chorégraphies stylisées et des environnement naturels de toute beauté. Ainsi donc, le temple des chasseurs de monstres est sublime, tout comme le bar où le filou fait des jeux d’argent. On est bien loin des fonds verts dégueulasses et des incrustations ratées. Et cela même si les monstres font toujours aussi fake. C’est le gros point noir du film, qui n’a pas su élever ses effets spéciaux.

De plus, le design des monstres est totalement à la ramasse. Ils font très « cartoon » et s’insère très mal dans le monde des humains. On voit qu’il y a vraiment une grosse différence, ce qui empêche de ressentir de l’empathie, ou d’avoir d’autres émotions. Le pire du pire étant le monstre de fin, une sorte de dragon tout mignon avec des teintes violettes, qui ne fait absolument pas peur. On sent, là aussi, que Raman Hui s’est freiné afin de ne pas faire peur à la jeune génération. Le film se veut constamment familial et évite tout moment sombre, ou même créatures un peu horrifiques. C’est dommage, cela aurait donné un cachet supplémentaire au film. Ajoutons à cela un surjeu permanent des personnages humains, afin de rentrer un peu plus dans la catégorie comédie, et la coupe est pleine.

Au final, Monster Hunt 2 est bien le digne successeur de son aîné, même si on reste un peu sur notre faim. Il faut dire que cette suite joue à fond la carte de l’humour pour enfant très jeune, et que parfois, ça ne passe pas vraiment. Néanmoins, difficile de détester une telle œuvre, qui a du cœur et une morale plutôt sympathique. D’autant plus que Raman Hui ne cède pas à la facilité des CGI pour ses décors, et offre encore de très belles chorégraphies lors des combats. Bref, il s’agit-là d’un film qu’il faut voir comme une entrée dans le monde du Wu Xia Pian pour les plus jeunes, et qui permet de s’ouvrir au cinéma d’une autre culture. Et ça, c’est déjà pas mal.

Note : 11/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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