avril 30, 2025

Falcon Lake – L’Amour Fantôme

De : Charlotte Le Bon

Avec Joseph Engel, Sarah Montpetit, Monia Chokri, Arthur Igual

Année : 2022

Pays : France, Canada

Genre : Drame, Romance

Résumé :

Une histoire d’amour et de fantômes.

Avis :

Actrice québécoise, Charlotte Le Bon s’est imposée petit à petit dans le paysage du cinéma, tout d’abord en France, puis à l’étranger. Elle qui a commencé en tant que mannequin, puis Miss Météo sur Canal +, a su trouver le bon chemin pour s’imposer comme une actrice sûre. En peu de temps, elle va jouer pour Benjamin Guedj, Jalil Lespert, Robert Zemeckis, Terry George, Clément Michel, ou encore Laurent Tirard et Lasse Hallström, pour ne citer qu’eux. Entre temps, Charlotte Le Bon nourrit d’autres ambitions, et notamment l’envie de raconter ses propres histoires. Ainsi, en 2018, elle présente au Festival de Cannes un court-métrage, « Judith Hotel« .

Quatre ans après ce premier essai, Charlotte Le Bon présente désormais son premier long-métrage, « Falcon Lake« . Adapté d’une bande dessinée, « Une sœur » de Bastien Vivès, tournée au Canada à l’été 2021, ce premier film pour la jeune réalisatrice se trouve être une très jolie réussite. Racontant les premiers émois d’un jeune homme en vacances au Canada, « Falcon Lake » envoûte de par la simplicité de son histoire, de par la sincérité de ses émotions et de ces jeunes acteurs qui sont de belles révélations, et plus largement de par ce joli moment, dépaysant à souhait, qui propose autre chose que ce à quoi on s’attendait. Bref, un premier film qui se pose donc comme une ode à l’adolescence, la découverte, la vie, l’innocence et presque, je dis bien presque, à la nostalgie. Cette histoire, sur bien des éléments, évoque quelques souvenirs en nous.

« Ce qui est beau chez Charlotte Le Bon, c’est que son film respire la sincérité et la spontanéité des sentiments. »

C’est l’été. Bastien, un jeune homme de treize ans, vient passer quelques semaines de vacances avec sa famille au Canada, d’où sa mère est originaire. Sur place, il fait la connaisse de Chloé, une jeune fille de seize ans, qui est la fille d’une amie de la famille. Très vite, le courant passe bien entre les deux jeunes gens. Chloé emmène Bastien dans des soirées, ensemble, ils passent des après-midis au bord du lac. Puis les deux adolescents discutent, se confient l’un à l’autre. Chloé fait part de la possible existence d’un fantôme près du lac, et Bastien lui confie ses peurs… L’été est au plus beau fixe et pour lui comme pour elle, il restera inoubliable.

« Falcon Lake« , c’est avec ce titre un peu passe-partout que Charlotte Le Bon passe à la réalisation de son premier long-métrage.

Pour son premier film, Charlotte Le Bon a choisi de faire dans le teen-movie, un genre connu et surtout très emprunté par les différents metteurs en scène du monde. On pourrait même dire que le genre a tellement été utilisé pour le cinéma, qu’il pourrait arriver en bout de course. Franchement, est-ce bien utile de faire encore des teen-movies, et au-delà de ça, est-ce que le genre n’est pas arrivé à épuisement ? Si pour certains, on peut se poser la question, en ce qui concerne Charlotte Le Bon, le teen-movie sonne comme une évidence, tant elle apporte une magnifique vision sur cette histoire.

« Falcon Lake« , au premier abord, est une histoire tout ce qu’il y a de plus simple, puisque ça raconte une histoire d’amour, le temps d’un été. On a connu plus original ! Et voici que cette simple histoire, sous l’œil de Charlotte Le Bon, va prendre de toutes autres allures, et la jeune cinéaste va nous emporter dans un film entre le drame et la comédie, tout à fleur de peau et en émotion. Ce qui est beau chez Charlotte Le Bon, c’est que son film respire la sincérité et la spontanéité des sentiments. Ici, au travers de ce scénario qui s’amuse à convoquer des fantômes et des symboles, on se plaît à suivre deux ados qui se rencontrent, qui se charment, qui se plaisent, qui se cherchent, et qui n’osent pas vraiment s’avouer leurs sentiments.

« Que ce soit dans sa drôlerie, ou dans ces moments « plus dramatiques », Charlotte Le Bon a réussi à capturer là encore une magnifique intimité. »

Au travers de l’écriture, de sa mise en scène, mais aussi du jeu de ses acteurs, Charlotte Le Bon réussit à capturer quelque chose de réel. Il y a une sincérité qui s’échappe de ces personnages et beaucoup de ce qui va leur arriver trouve, à force d’authenticité, beaucoup de nostalgie. Les premiers sentiments amoureux, les premiers désirs, les premiers plaisirs, le sentiment d’être dépassé par cet amour, l’envie d’aller toujours plus loin pour cet amour, le regard et silence qui transpirent le sentiment amoureux, et parfois ces derniers valent bien plus que tous les discours ou les plus belles déclarations.

De plus, que ce soit dans sa drôlerie, ou dans ces moments « plus dramatiques », Charlotte Le Bon a réussi à capturer là encore une magnifique intimité. Parfois, cette dernière est faite avec trois bouts de ficelles, comme une invitation dans un lit pour partager un secret, ou encore deux silhouettes dans le noir d’une salle de bains, qui en deviennent un comble d’érotisme. Des moments comme ceux-là, Charlotte Le Bon nous en offre tout un tas au travers de cette histoire, qui en plus de ça, se fait inattendue, notamment parce qu’elle nourrit un côté fantastique, au travers de discussions, qui vont prendre (si l’on peut dire ça ainsi), tout leur sens avec un final aussi imprévisible qu’évident en même temps.

On notera aussi que « Falcon Lake » est particulièrement bien filmé. Tourné en pellicule, ce qui convoque encore un peu plus à la nostalgie, Charlotte Le Bon livre un vrai beau film qui, visuellement, sublime ses scènes avec l’intimité évoqué plus haut, mais aussi de par les paysages qui entourent cette histoire, qui se posent presque comme témoins. Puis il y a un très beau travail sur la BO qui souligne magnifiquement, et magiquement, certains instants.

Bref, Charlotte Le Bon nous attrape totalement avec cette histoire, qui est capable de nous faire passer du rire aux larmes en l’espace de peu de temps. Puis le plus beau derrière ça, c’est la facilité avec laquelle Charlotte Le Bon, mais aussi ces deux acteurs, Joseph Engel et Sarah Montpetit, arrivent à convoquer et faire vibrer des souvenirs en nous. L’ heure quarante de ce premier film ne se voit pas du tout passer, et l’on pourrait même dire que cette fin arrive trop vite, tant on n’avait pas envie de quitter ces personnages.

Note : 17/20

Par Cinéted

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