mai 3, 2024

Marathon Man – Sus aux Nazis

De : John Schlesinger

Avec Dustin Hoffman, Laurence Olivier, Roy Scheider, William Devane

Année : 1976

Pays : Etats-Unis

Genre : Thriller

Résumé :

Babe, étudiant en histoire, s’entraîne dans Central Park pour le marathon de New York. Son frère Doc, membre d’une organisation gouvernementale secrète, est assassiné sous ses yeux. On apprend que le Dr Szell, un criminel de guerre nazi, serait venu récupérer un trésor de guerre qu’il avait confié autrefois à son frère…

Avis :

Commençant sa carrière en tant qu’acteur dans des rôles secondaires, c’est à la fin des années 50 que John Schlesinger va commencer à réaliser. Tout d’abord des épisodes de séries pour la BBC, puis un documentaire qui se fera remarquer autour des chemins de fer. En 1962, il réalise son premier film de fiction, Un Amour pas Comme les Autres, avec lequel il remportera le Lion d’Or à la Mostra de Venise. Il fera alors une trilogie anglaise, puis partira aux States pour faire un nouveau chef-d’œuvre, Macadam Cowboy avec Dustin Hoffman. Il retrouvera l’acteur quelques années plus tard pour faire Marathon Man, adaptation du roman éponyme de William Goldman. Histoire relativement sombre qui s’apparente à une chasse aux nazis, Marathon Man reste à ce jour un thriller étouffant, mené d’une main de maître par John Schlesinger, mais aussi par un Dustin Hoffman époustouflant.

Le début du film est assez déroutant, car il pourrait presque passer pour une comédie. On va y voir un vieil homme qui récupère quelque chose dans une banque, puis qui file en voiture. Sa voiture a une panne, et il va créer un embouteillage. Sauf que derrière lui se trouve un vieux juif bien énervé qui va la traiter de nazi. Dès lors, les deux voitures redémarrent et s’engagent dans une course-poursuite pour savoir qui a la plus grosse. Le film bascule alors dans le drame lorsque les deux voitures percutent un camion-citerne et provoquent une explosion, coûtant la vie aux deux vieux. Le lien avec le reste du film sera ténu, mais il sera bien présent, autour de la fameuse chose récupérée par le vieil allemand, mais aussi par ses liens familiaux avec un autre type qui va alors s’enfuir de chez lui.

« Marathon Man va constamment brouiller les pistes pour mieux perdre le spectateur. »

Basculant dans le thriller d’espionnage, Marathon Man va constamment brouiller les pistes pour mieux perdre le spectateur dans les méandres d’un complot visant à rendre plus riche un ancien nazi ayant trouvé refuge en Amérique latine. Jouant alors avec l’Histoire, John Schlesinger présente une narration qui pourrait paraître éclatée, mais qui met au grand jour comment un homme que rien ne prédestine à une torture en bonne et due forme devient la cible de nazis avides et sans scrupules. Afin de donner du poids à son scénario, le réalisateur prend son temps pour présenter son personnage principal, victime collatérale d’un père anarchiste et d’un frère qui cache son travail d’espion pour faire coffrer les nazis réfugiés sur le continent américain. C’est fait de manière très maline, mais surtout, cela prend réellement place dans un contexte politique tendu, où tout un chacun peut mentir pour ses intérêts.

Ainsi donc, le film nous met des doutes sur tous les personnages, et sur leurs intentions. Comment croire ce frère qui a menti sur son réel métier pour protéger son jeune frère, mais qui revient mourir dans ses bras ? Comment croire cette jeune femme alors qu’on découvre qu’elle n’est pas suisse mais allemande ? Comment croire cet agent du FBI qui veut à tout prix des informations auprès du personnage principal ? Le film est perclus de faux-semblants, et forcément, on reste attentif au moindre indice qui permettrait de découvrir qui ment, qui dit la vérité, et qui n’est pas attiré par autre chose que l’argent, ou là, en l’occurrence, les diamants. C’est toute la force de ce récit, qui sombre petit à petit dans une noirceur folle, avec en prime la présentation d’un nazi célèbre, présentant une addiction à la torture par les dents.

« la volonté de Schlesinger de mettre en avant la cruauté des nazis »

Afin de mieux nous percuter avec son histoire et sa plongée sombre, Marathon Man va bénéficier d’une mise en scène magistrale. Si le film ne baigne dans une photographie marquante, il n’en demeure pas moins que certaines scènes font froid dans le dos, comme par exemple la séquence de torture, où ce pauvre Dustin Hoffman va se faire percer une dent sans anesthésie. La scène a d’ailleurs dû être coupée sur le montage final, puisqu’elle s’est avérée trop choquante lors des projections tests. Mais cela montre bien la volonté de Schlesinger de mettre en avant la cruauté des nazis, et le fait que le temps a beau passer, le naturel revient toujours, et que ces types seront toujours des saloperies. Et le film de bien enfoncer le clou avec des acteurs qui sont tous investis dans leurs rôles respectifs. Dustin Hoffman en tête.

Ce dernier est affolant de réalisme dans le rôle de cet étudiant torturé, addict à la course à pied, qui se retrouver bien malgré lui au sein d’un complot et d’une chasse au nazi. Adepte de l’Actor Studio, il va même passer des nuits blanches pour jouer son personnage qui, dans l’histoire, passe aussi une nuit blanche, afin d’apporter encore plus de réalisme. A ses côtés, Laurence Olivier est impressionnant en ancien tortionnaire nazi. L’homme froid, machiavélique, il ne présente aucun état d’âme, et on va le détester du début à la fin, preuve d’une grande interprétation. William Devane n’est pas en reste, jouant un type ambigu dont on ne connait les intentions. Puis Roy Scheider vient compléter ce casting en jouant un frère protecteur, qui se prend à son propre piège. Bref, un casting royal qui permet au film de prendre une autre dimension.

Au final, Marathon Man est un très grand film, qui fait presque suite au tout aussi excellent et noir Macadam Cowboy. John Schlesinger poursuit avec maestria sa carrière, renouant avec un genre qu’il apprécie de plus en plus, le thriller, et offre une chasse au nazi relativement différente de ce à quoi on pouvait s’attendre. Une réussite sur tous les plans, aussi bien sur la technique, que l’écriture, ou encore la prestation des acteurs. On frôle le chef-d’œuvre.

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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