Titre Original : La Sociedad de la Nieve
De : J.A. Bayona
Avec Rafael Federman, Felipe Gonzalez Otano, Simon Hempe, Esteban Bigliardi
Année : 2023
Pays : Espagne, Uruguay, Chili
Genre : Thriller, Drame
Résumé :
En 1972, le vol 571 de l’armée de l’air uruguayenne, qui transportait une équipe de rugby au Chili, s’est écrasé dans les Andes. Parmi les 45 passagers, seuls 29 ont survécu à l’accident. Coincés dans l’un des environnements les plus hostiles et inaccessibles de la planète, ils doivent prendre des mesures extrêmes pour assurer leur survie.
Avis :
J.A. Bayona est un metteur en scène espagnol qui a convaincu dès son premier film, le culte « L’orphelinat« . Très vite, Hollywood voit son talent et fait appel à ses services. Dans les années 2010, J.A. Bayona va alors passer ces années aux États-Unis, réalisant un film catastrophe, « The Impossible« , puis un conte bouleversant, « Quelques minutes après minuit« , puis encore un énorme blockbuster, « Jurassic World, Fallen Kingdom« .
Cette décennie passée, J.A. Bayona revient alors à des productions plus modestes et surtout, il revient à ses origines, ou du moins à sa langue natale, puisque pour son cinquième film, J.A. Bayona a posé ses caméras dans l’Uruguay de 1972, pour mettre en scène l’une des histoires les plus célèbres d’Amérique du Sud et plus largement du monde hispanique, le crash d’un avion dans la Cordière des Andes et surtout l’attente de ses survivants qui sont restés plus de deux mois piégés seuls, en pleine montagne.
« Visuellement incroyable, bouleversant dans ce qu’il raconte. »
Visuellement incroyable, bouleversant dans ce qu’il raconte, donnant une voix aussi bien aux personnages qui s’en sont sortis que ceux qui sont restés à jamais dans la montagne, « Le cercle des neiges » signe le grand retour de son réalisateur qui nous offre un film tendu, passionnant, et visuellement impeccable.
13 Octobre 1972, un avion qui relie Montevideo en Uruguay vers Santiago au Chili s’écrase quelque part dans la Cordière des Andes. À son bord, quarante passagers, et cinq membres d’équipage. Après le crash, il restera vingt-sept survivants. Livré à eux-mêmes, perdus en pleine montagne, sans possibilité aucune de s’en extirper, grâce à une radio, les survivants, au bout de dix jours, vont apprendre que les recherches sont abandonnées et qu’elles reprendront à la fonte des neiges. N’ayant rien pour vraiment affronter le froid et sans aucune possibilité de se nourrir, les survivants vont alors se résigner à manger les corps des passagers morts, en attendant qu’on finisse par les retrouver.
Un crash quelque part en montagne, des survivants livrés à eux-mêmes, du cannibalisme pour survivre, une avalanche, une survie dans un milieu hostile, puis une échappée avec un périple ardu… Franchement, cette histoire, qui est survenue en 1972, avait tout d’un film à sensations, d’ailleurs, Hollywood en avait déjà fait une adaptation en 1993 avec Frank Marshall aux commandes.
« Bayona livre un film qui est une expérience incroyable. »
Trente ans après, c’est donc J.A. Bayona qui se lance à son tour pour raconter cette histoire et autant le dire de suite, ce retour du cinéaste espagnol est une claque assez incroyable. Film bluffant de bout en bout, Bayona nous raconte cette histoire du point de vue de l’un de ses survivants et c’est passionnant. De ces quelques instants en Uruguay à une scène de crash impressionnante, comme rarement le cinéma a su en filmer, surtout de manière aussi violente et crue, à ces premiers jours en montagne, puis cette décision affreuse et nécessaire pour survivre, ou encore tous les rebondissements qui peuvent intervenir, au cours des deux heures vingt que dure ce « … cercle des neiges« , Bayona livre un film qui est une expérience incroyable.
Oui, je parle d’expérience, car c’est bien ce que le film est. Piégé tout comme ces survivants dans ce milieu hostile et sans vie, ce qui est terrible, c’est que l’on croit connaître cette histoire et sous l’œil de Bayona, qui donnera voix, corps et nom à beaucoup de ces passagers, on redécouvre la trajectoire du vol Fuerza Aérea Uruguaya 571.
Tenu par un scénario solide, « Le cercle des neiges » est un film qui sait donc parfaitement raconter cette histoire. Tout y est au sein de ce film, qui offre des montagnes russes d’émotions. Joie, peine, deuil, atrocités nécessaires, esprit d’équipe, bravoure, explorations, découvertes, espoir, désillusions… Bref, il y a vraiment de tout et l’ensemble est offert sans temps mort. Mieux encore, avec Bayona à la main d’œuvre, les presque deux heures et demie que dure le film passent comme une petite heure et demie, ce qui est un sacré défi, surtout avec un film qui se pose en grande partie comme un huis clos à ciel ouvert.
« Il ne serait pas improbable que le réalisateur aille chercher son troisième Goya. »
À ce très bon scénario, il faut aussi compter sur la mise en scène de Bayona qui est une masterpiece à elle toute seule. Des images incroyables, des scènes affolantes, intenses, puissantes (la scène du crash, j’y reviens, tant elle est traumatisante !), une voix off bouleversante, une BO de Michael Giacchino impeccable, une photographie sublime, des effets spéciaux qui servent parfaitement cette histoire, tout comme la direction artistique qui offre un vrai film d’époque. Si on avait encore un doute autour du talent de J.A. Bayona, assurément ce « … cercle des neiges » les enlève et il ne serait pas improbable que le réalisateur aille chercher son troisième Goya.
Enfin, ce film, c’est un casting peuplé d’acteurs qu’on ne connaît pas et qu’on prend plaisir à découvrir. Des acteurs qui tiennent des personnages passionnants, et même si le film en fait vivre plus que d’autres, il arrive à les rendre tous intéressants à suivre, et l’on s’accroche à chacun d’eux.
Avec ses façons de filmer au plus près de ses survivants, avec cette façon de raconter cette histoire, où il ne se passe grand-chose tout en s’en passant énormément, grâce à ces personnages et ces acteurs, ce retour de J.A. Bayona se fait aussi bon, beau et grand qu’on l’espérait, et finalement, le seul reproche qui me vient en tête, c’est la tragédie qu’un film pareil soit privé de sortie en salle, car pour l’avoir vu au cinéma, tout ici appelle le grand écran, qui offre une immersion totale, ajouté à une tension terrible. L’année 2024 n’a pas encore commencé qu’on a l’impression d’avoir déjà vu l’un de ses plus grands films.
Note : 18/20
Par Cinéted