avril 20, 2024

Siren

De : Andrew Hull

Avec Eoin Macken, Anna Skellern, Tereza Srbova, Anthony Jabre

Année : 2010

Pays : Grande-Bretagne

Genre : Horreur

Résumé :

Un couple et un de leurs amis partent à l’aventure à bord d’un voilier. Un signal de détresse les fera dévier de leur route pour tomber sur une île où se trouve une jeune femme attirante, perdue et sans aucun souvenir…

Avis :

Les créatures mythologiques et folkloriques ont toujours alimenté les récits d’horreur. Que ce soit dans la littérature fantastique ou au cinéma, on retrouve souvent des bestioles issues d’un imaginaire passé qui reviennent torturer quelques âmes errantes. Le problème, c’est que dans le cinéma d’épouvante, cela a souvent donné lieu à des films d’une rare nullité, et ce dans n’importe quelle mythologie. Cyclope, banshee et autres sirènes sont souvent assimilés à des longs-métrages au budget limité et à la mise en scène catastrophique. Andrew Hull, directeur artistique puis réalisateur d’un unique film avant de décéder, propose avec Siren une relecture contemporaine du mythe de la sirène, où trois fêtards se retrouvent échoués sur une île, avec une femme envoûtante et mystérieuse. Si le pitch peut laisser l’espoir d’une histoire intéressante, le passage à l’image va vite calmer nos ardeurs.

Le film débute sur une route déserte, avec une jeune femme sublime qui est habillée en robe rouge. Complètement mutique, on sait déjà les intentions du réalisateur, qui sont ici de jouer avec notre crédulité quant à cette femme. Est-elle la sirène et qui va-t-elle charmer pour ensuite le buter ? Cette question va nous tarauder pendant un bon quart d’heure, lorsqu’un homme la klaxonne et l’escorte jusqu’à un endroit isolé, où il va coucher avec. Manque de bol, et première arnaque, il s’agit en fait d’un couple qui joue un jeu de rôle pour pimenter leur vie sexuelle, avant de partir sur un voilier pour faire la fête avec un ami. Si l’intention est louable, on a tout de même l’impression de se faire avoir, d’autant plus que la mise en scène joue avec un jumpscare inutile, incohérent et sans rapport avec l’histoire.

En gros, la nana a une vision alors qu’elle se fait prendre par son homme, coupant court à la relation sexuelle. Bref, on sent que le metteur en scène tâtonne, ne sait pas trop où il va, et on ne sera pas au bout de nos peines. En effet, si le mythe des sirènes est rapidement évoqué lors de la location du bateau, tout va s’enchainer très vite par la suite. Le couple baise (encore) pendant que l’ami dirige le bateau et décide de porter secours à un naufragé. Ce dernier pète un plomb, du sang coule de ses oreilles et il décède rapidement. Le groupe décide d’aller sur l’île la plus proche pour l’enterrer. Et ils découvrent une jeune et charmante femme sur cette île, qui semble elle aussi perdue. Et on se doute bien de qui il s’agit. A partir de là, le film s’enlise rapidement.

On va avoir droit aux errances du groupe sur l’île, puisque le bateau est en panne et que pour le réparer, il faut du temps. Puis le groupe va faire la fête, chacun y allant alors de son hallucination. C’est là que le côté horreur va prendre son sens. Chacun va avoir des cauchemars horribles, avec ce qu’il faut de meurtre, de sang et de tranchage de jambes. Malheureusement, tout cela est caché sous un filtre dégueulasse, avec beaucoup de hors-champs et une volonté de presque « flouter » l’ensemble afin de créer une atmosphère délétère. Cependant, tout cela ne prend pas à cause d’une mise en scène misérable et d’une incohérence crasse dans le montage. A un tel point que l’on ne sait plus qui rêve de quoi, ou de qui, et on ne sait même pas ce qu’il se passe réellement. C’est un foutoir pas possible.

Mais la suite sera encore pire, puisque l’on aura les pérégrinations du groupe au sein de l’île, où ils seront tous perdus. Hormis deux/trois décors naturels plutôt jolis, on va encore avoir droit à des séquences inutiles et sans incidence sur le récit. On pense à a découverte de plusieurs cadavres au sein de la forêt. Et si le réalisateur veut jouer sur la perte de repères, on reste face à des situations grotesques où si l’un lâche la main de l’autre, il disparait aussitôt. Cela ne crée pas de la peur ou de l’angoisse, mais plutôt un désarroi quant à cette histoire qui tourne en boucle et n’arrive jamais à donner corps aux personnages et la créature qui s’amuse avec eux.

D’ailleurs, concernant cette dernière, que l’on identifie de suite, le film ne fera aucun effort, jouant un peu sur ses charmes, mais oubliant tout simplement de la grimer ou de lui offrir un charisme digne de ce nom. Il ne faudra pas chercher un monstre au design particulier, puisqu’ici, on reste très terre à terre. L’autre défaut majeur des personnages est qu’ils ne sont pas attachants ou empathiques. Outre le queutard bourgeois qui se rend compte de son amour pour sa dulcinée bien trop tard, on a droit au meilleur ami un peu débile, ou encore la jolie brune qui va entretenir une relation ambiguë avec la sirène. Et tout ce petit groupe se révèle pénible à suivre, en plus de n’avoir aucun background. Dès lors, comment ressentir la moindre émotion pour eux ? Comment avoir peur du sort qui leur est réservé ?

Au final, Siren est un très mauvais film d’horreur. Et ça fait un peu mal de le dire quand on sait que le réalisateur est décédé peu de temps après le tournage, et qu’il a sans doute fait du mieux qu’il a pu. On est face à un long-métrage pénible, qui n’arrive jamais à donner corps à son intrigue et à sa créature. De plus, la réalisation est lambda et le montage, totalement anarchique pendant l’unique phase horrifique, nous perd dans un dédale de délires tous plus anecdotiques les uns que les autres. Triste constat d’un film mensonger sur sa jaquette et sur ses intentions…

Note : 03/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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