avril 16, 2024

Down in Paris – Introspection by Night

De : Antony Hickling

Avec Antony Hickling, Jean-Christophe Bouvet, Dominique Frot, Manuel Blanc

Année : 2022

Pays : France

Genre : Romance

Résumé :

Richard, cinéaste d’une quarantaine d’années gagné par une crise d’angoisse inexpliquée, lâche son tournage en cours et se livre à une déambulation dans un Paris nocturne, à la recherche de réponses, de réconfort et d’inspiration. Au cours de cette nuit blanche, au hasard des rencontres, parfois chaleureuses, parfois inquiétantes, croisant figures étrangères, corps inconnus ou visages familiers, Richard va affronter ses peurs et questionner ses désirs profonds… jusqu’au petit matin.

Avis :

Antony Hickling est natif d’Afrique du Sud. Né d’un père indien et d’une mère anglaise, très vite, la famille déménage en Angleterre. Après des études en cinéma à Manchester et à Londres, c’est en France qu’Antony Hickling vient achever sa formation. Il y fait alors une thèse sur l’art Queer, mais très vite, il l’abandonne pour se consacrer pleinement aux métiers du cinéma. S’il travaille en tant qu’acteur, c’est bien en tant que metteur en scène qu’Antony Hickling se fait un nom. Ayant réalisé cinq longs-métrages, Antony Hickling s’est tout d’abord tourné vers des films qui sont des expériences. Des films qui mélangent les styles et les thèmes. Des thèmes qui sont très souvent proches du réalisateur, pour ne pas dire autobiographiques. Après une trilogie, Antony Hickling dit lui-même avoir exploré tout ce qu’il y avait à explorer pour ce genre de narration qu’il voulait mettre en scène et ainsi, en 2018, il boucle ce qu’il appelle le chapitre un de sa vie de cinéaste.

Tourné entre deux confinements, « Down In Paris« , le cinquième film d’Antony Hickling, devait normalement arriver plus tard dans sa carrière, mais le Covid (encore lui) en a décidé autrement, car le film suivant d’Antony Hickling demandait bien plus. Bref, profitant du temps qu’il avait, Antony Hickling, sur les conseils d’un ami, se lance alors dans « Down In Paris« , un film qu’il avait en tête depuis pas mal d’années. Empruntant les sentiers d’une narration plus traditionnelle, « Down In Paris » est un film assez autobiographique sur bien des aspects. Et si le film se fait un peu longuet, notamment dans sa première partie qui a du mal à trouver son chemin, petit à petit, cette errance nocturne parisienne envoûte, charme et captive.

Richard est réalisateur et il travaille sur son cinquième long-métrage. Depuis un petit bout de temps, Richard n’arrive plus vraiment à s’impliquer dans son métier. Il y a quelque chose qui bloque et ce jour-là, il n’arrive pas à tourner une scène. L’actrice est pourtant excellente, l’équipe assure et tous les ingrédients sont-là, tous sauf Richard, qui n’arrive à rien. Sur les conseils du producteur, Richard quitte le plateau pour une soirée de décompression. Or, la soirée que va passer Richard est à mille lieux de ce qu’il aurait pu imaginer.

Réalisateur sud-africain établi en France depuis de nombreuse années, Antony Hickling, au fur et à mesure de ses films, s’est fait une solide réputation dans le milieu du cinéma et plus précisément dans le milieu du cinéma LGBT.

Après quatre films qui tutoient le cinéma expérimental, Antony Hickling revient avec un film à la narration plus classique, pour nous raconter une errance, celle d’un réalisateur qui l’espace d’une nuit, et au gré des rencontres, va remettre énormément de choses en question et finalement peut-être se retrouver lui-même. Le confinement aura servi à plusieurs artistes pour développer des projets et des envies et du côté du cinéma, Antony Hickling aura presque fait la même démarche que celle entreprise il y a quelques semaines par Guillaume Canet avec « Lui« , et si Canet s’est quelque peu planté en livrant un film narcissique, Antony Hickling, avec ses défauts et ses qualités, nous entraîne dans une nuit pleine de charme et de douceur.

Tenu par un joli scénario, « Down In Paris » est un point de rupture dans une vie. C’est un moment où il faut remettre les choses à plat et faire le point et c’est ce qui va arriver au personnage principal de ce film. Personnage qui est tenu par Antony Hickling lui-même. « Down In Paris » est un film qui avait bien des ingrédients pour nous faire craindre le film narcissique qui se regarderait le nombril et pourtant Antony Hickling évite les pièges pour nous entraîner dans une nuit qui va être pleine de charme, d’aventures, de pardon, et même de sensualité.

Pourtant, tout n’était pas gagné d’avance et « Down In Paris » a pour le coup véhiculé certaines de nos craintes en début de film, avec l’histoire de ce réalisateur qui bloque sur une scène et qui en quelque sorte fuit son tournage pour méditer sur sa vie. Heureusement, ça ce ne sera que le début et finalement, Anthony Hickling, au travers des rencontres hasardeuses que va faire le personnage, va réussir une très belle introspection, dont le point culminant et le plus touchant de cette dernière sera le pardon. Le pardon envers un ami avec lequel on s’est mal comporté, puis plus loin encore, le pardon envers soi-même. Un pardon qui demande une analyse de soi et une acceptation de soi difficile à admettre et qu’Anthony Hiclking explore de manière très touchante, et c’est ce qui va faire la force et la beauté finalement de ce « Down In Paris« .

Cette force et cette beauté, on la retrouve aussi au travers des différentes rencontres que va faire le personnage. Si parfois certaines vont être un peu lourdes comme celle d’un ex en pleine rue, ou celle avec un SDF, d’autres vont être de très jolis moments de cinéma. Ainsi entre mystique (Géniale Dominique Frot en voyante ou Claudius Pan en… vous vous ferez votre propre avis), émotion (Manuel Blanc bouleversant) et sensualité charnelle au dépôt, « Down In Paris » réunit un casting de talents et l’on se plaît à se laisser surprendre par ces rencontres fortuites ou non. Puis bien sûr, au-dessus de tous ces comédiens, le film est aussi incarné par Anthony Hickling qui compose une belle interprétation, avec un personnage au départ agaçant, pour finalement devenir un personnage qu’on aime suivre. Un personnage à fleur de peau et tout en émotion.

Ce Paris By Night en compagnie d’Anthony Hickling derrière et devant la caméra arrive sans mal à nous charmer. Si le film est imparfait, s’il est parfois un peu longuet, notamment à se mettre en place, si parfois, il est un peu lourd, là encore dans ses débuts, une fois qu’Anthony Hickling a trouvé son ton, alors son « Down In Paris » est plein de merveilles et de merveilleuses rencontres et au-delà de ça, cette introspection qui s’aventurera sur les sentiers du pardon est finalement très touchante.

Note : 14/20

Par Cinéted

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