mars 29, 2024

L’Homme aux Mille Visages

Titre Original : Man of a Thousand Faces

De : Joseph Pevney

Avec James Cagney, Dorothy Malone, Jane Greer, Jim Backus

Année : 1958

Pays : Etats-Unis

Genre : Biopic

Résumé :

La vie tourmentée de Lon Chaney, expert de la transformation et du maquillage, qui lui valut d’être surnommé  » l’homme aux mille visages « . Né de parents sourds-muets, Chaney est passé maître dans l’art de la pantomime. Après des débuts difficiles et la naissance d’un fils qu’il croit atteint du même handicap que ses parents, il est employé par les studios Universal qui lui offrent plusieurs grands rôles déterminants…

Avis :

Ces dernières années, le biopic est un genre qui a connu de nombreux succès, notamment pour retranscrire sur grand écran la vie d’artistes musicaux de légende Tout comme les remakes, cet exercice cinématographique n’est pourtant pas nouveau. Au cours des années 1950, il doit ses premières lettres de noblesse à des métrages tels que L’Homme qui n’a jamais ri, sur la vie de Buster Keaton, ou L’Homme aux mille visages, pour citer des exemples centrés sur des acteurs. En l’occurrence, le présent film se penche sur l’existence et le parcours de Lon Chaney qui présente tous les atours du mélodrame, teinté d’une touche de rêve américain.

À la manière d’un documentaire, l’intrigue s’introduit par un hommage solennel au principal intéressé. Puis on assiste à une évocation plus ou moins détaillée sur des moments clefs de sa vie. Bien que son enfance reste à peine esquisser, on appréhende le contexte familial de telle sorte qu’il vient expliquer certaines périodes ultérieures de sa vie. Par la suite, on découvre ses débuts dans les cabarets et les music-halls, ainsi que sa première histoire d’amour. En cela, le traitement est assez elliptique dans le sens où il n’y a pas d’indications temporelles. Seuls certaines allusions ou le fait de voir grandir les enfants sont les principaux repères pour se projeter plusieurs années en avant.

Le procédé n’est pas handicapant pour la bonne compréhension du récit. Cependant, on omet des pans essentiels de la carrière de Lon Chaney. On songe notamment à ses fructueuses et incontournables collaborations avec Tod Browning, purement oubliées. À l’image du tournage du Fantôme de l’opéra ou Notre-Dame de Paris, on aurait apprécié la reconstitution d’autres productions, Londres après minuit en tête. S’agit-il d’un problème de droit à l’époque ou d’une volonté d’occulter les métrages autres que ceux des studios Universal, comme la MGM ? Vraisemblablement, le grand écueil du film avec la différence d’âge entre l’acteur principal et son personnage.

« En somme, tout ce qui a fait de Lon Chaney un acteur de légende est représenté à l’écran, quitte parfois à idéaliser son succès. »

À ce titre, James Cagney approche de la soixantaine, tandis que Lon Chaney a une trentaine d’années au moment des faits. Hormis quelques grimages, il ne vieillit donc pas à l’écran. Ce qui donne parfois lieu à des instants cocasses où, par exemple, un gardien du studio l’interpelle par un « jeune homme » totalement hors de propos. Pour autant, cette largesse prise avec la réalité, guère inédite à Hollywood, n’est en rien rédhibitoire pour apprécier la qualité de la prestation. James Cagney parvient à retranscrire toute la singularité du personnage ; tant à la ville qu’au travail. On songe notamment à la multitude de transformations, le maquillage, la recherche artistique à travers les croquis.

En somme, tout ce qui a fait de Lon Chaney un acteur de légende est représenté à l’écran, quitte parfois à idéaliser son succès. Cela vaut surtout pour le dénouement qui s’avance comme une transmission d’héritage fictive et romancée ou aux prémices du star system d’Hollywood. Ce dernier concept fait référence à la nécessité de la promotion, de se faire voir et d’être vu. Sans nuance aucune, on distingue là une image de la célébrité assez clinquante, même si l’intéressé n’en a cure et tend à fuir cet aspect de la profession. On peut aussi s’attarder sur l’évocation des conditions de tournage à la chaîne, des rouages de l’industrie cinématographique, coincée entre la recherche artistique de passionnés et les impératifs de la production.

Au final, L’Homme aux mille visages est un biopic recommandable si l’on souhaite se pencher sur l’un des plus grands acteurs de la période expressionniste d’Hollywood. À l’image du clown triste de Lon Chaney lui-même, à l’allure et au comportement contradictoires, on s’immerge dans une tonalité dramatique teintée d’optimisme et de légèreté. Certes, on distingue plusieurs approximations et errances quant à sa vie, son parcours professionnel. De même, la fiction a tendance à enjoliver certains faits, dont une ultime séquence qui tient du fantasme et non de la réalité. Il n’en demeure pas moins un film intéressant à appréhender, tout en considérant l’évolution du cinéma, sa notoriété grandissante. Sans être une critique acerbe du système, une évocation sensible et interprétée avec justesse.

Note : 14/20

Par Dante

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