avril 16, 2024

Simone, Le Voyage du Siècle

De : Olivier Dahan

Avec Elsa Zylberstein, Rebecca Marder, Elodie Bouchez, Judith Chemla

Année : 2022

Pays : France

Genre : Biopic

Résumé :

Le destin de Simone Veil, son enfance, ses combats politiques, ses tragédies. Le portrait épique et intime d’une femme au parcours hors du commun qui a bousculé son époque en défendant un message humaniste toujours d’une brûlante actualité.

Avis :

Réalisateur français qui s’est fait une jolie réputation, alors même que bien souvent ses films sont loin, très loin, de faire l’unanimité, Olivier Dahan est un cinéaste à part dans le paysage du cinéma français. Olivier Dahan est un cinéaste qui s’intéresse à beaucoup de genres, capable de passer du biopic au mélodrame, puis a la comédie totalement fuckée, pour ensuite revenir au biopic, et plus précisément le biopic féminin, genre pour lequel le metteur en scène a une petite affection.

Après avoir mis en scène un film sur Edith Piaf et un autre sur Grace Kelly, Olivier Dahan revient cette année (après de multiples reports à cause du Covid) avec un nouveau biopic et cette fois-ci, c’est à Simone Veil qu’il s’intéresse. Il faut dire que la Dame a eu une vie incroyablement et tristement riche, et il y a vraiment de quoi faire un film, et même plus.

Avec ses retours partagés, alors même qu’il fonctionne très bien en salle depuis presque un moins maintenant, « Simone … » était l’un des films événements de la rentrée, et même si parfois, le long-métrage résonne comme un film « facile », évident, engagé, et pas toujours très subtil, je dois dire que je suis ravi de m’y être arrêté, car si je connais les grandes lignes de la vie de Madame Vieil, j’ai adoré m’instruire, et ce voyage d’Olivier Dahan dans la vie de cette femme m’a littéralement passionné et bouleversé en même temps !

De son enfance à son arrestation, des camps à la libération, de ses études à ses premiers éclats, de ses combats politiques à son humanisme, Simone Veil a eu une vie dense et intense, elle aura bousculé et fait changer la société française et européenne. Toujours engagée, toujours dans le combat, aussi bien dans son intime qu’en public, c’est quatre-vingt-dix ans d’une vie tout simplement incroyable.

Ce que j’aime chez Olivier Dahan, c’est son sens de la narration (et c’est aussi ce que beaucoup d’autres lui reprochent). J’aime l’idée qu’il a de nous raconter un portrait et de ne surtout pas livrer un film linéaire. Ici, son « Simone … » est suivi d’une virgule qui nous précise « … le voyage du siècle » et rarement le mot voyage aura été aussi pertinent pour décrire la narration, car ici, Olivier Dahan nous invite à voyager dans la vie de Simone Veil. Ici, comme il l’avait déjà fait avec « La Môme« , le réalisateur vole d’une époque à l’autre, passe du présent au passé, pour revenir au présent, si tant est qu’il y ait un présent.

Portrait kaléidoscopé de Madame Vieil, Olivier Dahan, au travers d’époques, raconte Simone Veil dans ses combats, dans les lois qu’elle a soutenues, dans les changements politiques qu’elle a apportés, puis derrière ça, il fait la même chose avec son histoire intime, son histoire personnelle, racontant les blessures de la femme, de l’adolescente, qui vont forcément forger la future combattante. Intelligent dans sa construction, « Simone … » est un film qui fait très bien conjuguer la vie de Simone Veil, et ça même s’il mélange tout. Ici, Olivier Dahan sait où nous emmener, comment raconter, et au bout de ça, comment nous toucher. Il est difficile, très difficile, de ne pas être ému, ne serait-ce que par l’évocation de la vie de Madame Vieil et ici, Olivier Dahan livre son film le plus touchant, pour ne pas dire bouleversant.

De plus, pour des gens comme moi, qui ne connaissent que les grandes lignes de la vie de Simone Veil, le film d’Olivier Dahan se pose comme très intéressant, car il se fait très instructif, et bien des combats sont passionnants, et derrière ça, alors même que pour certains, ils sembleraient lointains, il demeure encore toujours tristement d’actualité, et en un sens, ça fait froid dans le dos.

Après, le film et ce scénario ne sont pas exsangues de défauts et le premier qui saute aux yeux, c’est un manque de subtilité dans certains des combats, notamment autour de la construction de l’Europe et la Communauté européenne, car même si ce qui est tenu est intéressant et juste dans une certaine mesure, on lui reprochera la façon de faire, qui pourrait presque donner dans la leçon. Mais, au final, ce n’est qu’un petit détail face à ce que le film m’a apporté.

Du côté de sa mise en scène, là encore, tout n’est pas juste. La première chose qui là aussi saute aux yeux, c’est le montage de Dahan. Autant dire que ceux qui n’ont pas aimé « La Môme » et la façon de faire de son cinéaste, ce n’est pas avec « Simone … » qu’ils vont être comblés. Pour ma part, ce montage, qui passe d’une époque à l’autre, et ne fait que des allers-retours, rend le film encore plus intéressant, car cela injecte beaucoup de suspens et si, par exemple, pour ma part, je trouvais que dans « La Môme« , c’était quelque peu le bordel, ici, Dahan a appris de ses erreurs et c’est plus lisible. Après, le film, en un sens, demeure très classique dans son genre. Olivier Dahan, hormis son montage (qui lui ressemble) ne prend pas de risque et livre le film auquel on s’attendait, mais malgré le classicisme, force est de constater que le film fonctionne très très bien. Là encore, l’idée de voyage dans la vie de Simone Veil est là.

Esthétiquement, le film est très beau, avec de belles reconstitutions, et il tient même quelques fulgurances, comme les discours des opposants à la loi Veil, ou encore les scènes dans les camps de concentration, ou même le discours final. Seule la musique d’Olvon Yacob résonne presque comme cheap, tant elle veut faire dans le mélodramatique.

Enfin, « Simone, le voyage du siècle« , ce sont deux actrices merveilleuses pour le même rôle, avec une Simone jeune incarnée par l’inarrêtable Rebecca Marder et une Simone plus âgée incarnée elle par une Elsa Zylberstein bluffante, qui trouve là un rôle en or. Pour le reste du casting, le réalisateur s’est très bien entouré avec des habitués de son cinéma et des nouveaux.

Très classique d’un côté, totalement dans la veine et le style d’Olivier Dahan, manquant parfois de subtilité, et en même temps arrivant à se faire passionnant et bouleversant, et enfin tenu par deux grandes actrices, « Simone, le voyage du siècle » est un très bon cru pour Olivier Dahan qui nous fait oublier son précédent film, « Grace De Monaco« .

Note : 16/20

Par Cinéted

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