mars 28, 2024

Pinocchio – La Route du Calvaire

De : Robert Zemeckis

Avec Tom Hanks, Benjamin Evan Ainsworth, Joseph Gordon-Levitt, Luke Evans

Année : 2022

Pays : Etats-Unis

Genre : Fantastique

Résumé :

La célèbre histoire de ce pantin de bois, Pinocchio, bien décidé à vivre la plus palpitante des aventures pour devenir un vrai petit garçon.

Avis :

Parmi les contes les plus connus, Pinocchio de Carlo Collodi tient une place très importante. Car non seulement il a marqué des générations d’enfants à travers son texte, mais il est aussi l’une des histoires les plus adaptées au cinéma. De Disney en passant par Roberto Benigni, de la science-fiction avec un pinocchio robot en allant vers le film pornographique (oui, la marionnette n’a pas que le nez qui s’allonge visiblement), le récit de Collodi est passé par bien des étapes et des genres. Et même aujourd’hui, en 2022, on a droit à deux versions différentes, l’une sur Disney+ qui est une adaptation live du dessin animé de 1946, et une autre sur Netflix, portée par Guillermo Del Toro, adaptation libre du conte. Pourquoi un tel succès ? On peut se poser la question tant le fond semble un peu désuet, mais Mickey et ses amis ont besoin de thunes.

Dans sa folie de tout remettre en version live (on se souvient encore du très décevant Le Roi Lion de Jon Favreau qui perdait toute magie, ou encore du très moyen Aladdin de Guy Ritchie), Disney file ce projet à Robert Zemeckis, grand réalisateur qui tombe petit à petit en désuétude, avec quelques échecs tristes (Sacrées Sorcières). Exclusivement réservé à sa plateforme de streaming, ce Pinocchio se veut être fidèle à l’œuvre d’origine et ne pas apporter grand-chose de plus, si ce n’est Tom Hanks dans le rôle de Gepetto. Et finalement, on aura droit à un film qui va au-delà de notre non-attente, puisque le long-métrage de Zemeckis sera une déception à tous les niveaux, au point de se demander si le cinéaste ne s’est pas sabordé lui-même face à ce produit mercantile et sans aucun intérêt. C’est bien simple, il n’y a aucune envie de cinéma là-dedans.

D’un point de vue scénaristique, on n’aura rien de nouveau à se mettre sous la dent. On va se rendre aux côtés de Gepetto, un menuisier qui se crée un pantin à l’effigie de son fils disparu. Dans la nuit, une fée bleue vient donner vie à la marionnette, qui va vivre une aventure extraordinaire en une seule journée. Ainsi donc, on aura droit aux deux roublards qui veulent vendre le pantin à un marionnettiste esclavagiste, puis Pinocchio va partir sur l’île des plaisirs, où il va se rendre compte qu’un homme étrange transforme les enfants en âne, avant de se faire bouger par Monstro, un monstre marin géant. Bref, la marionnette va vivre une grande aventure, mais qui au final ne raconte rien. On retrouve les mêmes thèmes surannés du dessin animé, comme quoi il faut bien écouter son père, et surtout être bien sage pour éviter les ennuis.  

Il n’y a aucune inventivité dans le scénario, qui se contente de ressasser les mêmes choses, sans même y apporter un peu de sang frais. On reste figé dans un monde désuet, où tout un chacun occupe un rôle précis, et ne doit pas faire de vagues. D’ailleurs, les seuls éléments un peu novateurs concernent le pantin en lui-même, qui peut faire du feu avec ses pieds, ou encore faire bouger ses jambes très vite afin de faire un bateau à réaction. C’est peu de chose et cela le rapproche d’un robot plus que d’un pantin. On peut aussi citer une volonté de faire un film plus inclusif, avec une fée bleue jouée par une actrice noire, ce qui peut être vu comme un pas en avant, si seulement cela n’avait pas un petit goût d’opportunisme, voire même de cynisme, de la part de Disney.

Bref, Zemeckis n’a pas d’idée, et cela se voit à l’image. Et foutre une dizaine d’horloges à l’effigie des films Disney ne suffit pas à rendre cela attachant. D’autant plus que d’un point de vue visuel, c’est très laid. En fait, de version live, il n’y a pas grand-chose. Si l’on enlève les acteurs comme Tom Hanks, Luke Evans et une paire d’autres, on se retrouve avec un film d’animation. Même les animaux comme le chat Figaro sont des incrustations numériques. Ils n’ont pas été foutu de mettre un vrai chat ! Le foutage de gueule va encore plus loin avec des effets numériques moches et mal incrustés. Les séquences de poursuite sont affreuses à regarder, de même que certains monstres, à l’image de Monstro ou des fantômes de la mine de sel. Une honte pour un film qui date de 2022.

Et histoire de bien flinguer l’ensemble, le montage du film est tout simplement catastrophique. Les évènements s’enchainent avec une vitesse incohérente, proposant alors un découpage qui n’a aucun sens. On passe d’une scène à une autre avec des cuts grossiers et il manque même du liant entre certaines séquences. On a la sensation de regarder un film qui a été fait à la va-vite, et dont on se foutait pas mal. C’est presque triste à dire, mais ce Pinocchio ressemble à un projet avorté que l’on n’a pas eu le temps de finir avant de le sortir sur la plateforme de streaming. Et n’oublions pas aussi de citer les chansons insupportables, qui contribue au malaise ambiant. Rien, absolument rien, ne va pas ce film qui accumule les tares en se prenant en plus très au sérieux, avec des vannes toutes pétées et un sentiment d’inachevé.

Au final, Pinocchio, la version de Robert Zemeckis pour Disney+, est un véritable calvaire de tous les instants. Non seulement c’est moche, mais ça ne raconte surtout rien de nouveau, et on sent que le cinéaste est au bout du rouleau. Outre un montage aux fraises, on reste subjugué devant tant de maladresse de mise en scène et une absence totale de magie. A force de faire des versions live, avec toutes les restrictions que cela impose, Disney perd peu à peu ses rêves et ouvre une porte immense sur un cynisme mercantile qui commence à sentir le roussi. Vite, la version de Del Toro !

Note : 04/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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