avril 25, 2024

Un Aller pour l’Enfer

Titre Original : Belly of the Beast

De : Siu-Tung Ching

Avec Steven Seagal, Byron Mann, Tom Wu, Sarah Malukul Lane

Année : 2003

Pays : Hong-Kong, Canada, Angleterre

Genre : Action

Résumé :

Ancien agent des services secrets américains, Jack Hopper apprend avec effroi que sa fille Jessica et son amie Sara Winthorpe, la fille d’un sénateur, ont été enlevées par un groupe de terroristes islamistes en Thaïlande. Ne voulant pas négocier et contre de l’avis du gouvernement, Jack décide de se rendre seul sur place et de sauver à tout prix ces adolescentes.

Avis :

Il n’est pas rare que des célébrités occidentales, essentiellement versées dans le cinéma d’action, se lancent parfois dans des productions au cœur de l’Extrême-Orient. Étant donné l’indéfectible lien qui unit arts martiaux et Asie, il s’agit d’un genre de prédilection où l’on peut apprécier affrontements virevoltants, chorégraphies travaillées et dépaysement total. Cela s’est confirmé avec Jean-Claude Van Damme, notamment pour Double Impact et Piège à Hong Kong. Pour Steven Seagal, la relation est également vivace, ne serait-ce qu’à travers son passé ou ses séjours au Japon. En l’occurrence, Un Aller pour l’enfer ne prend pas place au pays du soleil levant, mais au pays du sourire. Autrement dit : la Thaïlande.

Au vu des dernières bévues cinématographiques de l’acteur, L’Affaire Van Haken et Ultime vengeance, le changement de cadre est bienvenu. Même si la variété n’est pas au rendez-vous, la mise en contexte demeure potable, sinon correcte. L’alternance des lieux apporte une modeste diversité pour faire s’enchaîner les confrontations en devenir. Celles-ci se déroulent tour à tour dans des espaces exigus ou relativement vastes, des secteurs urbains ou à la lisière d’un environnement naturel. Il n’y a rien de foncièrement transcendant, mais on apprécie l’effort consenti pour sortir du marasme habituel de ce genre de DTV.

En revanche, on devine aisément que le scénario est un prétexte grossier, voire un camouflet, pour justifier un règlement de comptes en bonne et due forme. L’intrigue est linéaire au possible et ne recèle aucune fulgurance, encore moins un quelconque retournement de situation. Véritables clichés ambulants, les personnages enchaînent les échanges creux et les réparties stériles pour amorcer la suite des évènements. À aucun moment, ils ne parviennent à suggérer la moindre émotion ou empathie, ne serait-ce qu’à travers la détresse des otages ou l’impuissance de façade de leurs proches. En cela, le métrage de Siu-Tung Ching, pourtant responsable de la trilogie Histoires de fantômes chinois, se montre paresseux et attendu.

Pour autant, le rythme du film rattrape un tant soit peu ce catastrophisme ambiant. Du point de vue du divertissement, Un Aller pour l’enfer contente son public par de nombreux affrontements. Là encore, les chorégraphies s’avèrent honnêtes avec des rapports de force démesurés, mais bien amenés. On remarquera une note d’excentricité propre au cinéma hongkongais, ainsi qu’une touche de surréalisme. Mention spéciale aux combats de sabre qui s’inspire de la pratique traditionnelle du krabi krabong, ainsi qu’à certaines techniques de muay boran. Quant à Steven Seagal, son style se veut plus dynamique et exubérant qu’à l’accoutumée, même si l’on distingue aisément sa doublure dans de nombreuses scènes.

On notera également la présence inattendue d’une connotation mystique, renvoyant aux croyances religieuses de la Thaïlande. Certes, il ne s’agit pas d’un aspect prépondérant, mais les incursions viennent insuffler une touche de surnaturelle, voire de magie, au sein de l’intrigue. Le résultat est déconcertant, saugrenu et confère parfois à quelques considérations « nanardesques ». On songe, entre autres, au dernier combat où Steven Seagal est réduit à l’état de poupée vaudou et la confrontation entre les moines bouddhistes et le prêtre noir. Sans doute la note de folie du cinéaste qui fait écho à ses prestigieuses et néanmoins lointaines précédentes réalisations.

Au final, Un Aller pour l’enfer n’est pas le chemin de croix attendu. Certes, on reste ancré dans une production globalement médiocre. Cela tient à ses tics de mise en scène, ses ralentis inutiles, son scénario prétexte ou ses personnages inconsistants. Toutefois, on peut apprécier l’énergie qui se dégage d’une progression sans temps mort et de combats correctement chorégraphiés. Au vu du passif du réalisateur, le contraire aurait été décevant. Il en ressort un film d’action dépaysant et dynamique, mais perclus de défauts et de scories en tout genre. Une itération à réserver essentiellement aux amateurs du genre et de Steven Seagal. Un divertissement modeste, guère marquant, mais éloigné de l’infamie cinématographique propre aux derniers films de l’acteur.

Note : 09/20

Par Dante

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