décembre 9, 2024

R-Point

Titre Original : Arpointeu

De : Su-Chang Kong

Avec Woo-Seong Kam, Byung-Ho Son, Tae-Kyung Oh, Won-Sang Park

Année : 2004

Pays : Corée du Sud

Genre : Horreur

Résumé :

Fin 1972, alors que les troupes coréennes d’apprêtent à rentrer au pays, l’Etat-major reçoit des messages radio de soldats déclarés morts quelques six mois plus tôt. Tae-in Choi est envoyé sur le terrain pour une mission de sauvetage avec un peloton d’éclaireurs. A peine arrivés sur le point d’extraction, les soldats de Choi meurent un à un, dans des conditions étrangement similaires à celles des soldats qu’ils venaient rechercher.

Avis :

On a souvent tendance à dire que le cinéma sud-coréen ne possède que des pépites. A un tel point que l’on a l’impression qu’il n’existe pas de mauvais films et qu’à chaque fois que l’on va poser les yeux sur une œuvre du pays du matin calme, on tombera sur un quasi chef-d’œuvre. Il faut dire que de nombreux réalisateurs participent à cette sensation avec Park Chan-Wook, Bong Joon-Ho ou encore Na Hong-Jin. Mais comme toute industrie, cette impression est due à un marché sélectif, et tous les films coréens ne viennent pas jusqu’à nous. Et quand certains sont un peu plus obscurs, on a droit à des sorties directement en dvd et ce n’est pas folichon. Pour preuve avec R-Point de Su-Chang Kong, un film qui mélange horreur et guerre, sujet favori du réalisateur, qui réalisera par la suite The Guard Post, qui n’est pas terrible non plus.

Car oui, sous couvert de plusieurs éloges et d’un passif plutôt encourageant, R-Point laissait entrevoir un film hybride intéressant, critiquant ouvertement la guerre en faisant passer les traumas des soldats pour des apparitions fantomatiques. Un programme alléchant se déroulant en pleine guerre du Vietnam, mais il n’en sera rien. Et bien évidemment, cela est dû à plusieurs scories qui ne sont pas liées à la mise en scène. Car la première chose qui va nous frapper, c’est la qualité globale du projet. Le film n’a pas dû coûter bien cher, et pourtant, les décors naturels, les plans du réalisateur et la recherche d’une nature sauvage font que l’on en prend plein les yeux. Chose que l’on retrouvera d’ailleurs dans le film suivant du réalisateur, même si on restera enfermé dans un bunker. Bref, c’est beau, et c’est déjà ça de pris.

Malheureusement, pour le reste, on repassera. Déjà, au niveau du script, il n’y a pas grand-chose qui va. Le point de départ montre un lieutenant au sang froid qui va perdre l’un de ses coéquipiers lors d’une coucherie, puis qui va être embauché pour une mission de sauvetage. En effet, dans un lieu appelé R-Point, il y aurait un survivant coréen qu’il faut aller secourir. Une escouade de bras cassés est mise rapidement en place, et ce sont neuf soldats qui vont partir tête baissée dans cette mission. Bien sûr, rien ne va se passer comme prévu et des apparitions vont venir mettre leur petit grain de sable. Si l’histoire aurait pu être intéressante, en revisitant notamment le stress post-traumatique d’une guerre sans aucun sens, le réalisateur ne va rien en faire, scindant son récit en deux genres bien distincts.

Le film de guerre occupe la première partie du film. Les soldats vont crapahuter dans la jungle pour rejoindre le lieu de rendez-vous, mais ils vont tomber sur des vietnamiens armés. Le temps d’une fusillade, le film touche du doigt le genre « guerre », arpentant le sujet épineux des raisons de ce conflit et le fait d’abattre sauvagement des paysans armés jusqu’aux dents. C’est simple, mais plutôt efficace. Une fois sur place, le film prend des allures de journal, avec les jours qui défilent, et les éléments fantastiques se mettent doucement en place. C’est là que le bât blesse, avec des incohérences et une redondance crasse dans les évènements. Ainsi, on aura droit à des soldats qui apparaissent et disparaissent, des suicides et de la paranoïa. Mais on ne va rien y comprendre. La faute à des personnages inconsistants et des réactions bizarres.

Pour susciter la peur et la crainte, il faut des personnages empathiques et des relations crédibles. Ici, on n’arrivera jamais à savoir qui est qui dans cette bande de soldats. Les humeurs sont transposables de l’un à l’autre, et même au niveau des noms, on ne saura jamais qui est qui, tant il n’y a aucune volonté de se poser pour présenter ces types. Dès lors, on se fiche pas mal de ce qui peut leur arriver. De plus, dans les réactions, il n’y a rien qui va. A l’instar de ce soldat qui suit une troupe pensant être la sienne, et qui se retrouve perdu alors que personne ne lui répond, on reste dans des moments incongrus, voire même pénibles. On pense aussi à cette pluie de sang qui tombe sur le visage d’un des soldats, ou encore à cette présence féminine qui va attirer le « héros ».

Outre l’écriture des personnages qui est à la ramasse, on n’aura pas peur devant ce film. Si le réalisateur veut s’éloigner volontairement des jumpscares pénibles pour peaufiner son ambiance, on restera dans l’attente qu’elle vienne nous cueillir, et ce ne sera jamais le cas. On aura bien quelques itérations à la The Thing, avec la paranoïa qui s’insinuera dans chacun des soldats pour savoir qui est possédé, mais comme on se fout un peu des personnages, on ne sera pas concerné par ce final qui se veut explosif mais qui manque cruellement de mordant. L’allégorie à la guerre du Vietnam et ses raisons stupides ne sauvera pas le film du naufrage, tout comme l’arrivée de l’armée américaine, supposée venir tous les quatre jours pour recharger les batteries, mais qui ne revient finalement pas sur les lieux. De qui se moque-t-on ?

Au final, R-Point est un film décevant qui ne mérite pas toutes les louanges qui lui sont attribuées. Si le mélange des genres aurait pu être une bonne idée (la guerre étant une horreur en soi), le scénario du film ne travaille jamais ses personnages, ni même ses aspects de peur, et on se retrouve spectateur d’une histoire qui nous perd. En dehors d’une mise en scène léchée et propre, où les décors naturels trouvent toute leur beauté, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent…

Note : 07/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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