avril 25, 2024

L’Attentat

De : Yves Boisset

Avec Jean-Louis Trintignant, Jean Seberg, Michel Piccoli, Gian Maria Volontè

Année : 1972

Pays : France, Italie, Allemagne

Genre : Drame, Thriller

Résumé :

Sadiel est un leader progressiste du Tiers-Monde à la popularité croissante. Toutefois, ce dernier est contraint de trouver refuge en Suisse quand plusieurs pays, qui voient cette notoriété d’un mauvais œil, envoient des agents secrets pour l’éliminer.

Avis :

Yves Boisset est l’un des derniers grands réalisateurs des années 60/70 qui soit encore en vie. Mais si j’en connais son nom et certains titres de ses films, je dois dire que c’est une première pour moi. Réalisateur engagé, Yves Boisset a très souvent abordé à travers ses films des sujets d’actualité. Ainsi, dans ses plus connus, il y aura « Un condé« , « R.A.S« , « Le juge Fayard dit le shériff » ou encore « Une femme flic« .

Pour ma première incursion dans le cinéma de Yves Boisset, j’ai choisi de m’arrêter sur « L’attentat » pour deux raisons. La première étant ce casting affolant, qui réunit des poids lourds du cinéma et la deuxième parce que j’en connaissais les inspirations, puisque ce film s’inspire dans ses grandes lignes de l’affaire Ben Barka, affaire que j’ai découvert au travers du film de Serge Le Péron, « J’ai vu tuer Ben Barka« .

Efficace de manière générale, intéressant dans son complot et « ses dommages collatéraux », « L’attentat » est aussi un film inégal, mettant trop de temps à démarrer et tirant parfois en longueur. Il n’en restera pas moins que je quitte ce Yves Boisset conquis par l’angle d’attaque et plus largement curieux de découvrir d’autres œuvres de ce grand réalisateur français.

Sadiel est un opposant politique d’un pays du tiers-monde qui commence à faire beaucoup trop parler de lui. L’homme, qui fut menacé, a trouvé refuge en Suisse. En France, dans les hautes instances de l’état, il serait de bon ton que Sadiel soit l’affaire du passé, et pour cela, un complot se met en place. On contacte alors François Darien, une petite frappe qui connaît Sadiel, et on lui met une pression pour que ce dernier fasse venir l’homme politique en France pour participer à une émission de télévision. Quand Sadiel sera en France, il sera enlevé dans une brasserie et plus jamais on ne le reverra. Quant à François Darien, témoin et participant involontaire de ce complot, il faut désormais le faire taire…

« L’attentat« , premier film que je découvre de Yves Boisset, est le genre de film qui se fait aussi intéressant qu’il véhicule avec lui une petite déception dans le sens où avec une intrigue et un sujet comme il tient, avec cet « … attentat« , on s’attendait à trouver un film plus prenant et qui tient plus de suspens.

S’inspirant de l’affaire Ben Barka, Yves Boisset a décidé de mettre en scène les préparatifs d’un enlèvement d’état, et de poursuivre non pas sur l’enlèvement, mais une fois que celui-ci a bel et bien eu lieu. Le réalisateur a décidé de s’attarder sur l’un des investigateurs de cet enlèvement. Un investigateur qui n’avait pas vraiment pris la grandeur et surtout l’horreur de ce à quoi il allait participer. Le point de vue qu’offre Yves Boisset est vraiment intéressant, car même si parfois il se trouve que « L’attentat » est un film bavard et qu’il a tendance à traîner un peu en longueur, ou encore qu’il se fait un peu confus dans son intrigue, tenant trop de personnages, il n’en demeure pas moins que le fond est vraiment très intéressant. La planification de cet enlèvement, le complot d’état, la politique, la prise de conscience du personnage, la paranoïa, « L’attentat » est vraiment très riche en sujets, en regards et plus largement dans ce qu’il nous raconte et surtout dans ce qu’il dénonce, car si l’homme enlevé n’a pas le même nom, tout rappelle l’affaire Ben Barka.

« L’attentat« , c’est un film qui se fait bavard à plus d’un moment ce qui amène des longueurs et ces longueurs sont aussi soutenues par une mise en scène qui a tendance à traîner, surtout en début de film. Yves Boisset met du temps à pleinement nous emporter dans son complot, et ses allers-retours entre la France et la Suisse ont tendance à se faire longs et répétitifs. Et ce qui est assez agaçant, c’est que même si l’ensemble fait traîner le film, dans les faits, dans son intrigue et dans la planification de ce complot, ces allers-retours sont utiles et nécessaires à l’intrigue. Par contre, une fois qu’Yves Boisset a bien mis tout en place et qu’il nous a pris dans son intrigue, « L’attentat » reste un film très efficace. Yves Boisset réussit à faire de son « … attentat » un bon petit film paranoïaque qui tient un joli et triste jeu du chat de la souris.

Du côté de son casting, « L’attentat » est autant un pur plaisir qu’une petite déception. Pur plaisir, car Yves Boisset a réuni de grands noms, Jean-Louis Trintignant, Jean Seberg, Michel Piccoli, Michel Bouquet, Bruno Cremer, Philippe Noiret, Roy Schreider (dans un Français parfait), Gian Maria Volonté, Jean Bouise… Franchement, c’est un pur plaisir de les voir se donner la réplique, mais même si ce casting est immense, il véhicule une petite déception, car bien des personnages auraient mérité d’être plus développés. Ils sont intéressants, les réactions et leurs regards sur ce complot sont intéressants et c’est pour cela qu’on aurait aimé plus encore.

Entre plaisir cinéphile et légère déception face à un film très intéressant mais un poil longuet, « L’attentat » demeure néanmoins un bon film. Un film osé, qui pose un regard très intriguant et captivant sur un complot, sur l’organisation d’enlèvement d’état et « ses dommages collatéraux ». Malgré de petites déceptions, je ne regrette en aucun cas de m’être arrêté sur cet « … attentat » et mieux encore, ce film donne très envie de partir à la découverte de la filmographie de Yves Boisset.

Note : 14/20

Par Cinéted

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.