avril 25, 2024

Les Harkis – Une Histoire Compliquée

De : Philippe Faucon

Avec Théo Cholbi, Mohamed El Amine Mouffok, Pierre Lottin, Yannick Choirat

Année : 2022

Pays : France, Belgique

Genre : Historique, Drame

Résumé :

Fin des années 50, début des années 60, la guerre d’Algérie se prolonge. Salah, Kaddour et d’autres jeunes Algériens sans ressources rejoignent l’armée française, en tant que harkis. Á leur tête, le lieutenant Pascal. L’issue du conflit laisse prévoir l’indépendance prochaine de l’Algérie. Le sort des harkis paraît très incertain. Pascal s’oppose à sa hiérarchie pour obtenir le rapatriement en France de tous les hommes de son unité.

Avis :

Réalisateur français né au Maroc, Philippe Faucon a toujours ou presque lié cinéma et histoire au sein de sa filmographie. Ayant vécu les dernières années de la guerre d’Algérie, ce sujet hante quelque peu sa carrière, le cinéaste l’ayant déjà abordé avec « La trahison » en 2005. Sur une autre « corde », Philippe Faucon s’intéresse beaucoup à l’intégration des populations musulmanes sur le territoire français, ou encore la perception de l’islam en France, comme le prouve des films tels que « La désintégration« , « Samia » ou encore « Fatima« , film pour lequel il a eu le César du meilleur film en 2016.

La guerre d’Algérie a donné naissance à pas mal de films, mais au sein de tous ces films, il est assez rare que des cinéastes se soient aventurés sur des métrages qui parleraient des Harkis, ces Algériens qui se sont engagés auprès de la France pendant la guerre et qui ont été laissés sur le bas-côté, une fois que la France est partie d’Algérie.

Alors que les faits remontent maintenant à une soixantaine d’années, le sujet est toujours d’actualité et toujours aussi brûlant, et ces Harkis vont être le sujet du nouveau métrage de Philippe Faucon. Avec « Les Harkis« , Philippe Faucon va retranscrire de manière très précise les deux/trois dernières années de cette guerre, au travers de plusieurs tableaux datés. Si l’ensemble demeure très classique, pour ne pas dire académique, « Les Harkis » demeure un film intéressant, et se pose comme un devoir de mémoire envers ces hommes qui se sont retrouvés trahis.

Algérie, 1959, Salah, un jeune Algérien, s’engage aux côtés de la France, devenant un Harki. Pendant deux ans, avec son unité, il va se battre contre ses frères algériens du FNL. Après deux ans de combat, la guerre a tout l’air de prendre fin, et bientôt des rumeurs commencent à courir, en ce qui concerne le sort des Harkis, qui pourrait bien être laissés sur place, les laissant seuls et désarmés face à ceux qu’ils ont combattu.

Dix-sept ans après avoir abordé la guerre d’Algérie avec « La trahison« , Philippe Faucon décide donc de se relancer dans le sujet, et cette fois-ci d’explorer plus en profondeur le sort de ces soldats qu’on a appelé les Harkis. De ce sujet aussi brûlant qu’il est intéressant, le réalisateur français va livrer une peinture de la guerre, et la sortie de guerre, minutieuse, avec en premier ordre, le doute qui s’installe quant à l’idée d’une possible trahison de la France envers ses soldats. Pour ce faire, Philippe Faucon, dans sa mise en scène, prend l’idée de plusieurs dates, ce qui donne au scénario un repère dans le temps, une tension dans ce dernier, car on connaît l’issue fatale qui pointe le bout de son nez.

« Les Harkis » sera précis, le réalisateur décrivant bien le processus d’intégration de ces jeunes Algériens dans l’armée française. Il décrit tout aussi bien les espoirs et les arguments que l’armée française véhicule pour que ces jeunes rejoignent ses rangs. Au travers de ce film et cette histoire, le réalisateur propose des portraits de personnages qui là encore sont intéressants, car ils sont très nuancés, partagés entre vérités, mensonges, espoirs, désillusions, fatalisme, acceptation ou non. D’ailleurs, c’est la partie la plus intéressante du film, car ce dernier donne de la matière une fois le cessez-le-feu prononcé. Après, du côté de l’écriture, et surtout de l’axe que prend le metteur en scène, « Les Harkis » est un film engagé, politique et orienté, et pour avoir une « sorte » de mesure, il faudra entre guillemets attendre la fin et un carton pour avoir une balance.

Pour raconter ces destins, et ces personnages, Philippe Faucon s’est très bien entouré, avec des comédiens qu’on connaît, comme Pierre Lottin, Yannick Choirat, Théo Cholbi, et des comédiens qu’on prend plaisir à découvrir, comme Mohamed El Amine Mouffok ou Mehdi Mellouk, qui campent tout deux des Harkis.

Si le film tient un scénario intéressant, riche et précis, du côté de la mise en scène de Philippe Faucon, on ressort plus mitigé si l’on peut dire. Certes, la reconstitution est excellente, certes l’ensemble fonctionne bien et l’on se laisse entraîner sans mal, mais derrière ça, il faut dire toutefois que le film demeure assez convenu et assez plat. L’idée de couper son film à plus d’une reprise avec des cartons qui indiquent les dates, casse souvent le rythme. Il est vrai que cela permet un repère dans le temps et ça impose, comme je le disais, une sorte de tension face à la fin de guerre qui approche et que l’on connaît la suite, mais ce qui est l’une des forces du film est aussi sa faiblesse, car bien souvent, dans le rythme du film, ces cartons sont mal employés. Après, ça n’empêchera pas le film d’être intéressant, et comme je le disais, on se laisse entraîner sans mal.

« Les Harkis« , même s’il est très classique et ne prend pas trop de risque, hormis son sujet lui-même, demeure un bon film, qui est intéressant. Philippe Faucon interroge les décisions de la France et rend hommage à ces hommes et plus largement à ces familles que l’armée française a convaincu de rejoindre ses rangs, et une fois la guerre finie, elle les a laissés sur place, abandonnés à leur sort, et ne serait-ce que pour ça, le film de Philippe Faucon mérite bien qu’on s’y arrête.

Note : 13/20

Par Cinéted

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